Langage, ludique et temps nouveaux

Que cherchons-nous qui ne soit déjà connu ? A mieux comprendre le rôle du langage dans la vie de l’espèce (de l’espèce humaine, bien entendu).
Il y a deux moments dans notre appréhension du langage : l’une y voit essentiellement un medium transparent, servant à communiquer et à représenter le monde le mieux possible, l’autre y voit essentiellement sa dimension expressive. Le langage ne se définit pas comme un outil de communication, au sens où le sont les moyens dont usent les animaux pour s’informer réciproquement des ressources et des dangers présents dans leur environnement. Mais plutôt comme manière de construire quelque chose qui fait défaut, la rationalité. C’est ainsi que le voient surtout des philosophes contemporains comme Jürgen Habermas et Robert Brandom.

 

 

 

 

 

 

Vaste programme, comme disait un célèbre personnage… Ainsi, c’est dans nos expressions, dans nos locutions et nos mots échangés que viendrait se loger ce que nous entendons par la raison, et non pas dans une quelconque transcendance métaphysique. Ce que Brandom et Habermas ont en commun, c’est le thème de l’agir : quand nous échangeons par la parole, nous agissons. Nous changeons l’état des engagements et des admissions autour de nous. Quand nous assertons quelque chose, nous entrons dans un jeu, que Brandom (à la suite d’un autre philosophe, Sellars) qualifie de jeu de l’offre et de la demande de raisons. Les « fiabilistes » (ceux qui se contentent de définir une connaissance comme une croyance vraie justifiée) pensent que les concepts que nous utilisons trouvent leur origine dans le règne animal, dans les indicateurs de toutes sortes qui sont utilisés (pensons aux fonctionnements de type « thermostat » dont sont munies de nombreuses espèces). Mais quand un perroquet dressé dit « c’est rouge » face à toute chose qui est rouge, il ne possède pas le concept de « rouge » pour autant car il n’est nullement engagé par ce qu’il dit, même pas à reconnaître que son propos est incompatible avec « c’est vert ». Le contenu propositionnel de ce que nous disons réside dans le fait que cela peut occuper une place de prémisse ou de conclusion dans un raisonnement : il s’agit d’une conception inférentialiste de la signification (et donc non « référentialiste »).
Mais un tel contenu ne pourrait être employé s’il n’était lié à un autre : le contenu représentationnel, qui n’est pas une simple « image » (le concept n’est pas l’alliance d’une forme et d’un contenu) mais le résultat d’une dimension supplémentaire : celle de l’interaction dialogique. C’est parce que nous échangeons et que nous avons des points de vue différents (des perspectives sociales différentes, dirait Brandom) que nous remplissons nos mots et expressions de contenus représentationnels (ils se construisent par différences et oppositions).
Comprendre quelque chose de l’action du langage, c’est donc construire des modèles de l’interaction qui permettent de simuler ces processus de construction de la signification en dialogue. La logique et les mathématiques usuelles ne se sont pas beaucoup intéressées à cela jusqu’ici : on a développé une conception dénotationnelle du sens, dans la lignée des grandes idées des logiciens du début du XXème siècle, Russell, Tarski et d’autres.

On a voulu croire que le langage fonctionnait comme un formulaire, alors qu’il est bien plus que cela, et qu’il faut désormais tenter de l’appréhender comme ce qui nous fait être ce que nous sommes : des êtres en principe rationnels mais avec aussi toutes nos failles.
Parmi les langages qui existent dans les communautés humaines, il en est dont l’importance n’est reconnue que depuis peu : il s’agit des langues des signes. Pourquoi sont-elles importantes, et que nous apportent-elles du point de vue de nos réflexions ? A la différence des langues orales, elles obéissent certes à des contraintes d’ordre physique (on ne peut faire n’importe quels gestes), mais différentes. En particulier, les langues orales sont soumises à la contrainte de succession temporelle : la chaîne parlée est organisée de manière séquentielle. Pas les langues des signes, où les expressions se chevauchent, voire même peuvent être émises de manière simultanée. Cela change la vision sur la langue.

