Penone – II

Je suis retourné voir l’exposition Penone, mais sans la petite fille, elle qui, pourtant, avait raison quand elle avait vu dans le grand dessin de ronds concentriques l’empreinte de son index. Car en effet, si on regarde bien ce gigantesque dessin au crayon, on voit qu’il part d’une toute petite marque en son centre, qui est l’empreinte digitale de l’artiste. Les ronds concentriques sont au départ des figures courbes qui complètent chaque sillon du doigt, allant d’une extrémité pour revenir à l’autre.

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Les salles de l’expo grenobloise sont dédiées au contact, à la peau, au souffle et au temps.

Penone s’est intéressé notamment à la fine épaisseur qui toujours nous sépare de ce que nous touchons, peau, écorce de l’arbre, Il a consacré des dessins, qui réunissent des empreintes de feuilles et des bouts d’adhésif, à d’étranges caresses, avec des épines, sur des lèvres, sur des paupières.

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Il a enserré des souches d’arbre dans des peaux brunes, montrant comme la nature est bien, en fin de compte, une question de rencontre et de frôlements entre le règle animal et le végétal.

Et des morceaux d’arbre aussi dans des gaines de marbre blanc, retour au minéral, à son éternité, lui qui provient des masses énormes de matière compressées au cours du temps.

A une époque (à ses tout débuts), Penone avait planté un moulage en bronze d’une de ses mains dans le creux d’un tronc d’arbre, pour que, par la suite, cet arbre, en se développant, enserre puis absorbe cette main, cette main qui, elle, continuait à pointer du doigt le rond concentrique marquant justement la date de la rencontre, un évènement. L’arbre, dit Penone, garde son histoire en lui.

L’un de ses projets fut de rendre à des objets manufacturés en bois leur ancienne nature d’arbre. Ainsi par exemple avec des poutres, qu’il taillait et complétait par des branches ajoutées à chaque nœud qui apparaissait dans le polissage.

Le temps, celui d’un rouleau de marbre qui se déplie et laisse apparaître, sous lui, les veines du sol.

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La respiration, un mur de grillage enserrant des tonnes de feuilles de thé, et une branche d’arbre qui communique avec un poumon de feuilles.

Le souffle, comme le vent, qui courbe les arbres et les fait ressembler à des insectes géants.

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L’Arte povera (l’art pauvre) n’est pas seulement une question de pauvreté du matériau (ce qui serait contradictoire avec le fait que Penone va jusqu’à utiliser des feuilles d’or pour revêtir le fond de son écrin), il consiste plutôt dans l’accent mis sur le matériau, dont la présence se substitue à l’idée de représentation. Chez Penone comme chez ses pairs, l’art ne représente pas, il crée l’équivalent de ce que crée la nature autour de nous. C’est pourquoi sans arrêt, nous promenant dans les maquis, les forêts, les sous-bois, nous voyons des productions artistiques. A condition que nous les voyions comme telles. Et c’est l’artiste qui nous apprend à avoir ce regard.

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3 commentaires pour Penone – II

  1. Une très belle exposition, apparemment (j’aime l’empreinte digitale au centre arboré).

    Elle m’a fait repenser à celle qui avait eu lieu à Versailles, pendant l’été 2013, et qui montrait – de manière plus monumentale ! – l’envergure imaginative et poétique de son auteur.

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  2. flipperine dit :

    tout matériau une fois bien travaillé peut devenir une belle oeuvre

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