La noce et le dictateur

bandeaulogo2012-2013Que la noce commence… d’après le film de Horatiu Malaele (« Au diable Staline, vive les mariés ! ») mis en scène par Didier Bezace au Théatre de la Colline, présenté à la MC2 en ce moment. Il s’agit d’un conte moderne, enfin moderne… de cette période juste avant la notre, qui nous semble maintenant bien lointaine, de quand le Mur séparait l’Europe en deux. Un pays, la Roumanie, était occupé par l’armée soviétique, c’était dans les années cinquante. Aujourd’hui, le pays existe toujours, mais les usines cèdent la place à des villages de vacances. Un maire accueille sur un banc près de ruines une équipe télé, représentant « Paramédia », une chaîne consacrée aux phénomènes paranormaux. Y a –t-il eu des phénomènes paranormaux en ce village ? Oh que oui… dans un sens très particulier de « paranormal »… et on remonte le temps. Celui d’un village heureux malgré la disette, qui attend vainement que le communisme lui amène l’électricité. Nous sommes en 1953. Jancu ne pense qu’à baiser Mara dans les champs de blé (et réciproquement). Leurs parents ne pensent qu’à s’en sortir pas trop mal. Le père de Jancu avec ses excédents de blé à vendre en ville, au nez et à la barbe des occupants. Le père de Mara, énorme et truculent ne pense qu’à l’alcool de prune et au cochon à tuer. Coriolan ne rêve que de s’envoler avec des ailes en peau de bête. Les grands parents sont dans le coin en bas à droite, comment vont-ils ? « comme des vieux, la jambe plus raide que la queue ! ». Au premier plan, deux musiciens brillants, un trompettiste et un accordéoniste, font danser tout cela avec les rythmes endiablés qui sont propres à l’Europe des Balkans. Bref, un mélange de rêve et de réalité dans une mise en scène très belle, à la fois réaliste et légère. Le paysage agricole est projeté sur un drap et le petit chemin au loin est parcouru par des lueurs, en général annonciatrices d’un nouvel évènement scénique : une camarade à moto qui vient pour la propagande, un cirque (très beau moment de poésie entre le nain et la géante) ou bien… le drame. Arrive un officier russe accompagné d’un interprète roumain. A l’heure où enfin Jancu et Mara ont cédé aux pressions des parents pour accepter le mariage, et que la noce se prépare, on annonce la mort de Staline. Chants et danses interdits. On verra alors un lent et magnifique ballet de comédiens faisant semblant de manger et boire dans le silence absolu. Les gros mangeurs devront même péter en silence… et leurs pets jailliront de derrière le rideau sous forme de bulles arc-en-ciel. Mais le naturel revient, les chants éclatent, et avec eux, noir tremblement, les chars russes qui viennent leur mettre un terme. Le maire sera envoyé en Sibérie. Les hommes disparaîtront… et à l’époque contemporaine, ne restera que le fantôme de Mara, que les reporters auront raté, car ils sont déjà partis. La caméra avait été volée. Le magnétophone en panne. Beau spectacle, qui mériterait sûrement d’être comparé au film (que je n’ai pas vu).

<avec> <D’après le film de> Horatiu Malaele <Scénario> Horatiu Malaele et Adrian Lustig <Adaptation et mise en scène> Didier Bezace <Comédiens> Alexandre Aubry > Jean-Claude Bolle-Reddat > Julien Bouanich > Nicolas Cambon > Arno Chevrier > Sylvie Debrun > Daniel Delabesse > Guillaume Fafiotte > Thierry Gibault > Marcel Goguey > Gabriel Levasseur > Corinne Martin > Paul Minthe > Julien Oliveri > Karen Rencurel > Alix Riemer > Lisa Schuster > Agnès Sourdillon <Écriture> Jean-Louis Benoit <Collaboration artistique> Laurent Caillon <Assistante à la mise en scène> Dyssia Loubatière <Scénographie> Jean Haas <Lumière> Dominique Fortin <Costumes> Cidalia Da Costa <Coiffures et maquillages> Cécile Kretschmar <Construction décor> Ateliers Jipanco

<production> Théâtre de la Commune / centre dramatique national d’Aubervilliers <En partenariat avec> Les Gémeaux / scène nationale de Sceaux

<coproduction> Le Nouveau Théâtre d’Angers / centre dramatique national des Pays de la Loire > Les Salins / scène nationale de Martigues

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Un commentaire pour La noce et le dictateur

  1. Staline et le paranormal : il y a forcément une connexion.

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