Communisme…
Le mot fait bondir. Presque plus personne ne le revendique. En tout cas pas les « Gilets Jaunes ». Il existe bien encore un « parti communiste » en France, mais qui représente si peu de gens, qui est si petit. Et qui, de toutes façons, évite soigneusement de mettre le mot trop en avant, comme s’il était tabou, comme s’il était devenu un repoussoir, un épouvantail qui ferait fuir le chaland. Il faut dire qu’ils y sont allés fort entre 1917 et 1991 avec leurs régimes autoritaires, caserniers, répressifs, meurtriers. Régimes de goulags et de terreur. C’était donc ça que voulait Karl Marx dans son manifeste ? Si c’est ça, alors oui, oublions. Si communisme veut dire Staline et les millions de paysans exterminés, les millions de citoyens déportés aux confins de la Sibérie, alors oui, il vaut mieux abandonner l’idée.
Et pourtant, il reste quelques audacieux, quelques téméraires, ne devrait-on pas dire quelques fous ? Ces fous peuvent s’appeler Badiou, Zizek, mais aussi Mark Alizart, dont il a déjà été question sur ce blog, à l’époque où il avait publié « informatique céleste », un livre qui, pour faire bref, montrait que la réalisation de la philosophie de Hegel se faisait dans l’informatique et grâce à elle. Alizart continue sur cette lancée. Cette fois c’est l’idée communiste qui pourrait se réaliser grâce à l’informatique. L’idée n’est pas neuve. Dès les années soixante, de doux rêveurs se sont pris à penser que l’informatique allait permettre d’administrer les choses de manière automatique au meilleur des intérêts du peuple. Alizart fait référence à Norbert Wiener, grand futurologue des années cinquante, prophète de la cybernétique, « rêvant d’un « gouvernement unifié de la Terre » reposant sur des algorithmes agissant de manière neutre, automatique et décentralisée » et il va jusqu’à dire – ce que je découvre et souhaiterais vérifier – que ce projet « verra le jour à l’initiative d’un homme politique communiste, Salvador Allende, dans les années soixante-dix. Conçu par un chercheur en cybernétique, lui-même assez excentrique, Stafford Beer, le projet CyberSyn, pour Cybernetic Synchronization consistera à collecter des données dans les usines et à les transmettre par télex à un centre de commandement où un ordinateur sera chargé d’assurer la stabilité systématique de l’économie de manière automatique et décentralisée ». Je reste d’autant plus perplexe que je sais que Salvador Allende n’était pas à proprement parler « un homme politique communiste » (!).

Norbert Wiener
Faisons crédit à Mark Alizart des bonds énormes effectués par l’informatique depuis les années soixante-dix, qui peuvent expliquer que si le projet pharaonique de gérer l’économie de manière décentralisée n’a guère pu se réaliser jusqu’ici, il aurait des chances de s’accomplir dans le futur grâce notamment au Big Data et… aux blockchains.
Nous y voilà : là est le propos principal de l’auteur, nous montrer que le surgissement soudain de cette technique révolutionnaire, autorisant l’apparition du Bitcoin, est potentiellement riche d’un système économique entièrement nouveau qui se passerait des banques et court-circuiterait les oligarchies. Si seulement c’était vrai… En pleine crise des Gilets Jaunes, Mark Alizart a d’ailleurs publié sur le site A.O.C. un article intitulé « Gilets Jaunes et Bitcoin, mêmes combats ? » où il dit : « même défiance envers les élites, même critique de l’opacité de la démocratie représentative, même projet d’auto-organisation citoyenne décentralisée ». Je veux bien le croire. Ou essayer de le croire. Mais il faut bien reconnaître aussi que les risques sont tangibles de voir basculer cette nouvelle technologie vers toute autre chose : un enième avatar de la façon dont une frange de la population peut profiter de ses avantages tant pécuniers que liés au savoir… car qui comprend vraiment aujourd’hui la manière dont ça fonctionne, le bitcoin ?