On peut noter que Chomsky lui-même a mis en avant l’idée que ce que la linguistique considère classiquement comme « la langue » contient en réalité beaucoup d’artefacts liés à l’externalisation de celle-ci (les contraintes du canal phonatoire ou bien les ressources limitées de notre mémoire). En s’attaquant aux langues des signes, on peut voir différemment les choses. On doit noter en tout cas qu’il devient difficile de passer sous silence le côté expressivité du langage en le rabattant uniquement sur l’aptitude à décrire. Quand un signant manque de vocabulaire dans son échange avec un autre signant, il invente, et pour cela il use des ressources du mime, autrement dit de l’expressivité permise par son corps et son imagination. Ces gestes sont codifiés par la suite et ils ne ressemblent plus à une pure représentation, mais sont plus expressifs qu’elle, bien souvent.
La mise en relation des stratégies des acteurs du jeu de l’offre et de la demande des raisons, qui s’exerce par toutes les ressources de l’expression, exige une formalisation très fine que, actuellement, seules des théories de l’interaction basée sur des notions de jeu (ce que nous appelons « la ludique », d’après les travaux de Jean-Yves Girard) permettent d’obtenir.
En simplifiant, le langage est un terrain de jeu : les pions sont les phrases que nous avançons au gré d’une stratégie le plus souvent inconsciente, et nous enregistrons, en tant que marqueurs de score, au fur et à mesure, les engagements pris et les validations données. Au terme d’une partie, il reste un bilan, la liste des coups donnés et des coups rendus, et surtout il reste des indications mémorisées sur les manières de re-jouer.
Pourquoi jouer ? Cette question est du même ordre que « pourquoi nous reproduisons-nous ? ». Faisons l’hypothèse que, si dans un cas, nous cherchons à maintenir un capital génétique, dans l’autre, nous cherchons à maintenir un autre capital, unique, propre à l’humain, que d’aucuns appellent le sens.

Quelles retombées pour de telles recherches ? Il y en a peu à court terme sans doute, mais à long terme… qui sait si en 2150 (si l’Humanité a survécu aux catastrophes inéluctables), on ne parlera pas d’autres langues, qui feront peut-être communiquer plus directement les pensées parce que libérées des contraintes physiques de nos langues orales actuelles (en s’inspirant donc des langues des signes) ? Des langues plus faciles à apprendre, des langues à l’usage plus… ludique ?
Les recherches actuelles autrement dit prépareraient-elles l’avènement des langues pour un temps nouveau ?
Nous ne parlerons probablement jamais la même langue (cf. cet article), mais des langues qui auront beaucoup évolué par rapport à celles que nous parlons aujourd’hui.

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13 commentaires pour Langage, ludique et temps nouveaux

  1. lignes bleues dit :

    oui, la séparation des langues comme élément fondateur d’humanité (intrinsèque)

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    • alainlecomte dit :

      Pouvez-vous préciser votre pensée?
      Faites-vous référence au mythe babélien?
      Est-ce que la séparation des langues est inéluctable?
      Quel degré de séparation des langues devons-nous ou pouvons-nous supporter?
      Un monde où la communication entre langues serait plus aisée ne serait-il pas préférable?

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      • lignes bleues dit :

        en fait, en lisant votre article, sur un sujet sur lequel j’ai malheureusement perdu un peu pied, j’ai aussitôt pensé au mythe biblique. J’ai lu assez récemment, mais impossible de me rappeler où, un argumentaire sur ce sujet qui m’a intéressée. Pour simplifier : la séparation des langues comme construction et reconnaissance de l’altérité (un peu comme la prohibition de l’inceste par l’endogamie construit l’échange). Une façon donc de vous interroger sur ce sujet que vous connaissez mieux que moi, sur la diversité des langues (et non pas la séparation) comme reconnaissance de la diversité humaine, à « préserver », ce qui n’est bien sûr pas une mise en cause de la communication. Désolée si mon commentaire lapidaire a pu laisser planer des doutes : il reflète surtout ma crainte de dire des bêtises…

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      • lignes bleues dit :

        lapsus bien sûr : exogamie… + le regret de ne pas avoir à ce sujet écrit le nom de Levi-Strauss : un texte mythique et fondateur lui aussi

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  2. alainlecomte dit :

    Oui, bien entendu, il FAUT préserver la diversité des langues. Chaque fois qu’on étudie une langue, cela nous apprend quelque chose de la faculté de langage en général, ainsi que des solutions très variées qui ont été trouvées par l’espèce humaine dans son entreprise de faire communiquer le son avec le sens. Je comprends bien votre référence à Lévi-Strauss (et en lisant votre premier commentaire, je soupçonnais bien que c’était à lui que vous faisiez allusion!), qui a développé un point de vue un peu hétérodoxe en défendant le droit à une NON-communication entre les cultures, seul moyen de les préserver, comme si d’ailleurs, aussi bien en ce qui concerne les individus particuliers que les cultures, c’était la part d’incommunicable en nous qui fondait l’identité et le point de vue particulier. Si on suit la voie suggérée par un philosophe comme Brandom, que je relate brièvement dans mon billet ci-dessus, il n’y a pas incompatibilité entre les deux pensées car pour Brandom, c’est justement la différence des points de vue qui est constitutive du contenu de nos propos. Gommez la différence, il n’y aurait plus de richesse de sens, ce qui est probablement le cas en ce qui concerne les animaux. Néanmoins, à mon avis, il ne faut pas camper sur une position trop « non communicationnelle »: car c’est l’gir communicationel qui nous permet de construire une rationalité, d’échanger des réseaux, de résoudre des problèmes donc, or, de cela aussi nous avons bien besoin! D’où une attitude hybride: appelant en même temps à une préservation et à une invention de nouvelles manières de communiquer (les langues des signes en offrant un exemple magistral).

