en marchant, en lisant les poésies de Jeanine Baude, je découvre que la poésie, c’est le silence. Le silence des îles n’est pas ce que l’on croit, c’est-à-dire une simple absence de bruit. Le silence est ce qui reste quand on a effacé les mots inutiles et qu’en soi-même, il n’y a plus rappel d’informations parasites. Je touche du doigt que l’information est le juste contraire de la poésie. L’information se mesure en bits et en octets. Pas la poésie. L’information véhicule des données superficielles qui engloutissent l’essentiel. Pas la poésie. La poésie dit juste ce qui ressort de notre face à face avec le réel. Elle seule, parmi les manifestations langagières de l’humain, soutient la confrontation avec le ciel, les océans, le bruit des vagues.
Île
île de face et de profil
à végétation rase
matelas d’herbe
à mouton de roche
grands amas
sous la brume
qui lentement passe
avec les goëlands
île
île de fantômes
et de cris d’oiseaux
de voix qui se répercutent
d’un rocher à un autre
de vent qui siffle
un son de flûte
monstres
carcasses alignées
des bâteaux naufragés
austère amer
vaisseau de nulle part
coques de noix broyées
flancs d’églises
grisaillées
*

Niou Huella
troupeau ô troupeau
des maisons basses
fenêtres carrées
ornées de fil des anges
cours d’herbage
et de brebis
chambres à coucher
en coffres enluminés
et joyaux de cristal
amassés près des poutres
soleil
éclat de phare sur les vitres
statuettes de vierge
portant chance à qui
les écoute
carreaux de nuages
et fruits sauvages
roses de Chine
ronces d’orage
sous l’aubépine
*
estompée la lumière
le froid deviendra clair
*
neige et vent
un après-midi
d’espoir
*
brisants
de loin silencieux
cris des baleines
qui ne viendront pas
jusqu’ici
***
blessure des rochers
sous la marée qui saigne
envolées de mouettes
sous le regard lointain
de qui erre
et reste hagard

pointe Cadoran
*
aujourd’hui, le feu nous a tout pris. La masse sombre qui se détachait dans la brume du matin, l’éclat d’une cathédrale, la souffrance de Quasimodo et la beauté d’Esmeralda. Paris, 15 avril 2019
Notre-Dame de Paris est sur une île. L’information nous en conte pourtant la survivance.
Les deux tours veillent encore et la Seine n’est pas à marée haute.
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merci Dominique. encore heureux qu’elles continuent à veiller, ces deux tours. Quel ouf de soulagement quand on a cru un instant qu’elles allaient s’effondrer.
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@ alainlecomte : une sorte de miracle avec l’aide des pompiers… 🙂
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Très beaux textes et tableaux, merci beaucoup !
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Merci Marie-Christine, vous écrivez aussi de très beaux poèmes.
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