Il y a à sa base, bien sûr, une idée formidable qui tient à un renversement : alors que jusqu’ici la communication numérique semble irrémédiablement liée à un pouvoir de contrôle sur la population, à une possibilité de divulguer, via Big Data, les informations personnelles de tout un chacun afin d’en faire un honteux commerce qui bénéficie aux grandes entreprises comme les GAFA, la technologie sur laquelle se base Bitcoin ouvre la voie du secret total des transmissions, de la non-reproductibilité de l’information, bref à l’autonomie de chacun par rapport à tous. Alors allons-y.
Sauf que… oui sauf que ce type de technologie est hyper-consommatrice d’énergie bien entendu… On parle pour faire fonctionner le Bitcoin d’une quantité d’énergie équivalente à celle consommée par un petit pays développé entier… Alors ?
Alors, il faut réfléchir évidemment… car rien n’est simple. Les calculs que l’on fait en ce moment dans les laboratoires pour mesurer l’ampleur des risques que l’on encourt du fait du réchauffement climatique, ou bien de l’activité sismique (inévitable) ou bien encore des astéroïdes qui se déplacent autour de notre Terre sont eux aussi très consommateurs d’énergie. A un responsable de la recherche à qui on demandait s’il valait bien la peine, dans ces circonstances, de continuer de tels calculs, celui-ci répondit : « cela dépend de la taille de l’astéroïde ! ». Car en effet, il est des cas où il vaut encore mieux se mettre en péril par tarrissement de l’énergie que par laisser faire… C’est le raisonnement que l’on peut avoir avec les technologies de type Bitcoin. La vraie question, dit Mark Alizart, « est donc de savoir s’il possède la vitesse de libération qui permet de poursuivre l’oeuvre de la nature en allant plus vite que son effondrement ».
On peut se demander à ce stade pourquoi on aurait si besoin de Bitcoin.
C’est qu’il devient de plus en plus difficile de contester les ravages du système actuel1. Parmi les risques qui nous guettent, figure au premier rang celui d’une crise financière. Les cycles sont devenus presque non maîtrisables. Les ultra-riches se prémunissent des conséquences des catastrophes à venir en essayant de devenir… encore plus riches, ce qui ne fait évidemment qu’accentuer les déséquilibres et nous précipiter un peu plus vers la crise, dont ils espèrent réchapper. Ils espèrent même réchapper à la crise climatique générant des chaleurs excessives qui pourraient rendre la Terre invivable. Ce n’est pas Mark Alizart mais c’est ici Bruno Latour (Où atterrir?) qui attire notre attention sur le fait que les multi-milliardaires peuvent planifier des départs… sur Mars. On n’a jamais vu, depuis quelques temps, autant de documentaires scientifiques sur l’exploration spatiale tendant à nous persuader qu’il sera possible un jour d’envoyer des humains vers une exo-planète (même s’ils n’arrivent qu’après plusieurs générations de vie à l’intérieur d’un vaisseau spatial!). Pour Latour, un signe tangible de cet état d’esprit est déjà le retrait des Etats-Unis des accords de la COP 21. On se fiche du climat, autant profiter des derniers instants pour thésauriser et prévoir des échappatoires réservées à ces happy fews.
Ainsi, ce n’est pas tant le communisme que pourrait instaurer l’usage du Bitcoin que… simplement la poursuite de l’humanité (mais me diront mes vieux amis marxistes, c’est la même chose… l’Humanité n’est-il pas le journal du Parti Communiste?).
