Voilà plusieurs semaines que je me fais rare sur la blogosphère. Vous m’en voulez ? Quand je dis « vous », en réalité sais-je à qui je m’adresse ? Quand Rimbaud disait « Je est un Autre », il ne croyait sans doute pas si bien dire. Tellement notre moi est fait de cet autre en nous qui surgit, demande, questionne, parfois s’endort (on peut imaginer que « je » devient un peu trop emmerdant), mais est toujours là comme symbole de notre incomplétude. C’est là où se trompent les linguistes classiques, les cognitivistes : ils croient que notre « moi » est plein. Qu’il est un centre de fonctionnement. La plupart des philosophes de la cognition, d’ailleurs, pensent que notre esprit est bâti sur le modèle de l’ordinateur : nos « états mentaux » seraient pour ainsi dire des états de calcul. Mais pourquoi calculerait-on ? qu’est-ce qui nous pousserait à le faire s’il n’y avait cet autre. Bref, mon autre, ces temps-ci, m’éloignait de l’écriture électronique, plus concentré qu’il était sur d’autres manières d’écrire. Articles, communications à droite à gauche, le début de l’été est propice aux colloques. Qui ne sont pas que sentimentaux. Ces « obligations » de profession m’ont conduit ainsi à Dublin, à Londres et bien plus récemment en Italie dans ce qui pour d’aucuns est vraisemblablement un « trou » au fin fond des Abruzzes. Car là, entre Pescara et Chieti figure une université à laquelle on a donné le nom, selon moi un peu fascisant, de Gabriele d’Annunzio (un natif du coin, c’est pour cela). Palais de marbre au milieu des collines qui sont les contreforts de sommets plus élevés (le Gran Sasso), résidence étudiante qui ressemble à un hôtel quatre étoiles et dedans… bien peu de monde, à croire que les promoteurs ont vu trop grand.
(Rome, la Maddalena)
Mais c’est l’Italie. Celle dont Stendhal a dit que grâce à elle, « la vieillesse morale [avait] reculée pour [lui] de dix ans ». Et il ajoutait : « Les gens secs ne peuvent plus rien sur moi : je connais la terre où l’on respire cet air céleste dont ils nient l’existence ; je suis de fer pour eux » (Rome, Naples et Florence, édition Folio 1987, p. 479). Bien sûr, il n’avait pas encore entendu parler de Berlusconi… mais, ô joie, il semble que ces temps-ci, un sain sursaut se fasse jour dans les foules transalpines. On ne parle que de ça là-bas. Chacun est fier de raconter qu’il ou elle a dons son entourage quelque jeune étudiant parti en contrat ERASMUS en Angleterre ou en France, et qui a, sans hésiter, fait l’aller-retour dans sa terre natale afin d’y déposer un bulletin dans l’urne à l’occasion des référendums. Le m’as-tu-vu guignolesque dégringole de son piédestal : s’il a évité la justice pénale pour l’affaire Montadori, il n’a pu éviter le civil et la condamnation à payer 560 millions d’euros à l’homme d’affaires Carlo de Benedetti… de quoi être un peu déprimé.
Italie… Il y a trois jours, nous étions à Chieti, antithèse de la ville touristique, mais perchée sur une colline, avec monuments (néo) classiques : colonnades, palais de justice, hôtel de ville pompeux, basilique caravelle aux voiles rougeoyantes dans le soleil couchant, petits vieux arpentant dans un sens puis dans l’autre le corso principal, avant de s’asseoir à l’ombre pour partager l’apéritif du soir. Risotto aux truffes. Spaghettis aux « funghi porsini ». Même s’il fait très chaud, on sent le soir venu une bouffée d’air tiède qui nous refroidit un peu. Le lendemain Rome, Rome la romaine, Rome la chrétienne, puis Rome la baroque. Toujours un pas vers ma façade préférée : celle de la Maddelena, tout près du Panthéon, mais tout est prés à Rome. Même la piazza Navonne, et même le Campo dei Fiori et c’est éblouissant de voir désormais toutes ces façades blanches, libérées de leurs échafaudages, et ces sculptures brutales – la force des muscles – auprès des vierges timides qui se voilent la face. Bonne surprise : le « Mac Do », que l’on avait érigé sur la place du Panthéon (quel sacrilège), a tout bonnement disparu !
Le matin, assez tôt, comme c’était dans le quartier où nous avions notre chambre, détour imprévu vers une basilique que je ne connaissais pas encore : San Pietro in Vincoli, ainsi appelée parce qu’elle est dévolue à Saint Pierre mais aussi à cause des chaînes qui sont gardées comme reliques (les Vincoli), celles qui auraient relié le saint aux murs de sa prison de Jerusalem et qui se seraient soudées toutes seules aux chaînes de Rome quand l’impératrice Eudoxia les aurait mises en présence. I
l y a aussi dans cette basilique le tombeau de Jules II, sculpté par Michel-Ange, connu pour son terrifiant Moïse, encore une de ces sculptures brutales dont le maître avait le secret.
Le Panthéon (peut-être avec la cathédrale de Syracuse ?) un si bel exemple de temps raccourci…
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Syracuse est merveilleux…
http://cmvoyages.wordpress.com
http://calogeromira.wordpress.com
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j’aimerais tant voir Syracuse…
(chanson)
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Dans les jardins de la villa de G. d’Annunzio, le Vittoriale, un bateau, face au lac de Garde.
http://teatriemusei.ovest.com/fr/le-vittoriale-des-italiens.php
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