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    • lignesbleues dit :

      merci pour votre réponse : nous sommes d’accord (je me suis réveillée un peu trop tôt ce matin, ma prose n’était pas très fluide). Pas de souvenirs pour ma part, Michèle, de crapaud ni de princesse, dans ce réveil sans réveil

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  3. michèle dit :

    ben je ne suis pas tout à fait hors sujet : à l’heure où vous échangiez sur le langage, lignes bleues et vous, je faisais un rêve de fin de nuit comme cela arrive souvent : un crapaud gros et verruqueux comme je les aime énormément, était sorti de sa prison/cage/boîte et était avec moi, comme mon chat l’est. Libre et égal en droit. Sur mon pull, sur ma poitrine, ni envahisseur, ni détaché. Là, présent, intime. Au moment de le réenfermer dans sa boîte/prison/cage, je me suis décidée à lui laisser plus d’espace. Ai voulu faire appel à un factotum pour qu’il déniche pour mon crapaud un vivarium ; avec de l’espace, de la lumière, de la terre, de l’eau.
    Là, je suis partie, l’oubliant presque, il s’est remis (la première fois j’ai oublié pourquoi et la suite) à fumer ; comme de la vapeur sortait de son corps. Je me suis approchée de lui, honteuse et il était sur le dos, impuissant à se retourner sur le ventre. Son ventre était clair, palpitant, avec deux fentes de un cm, en biais et symétriques.

    Puis, finalement, en dépit de tout, et surtout de mon attachement intrinsèque à lui, j’ai pris la décision de lui laisser entière liberté et de ne pas l’enfermer. Qu’il soit libre.
    D’aller et de venir.
    Je l’ai pris dans mes mains lui ai donné la liberté.

    Le réveil sonnait bizarrement, un tititititi depuis une demi-heure presque, je ne l’entendais pas, j’étais dans ce rêve. Avant ce rendormissement je m’étais réveillée à l’aube heureuse, calme, sereine, comme rarement. Puis rendormie.

    Sans demander aucune interprétation du rêve, Alain L.
    Qu’est ce que l’on fait du langage de nos rêves et de ce que l’on sent, pressent, ressent, de nos non-dits, de l’intuitif ? Dans ce que vous dites ?

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  4. alainlecomte dit :

    Freud a déjà tout dit sur le sujet, non? Et Lacan en a rajouté une couche… « l’inconscient structuré comme un langage »… mais moi, je n’ai pas grand chose à en dire… je m’intéresse plutôt au côté conscient des choses. Pour moi, c’est par métaphore qu’on parle de langage dans le cas des rêves.

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  5. gmc dit :

    « Nous ne parlerons probablement jamais la même langue »…..mieux vaut écrire « nous ne parlons jamais la même langue »…un homme=un langage, et ce, quel que soit l’idiome national ou régional dans lequel il s’exprime, c’est le principe même de babel.

    sur freud et lacan, restons cool, aucun psy (-chologue, -chanalyste, etc) ne sait dire ce qu’est la conscience: à partir de là, l’inconscient et autres dérivés ne sont que pure spéculations.
    il y a une question assez sympa à poser dans ce registre: « existe-t-il en dehors du petit espace – terme impropre, mais à défaut de mieux – de conscience créé par le processus mental, un espace – terme toujours aussi impropre – de conscience dont les limites seraient largement supérieures au processus de la pensée? »: généralement, ils se sauvent tous au bout de deux ou trois minutes de baratin^^

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    • alainlecomte dit :

      En un sens, certes, vous avez raison. En bon chomskyen, il faudrait dire que chaque langue est individuelle, intensionnelle etc. Mais ne soyons pas trop dogmatique: il y a des idiomes, comme vous dites. Dans le cas de Chomsky, je préfèrerais parler de faculté de langage ou d’état de langue, il n’empêche que ces états individuels doivent entrer en résonnance… donc en raisonnance.
      Pour ce qui est de la conscience et de l’inconscient… admettons qu’il y a une longue tradition de réflexions sur le sujet, ça s’appelle la philosophie, et on ne va pas bazarder toute l’histoire de la philosophie, non? Kant, Hegel etc. ont encore des choses à nous apprendre, et leurs descendants aussi.
      Maintenant, ça alors : « généralement, ils se sauvent tous au bout de deux ou trois minutes de baratin », je ne comprends pas comment on doit l’interpréter…