Reste à savoir comment et pourquoi. Ici, les choses se compliquent un peu. Il serait trop long d’exposer ici sur quels principes fonctionne cette technologie (il est de très bons livres sur le sujet). Disons simplement que par utilisation d’un Internet crypté (genre Darknet… aïe, les soupçons de brigandage déjà!), il est possible à n’importe qui d’accéder à des blocs anonymes sur lesquels s’enregistrent toutes les transactions depuis l’origine de la « chaîne » (on parle un peu du blockchain comme on parle d’une « chaîne du bonheur » sauf qu’elle est vraiment universelle et qu’elle possède des garde-fous pour éviter les effets néfastes de ce type de chaînes). Les communications se font selon des protocoles hautement sécurisés. Par exemple, il est impossible d’inscrire deux transactions en même temps (qui risqueraient de se contredire) parce que l’inscription de chacune suppose la résolution par la machine d’un problème dont on sait précisément le temps qu’il faut pour qu’elle le résolve : prise par la recherche de la solution, la machine « n’aura pas le temps » de faire deux tâches en même temps ! Comme l’écrit Alizart (p. 76) :
Jusqu’à Satoshi [l’inventeur], l’information traitée par le ordinateurs était sans prix, puisqu’elle était copiable à l’infini. Avec Bitcoin, le concept d’information non duplicable apparaît, si bien qu’un bitcoin peut avoir de la valeur. […] Le coin est le bloc lui-même, ou plus exactement l’espace d’écriture qu’il contient […] Si un coin a une valeur, c’est au même titre qu’un terrain peut en avoir : posséder un lotissement sur Bitcoin, qui n’en comptera que 21 millions par décision de Satoshi, c’est comme posséder une place dans un parking qui compte 21 millions de places. Sa valeur est d’autant plus grande qu’il y a d’habitants qui veulent se garer. Si ce n’est qu’ici, les voitures qui se garent sont le message que les gens peuvent avoir envie de stocker, à leur tour, sur leur allotissement.
Evidemment, rien à voir avec les monnaies classiques dont la valeur est indexée sur un étalon : or (autrefois) ou dollar (aujourd’hui) avec les inconvénients monstrueux que cela comporte (en gros, les Etats-Unis peuvent faire ce qu’ils veulent… et le système ne peut être changé qu’en prenant d’assaut la Maison Blanche… ce qui n’est pas près d’arriver!) :
Les bitcoins ne peuvent être échangés contre rien de tangible, sinon la quantité d’électricité qu’il a fallu consommer pour les fabriquer. La valeur d’un bitcoin tient donc tout entière dans le fait qu’il peut en avoir une, au sens où une fois qu’un bitcoin porte une inscription, elle est ineffaçable et infalsifiable. Le bitcoin est un pur « ceci » […] Sa valeur réside dans la forme que le protocole lui donne. Si un mineur [possesseur de bitcoins] Z dit qu’écrire dans son bloc coûte 1 euro et que quelqu’un est d’accord pour donner 1 euro au mineur Z en échange du droit à être cette personne qui peut écrire un secret dessus, alors ce bitcoin vaut vraiment 1 euro. Cette personne Y n’achète rien de tangible, si ce n’est la possibilité d’avoir ce bit d’espace sur la blockchain et d’en faire ce qu’il veut.
Fascinant : la propriété d’être un pur « ceci ». Un pur locus… (locus solum disaient Raymond Roussel et… Jean-Yves Girard, il ne sera rien d’autre que le lieu – nous avons, quelques amis et moi, travaillé sur l’usage des loci en logique, je m’étonne que mes amis, plus jeunes que moi, n’exploitent pas plus loin leurs idées, note entre parenthèses… s’ils viennent à lire ceci).
S’il y a quelque chose de critiquable là-dedans, je l’ai déjà formulé plus haut. Qui a confiance ? Comment la confiance peut-elle venir si on ne comprend pas exactement comment ça fonctionne ?