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  6. gmc dit :

    « après avoir tenté de noyer le poisson dans de fumeux discours, ils s’enfuient ». par expérience, il faut du temps et de la ténacité dans les questions pour finir par s’en rendre compte.

    ce que je vous ai écrit précédemment ne relève pas d’un quelconque dogme, c’est juste un constat. comme est également un constat le fait que tout mot est polysémique et contient en lui-même une infinité de sens qui vont de son sens premier jusqu’à son contraire.

    en philo – pour la petite histoire, notez juste que, quels que soient leurs discours, la plupart des philosophes ne suporte pas les poètes – , il y a une problématique de base:
    les philosophes disent la philosophie basée sur l’observation, l’observation comprend trois termes: le sujet observant, le phénomène de l’observation, l’objet observé.
    mais, chose amusante, aucun philosophe n’est capable de nous dire qui est ce fameux sujet observant^^(…tout comme la question « qui suis-je? » reste à l’heure actuelle sans réponse en ce monde).
    alors que peut valoir le résultat d’une équation dont le terme principal est une inconnue?

    vous pouvez faire ce constat dans toutes les disciplines dites scientifiques:
    – aucun physicien ne sait dire ce qu’est la matière
    – aucun physicien ne sait dire ce qu’est le temps
    – aucun biologiste ne sait dire ce qu’est la vie
    etc

    bienvenue au pays des châteaux de cartes^^

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  7. michèle dit :

    ce qui est intéressant dans ce que vous dites est que l’on semble axer notre intérêt sur ce qui nous pose problème, sans développer sur cela, second cas que je vous soumets, Alain L. sans aucune demande d’analyse.
    Il ne concerne plus les rêves mais l’intuition, la compréhension en dehors de ce qui est dit.
    E… refuse cette recherche autour de l’autobiographie en lien avec la poésie et l’Oulipo. Beau et brillant, il s’arqueboute sur son refus, se tait, n’argumente pas. Tient bon, l’emporte. Ne sachant par quel biais le convaincre, je finis par renoncer, ce refus me hante. Puis après de longs temps de réflexion et dans le silence le plus absolu, je pense qu’il va mourir et qu’il refuse de s’inscrire dans le temps et dans l’histoire.
    Sept mois après, je le rencontre au café avec d’autres autour d’une menthe à l’eau. Sa mère arrive pour le chercher et après quelques minutes de conversation, elle dit qu’il parle de sa mort qu’il ne va pas vieillir ; à moi, il dit, si j’ai des enfants avant trente ans, je vieillirais pour eux, je ne peux pas les laisser seuls.

    Alors quid du langage, si hors langage on communique ? Alain L. c’est ma question. Le langage serait alors la dentelle, l’élément décoratif, ornementatif de la communication pas sa matrice ? Pourtant, si on ne parlait pas, on mourrait me semble-t-il ?

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  8. Je ne sais pas s’il est d’usage d’intervenir sur un billet presque deux ans après sa publication, mais Internet est tel qu’un mot destiné à voler un temps en vole deux voire trois 🙂

    Je vous prie de m’excuser par avance de l’allure de la question que je vais vous poser. C’est que j’ai préféré la concision de la formule plutôt que ma perte dans le labyrinte de ses déclinaisons. Ainsi: Que pensez-vous de Twitter ?

    Je ne suis pas linguiste, et ne peut prétendre ainsi saisir complètement le propos de votre billet, mais il me semble que, comme la langue des signes, le cadre dialogique que propose (impose?) Twitter pourrait induire de nouveaux contenus représentationnels. Il y a un certain caractère ludique de Twitter, en ce qu’il autorise et encourage les « interactions » (terme utilisé par Twitter) avec les « twittos/twittas », i.e. les autres membres.

    Je ne sais pas s’il s’agit de la ludique de J.-Y. Girard, sujet que je ne connais pas sauf peut-être ce que j’ai pu comprendre d’un billet (1) que vous avez écrit à ce sujet. Mais, en suivant les conversations sur Twitter, j’ai cette vague impression de voir « empiriquement » ce que vous évoquiez dans (1): dialogue aboutissant à un consensus/dissensus, abandon d’un joueur voire même dialogue de sourd (drôle d’expression …)

    Et peut-être au risque de me couvrir de ridicule en exposant une telle ouverture, Twitter constituerait un exemple de la façon dont la technologie du discours peut influer sur les contenus représentationnels … mais je sens déjà le sol se dérober sous mes pieds et je ne m’aventurerai pas plus loin.

    J’espère que mon propos n’est pas trop hors-sujet, et vous souhaite bonne continuation.

    Au passage, un site intéressant à ce sujet: http://technodiscours.hypotheses.org/

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