Mais s’il y a quelque chose d’admirable, c’est la façon dont cette réflexion relance la théorie économique et la pensée marxiste. Alizart sait fort bien mettre en évidence des aspects de la pensée du grand Karl que le marxisme officiel a soigneusement masqués. Marx avait une grande culture scientifique, comme Freud d’ailleurs, et les deux se référaient à la thermodynamique et à ses grandes lois (principe de conservation de l’énergie, mais aussi principe de dissipation). Il pensait donc l’économie sur le modèle d’une machine thermodynamique (c’est-à-dire d’un système « loin de l’équilibre », pour l’opposer aux systèmes classiques régis par l’équilibre comme on croyait alors que l’était par exemple le mouvement des astres). L’énergie, c’était le travail. Encore un effort et on allait découvrir, avec Shannon, l’information (mais Maxwell déjà avec son démon avait émis une hypothèse sur le rôle de l’information dans un système). A quoi l’information correspondait-elle si ce n’est à la monnaie qui, comme le constate Marx (en tout cas c’est ce que dit Alizart) est plus qu’une marchandise puisqu’elle est aussi un signe. Elle signifie la valeur d’une marchandise, donc apporte une information sur celle-ci. Il n’y avait donc pas beaucoup à ajouter pour passer d’une théorie énergétique à une théorie informationnelle. Ce n’est pas tout à fait ce qu’a fait Marx pourtant. Mais l’auteur de « cryptocommunisme » le crédite d’un parallèle troublant entre sa fameuse théorie de la plus-value et le principe d’entropie dont on sait qu’il est central en thermodynamique et qu’il a sa traduction en termes d’information. Oui, l’entropie d’un système est croissante, ce qui signifie que son inverse, la néguentropie est décroissante, or la néguentropie c’est l’information. Lorsque Marx constate qu’un vice fondamental du capitalisme est la baisse tendancielle du taux de profit, il ne ferait donc qu’importer ce second principe dans le monde de l’économie. On sait ce qu’il en tire comme idée : la chute programmée du capitalisme… laquelle n’est toujours pas arrivée… c’est qu’il doit y avoir un défaut quelque part. Alizart lui reproche de ne pas connaître assez les subtilités de l’information qui est susceptible de revêtir de multiples formes. Or pourtant il semble que Marx ait eu l’intuition qu’il fallait avoir. Mais ce n’est pas dans le Capital, c’est dans les Grundrisse, un texte qui depuis longtemps sent le soufre (ce n’est qu’en mai 68 que certains théoriciens du marxisme ont mis le nez dedans, je me souviens des livres des éditions de Minuit, collection Argument ou de l’article de Jorge Semprun dans l’Homme et la Société). Marx y découvre qu’il y a une sur-valeur par rapport à la valeur économique usuelle destinée par nature à dépérir, c’est la quantité d’intelligence accumulée dans la société, le savoir, la connaissance, autrement dit, bien avant qu’on ne parle en ces termes : le capital cognitif, lequel s’accroît. Si l’énergie se dissipe, l’information, elle, demeure et se partage entre ceux qui la reçoivent et c’est elle en fin de compte qui évite que le système ne s’effondre. Reste évidemment aux humains à récolter cette information et faire en sorte qu’elle privilégie l’humanité par rapport au profit, que l’humain puisse agir en somme à l’instar du démon de Maxwell qu’on suppose tellement informé qu’il est capable, là où il est situé, de répartir les particules qui s’échappent du moteur de manière à refroidir ou au contraire à réchauffer le gaz qui s’y trouve…
J’ajouterai : peut-être faut-il aussi, pour que cela ait lieu, que l’information subisse une ultime transformation, vers, cette fois, l’esthétique, le sentiment de la beauté, ce qui représente une valeur encore supérieure, pour reprendre le terme de Marx, un ineffable, un « résidu divin » pour reprendre une expression lue à l’occasion de l’incendie de Notre-Dame. Il y a encore beaucoup à penser dans ce registre. Il reste que sans arrêt, l’humain produit du symbole, de la beauté, en ajout et complément de la simple « information » et que là – et là seul à mon sens – réside le peu d’espoir que nous pouvons encore avoir dans cette poursuite de l’humanité que nous pouvons appeler à loisir et si cela nous chante : communisme. Mark Alizart semble anticiper ma remarque au chapitre 5 : contre la communication, notant que jusqu’à présent, nous n’avons utilisé l’informatique que pour communiquer, autrement dit, nous traitons l’information comme une marchandise alors qu’elle est bien plus car elle contient potentiellement l’acte de créer. Or, comme le disait Deleuze, « Créer a toujours été autre chose que communiquer. L’important ce sera peut-être de créer des vacuoles de non-communication, des interrupteurs, pour échapper au contrôle ». Et d’évoquer alors une information « valeur » en elle-même qui pourrait avoir la faculté d’être à elle-même sa propre forme-argent, qui pourrait s’échanger sans en passer par la conversion monétaire. On l’a compris, pour Alizart, c’est le bitcoin, auquel il attribue à un autre endroit du texte, la vertu d’être une « monnaie vivante »…
Oui, tout, plutôt que laisser accaparer la beauté par les magnats de la finance, leur laisser nourrir l’illusion qu’ils pourront s’en sortir sans nous et faire revivre dans un autre monde une civilisation à leur propre goût dont nous, les 99 % restants seraient exclus…
Pas d’accord avec ton amalgame entre le PCF et Staline, etc., l’argument traditionnel de la droite.
Qui parle de supprimer (entre autres « réformes ») l’ENA, créée à la Libération avec la contribution des communistes ?
Par contre, qui tient un discours anti-capitaliste clair et net actuellement, au nom de ce parti – qui a montré quand et comment il pouvait s’engager quand le sort du pays était en cause, que ce soit au moment de la guerre d’Algérie ou des luttes sociales en France – sinon un Yann Brossat (député PCF et adjoint pour le logement à la Mairie de Paris) et d’autres ?
Quant au Bitcoin, on a vu le désastre (son écroulement récent en Bourse), alors cette « conquête » informatique, on s’en passe allègrement.
Marx n’est pas responsable des dérives léninistes puis staliniennes qui n’ont rien à voir avec son « idée communiste » (qui reste une hypothèse heureuse), de même que Newton n’est pas à l’origine du réchauffement climatique par ce qu’on pourrait inférer de sa théorie que les glaciers tombent en fondant dans les océans.
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Ce billet ne se veut pas « anti-communiste » bien au contraire si tu le lis bien. Bien sûr Marx n’est pas responsable des dérives, ni de la forme qu’ont prise les régimes communistes des pays de l’Est ou d’ailleurs (Cuba, Corée, Vietnam, Chine…). Mais comme Newton et comme tout scientifique du passé, sa pensée a besoin d’être poursuivie. Ce que dit Mark Alizart (c’est son point de vue, pour ce qui me concerne je ne suis peut-être pas assez compétent pour en juger) c’est que Marx était sur la voie d’une conception de l’économie beaucoup plus théorique que celle qu’il a forgée dans « le Capital » et que les communistes du XXème siècle ont rabattue sur quelques idées simples (plus-value, lutte de classes etc.). En particulier, beaucoup de théoriciens de l’économie ont reproché à Marx d’avoir de la monnaie une conception trop pauvre. Pourtant, il semble qu’il ait de bonnes idées là-dessus, mais qui sont passées inaperçues. Semblablement on n’a gardé de Freud que quelques idées simples (qui firent fortune comme on sait aux Etats-Unis). L’intérêt de la lecture d’oeuvres comme celles de Badiou ou d’Alizart est de nous pousser à comprendre un peu plus loin. Badiou, comme Alizart, suggère que si le sort de l’idée communiste a été ce qu’il est aujourd’hui, c’est parce que la théorie n’était pas allée assez loin. Je suis d’accord avec toi pour dire que l’hypothèse communiste n’est pas morte, mais pour qu’elle continue, il faut proposer des voies de réalisations totalement nouvelles, qui n’ont rien à voir avec le communisme de papa ou de grand papa. L’organisation hiérarchique, le comité central, le centralisme démocratique, tout ça c’est fini, les masses populaires n’en veulent plus et si l’idée communiste a si peu de soutien aujourd’hui c’est évidemment parce que les gens en général n’y voient que cette forme ancienne (qui, il faut bien le dire, ne fait guère envie, en effet!). Alors dans toutes ces idées qui fourmillent, il y a celle du Bitcoin, en tout cas seule réalisation aujourd’hui qui permet de penser qu’un jour on puisse se passer des banques. Evidemment, les banques sauront réagir à la menace et les ennuis de cette monnaie cryptée dont tu parles viennent des attaques virulentes qui viennent de ce secteur.
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@ alainlecomte : loin de moi l’idée de taxer ton billet d’anti-communiste, vu le nombre de ceux que tu as consacrés à la réflexion d’Alain Badiou, hélas bien isolé dans son minuscule réduit philosophique !
L’idée « communiste » est une perspective – chaque gouvernement devrait annoncer et s’efforcer d’appliquer une « idée » principale, et le « progressisme » soudain sorti de sa poche par Macron contre le « Rassemblement national » semble le dernier gadget électoral à utiliser avant le 26 mai prochain – et sans elle comment les citoyens peuvent-ils s’orienter ?
Le « ni de gauche, ni de droite » prédominant dans la doxa du moment ne sert qu’à favoriser le recours ou le retour vers des extrémismes que l’on connaît.
Dommage qu’il n’y ait qu’un seul philosophe (le mal-nommé Bellamy au RN) dans un des partis en lice pour les élections européennes (Loiseau est en cage).
En réalité, Démosthène nous manque, il n’avait pas besoin, lui, d’un « Grand débat » en manches de chemise pour faire passer les cailloux perçants de sa pensée. 🙂
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Debbie n’aime pas le communisme, et n’a pas de problème à se dire anti-communiste. Pas du tout, même. Le grand problème de Marx est qu’il fut un prophète sans religion. Et « on » ne s’y est pas trompé, d’ailleurs, sur ce point.
Je n’ai pas plus de problème à reconnaître… mon extrémisme, à mettre en parallèle avec l’extrémisme de mes contemporains qui se croient… si raisonnables, pour la plupart.
(Se souvenir que je sais de manière anecdotique qu’il y a un paragraphe dans la vision mystique de Dante qui fait référence à un coin qu’on ne peut pas bien localiser (je me demande pourquoi), plutôt.. A MI CHEMIN, et DANS LA VESTIBULE où les esprits désincarnés se choquent les dents en se lamentant, et Dante apprend par Virgile qu’ils sont les plus à plaindre, car le Ciel n’a pas voulu d’eux, estimant qu’ils terniraient les éclats du Paradis, alors que l’Enfer n’en veut pas plus, estimant que les damnés auraient quelque consolation à les côtoyer. On pourrait dire que le « lieu » où ils se trouvent est de la couleur, et la configuration d’une zone industrielle, gris uniforme, et terne.OUI. Nous ne voulons pas nous trouver dans ce « lieu » là.)
Je viens d’écrire ailleurs qu’Adolph nous a déjà donné un goût prémonitoire de l’Horreur Moderne, et nous avons refusé de prendre la fuite, ayant, pour bon nombre d’entre nous, la.. conviction secrète (et fat) que nous savions si bien qui était l’Ennemi, et que, bien entendu, nous ne pouvions pas être…rangés du côté des coupables.
Juste quelques questions plutôt innocentes : pourquoi notre came (informatique) s’érige-t-elle sur un manichéisme affiché ?
Pourquoi notre came ne parvient-elle pas à faire.. des multiplications, mais seulement des additions ?
Pourquoi est-ce que cela ne nous interroge t-il pas sur l’influence que notre came peut avoir sur nos facultés de penser ? Sur la nature de notre conscience, et notre appréhension de notre monde ? Sur ce que nous POUVONS penser ?
Mais je constate que le fait d’avoir décrété de manière péremptoire que Dieu était mort ne nous empêche pas de nous comporter encore comme s’Il était de notre côté.
Cela me laisse assez perplexe.
Pour finir, William :
« Since brass, nor stone, nor earth, nor boundless sea
But sad mortality o’ersways their power
How with this rage can beauty hold a plea
Whose action is no stronger than a flower ? »
Puisque ni étain, ni pierre, ni terre, ni océan illimité
Sans que la triste mortalité fasse succomber leur pouvoir,
Comment, contre cette rage, la beauté peut-elle plaider,
Celle dont l’action n’est pas plus forte qu’une fleur ? »
Amen.
On dirait… que l’Homme moderne veut devenir… une pierre objective…
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