Je suis heureux de voir en ce moment mon vieil ami Edgar parler sur les plateaux télé et dans les émissions radiophoniques. Je dis « mon ami Edgar » alors que je ne l’ai rencontré qu’une fois et que, sûrement, il ne se souvient plus de moi. En dépit de cela, je lui garde une immense affection et je lui suis reconnaissant de ce que je lui dois (à l’époque quelques crédits de recherche, plus tard, une source d’inspiration constante non dénuée, dois-je le dire, d’une certaine critique). Edgar a bientôt cent ans. Il publie encore des livres, et son dernier est passionnant de la première à la dernière ligne. C’est en même temps une autobiographie intellectuelle et une sorte de manifeste final en faveur de la pensée complexe. Edgar Morin a commencé sa carrière comme sociologue, il a ensuite évolué vers toutes sortes de spécialités mélangées, philosophie, anthropologie, histoire, théorie des systèmes… Il est l’un des plus infatigables défenseurs de la notion d’interdisciplinarité. Au début des années soixante-dix, j’étais moi-même enthousiasmé par cette idée qui, à vrai dire, était en vogue à ce moment-là. Jeune assistant de mathématiques à l’université Grenoble II (celle des sciences sociales), je réussis même à me faire affecter à une expérience de premier cycle interdisciplinaire qui réunissait toutes sortes de disciplines : économie, psychologie, sociologie, histoire, philosophie, mathématiques, et même droit (même si on ne sut jamais trop comment dialoguer avec les juristes). Cette expérience bouillait de la fièvre post-soixante-huitarde, prête le plus souvent à exploser : le philosophe méprisait les psychologues, le sociologue ne s’entendait pas avec l’historien, et moi, qui représentais les mathématiques (surtout les statistiques) j’avais tendance à me rallier à ceux qui défendaient un point de vue idéologique que j’admirais, sans grande considération pour la discipline que j’étais supposé enseigner… Nous étions aux temps du marxisme tout puissant, et ceux qui ne l’étaient pas, marxistes, ou qui, tout en l’étant, ne s’affiliaient pas au courant en vogue (en l’occurrence l’althussérisme) devaient supporter horions et quolibets. C’était bel et bien une sorte de terrorisme intellectuel (comme il en existe aussi aujourd’hui, bien que sous une forme différente, avec des éléments idéologiques distincts).
Edgar Morin réussit à dépasser ces tensions désastreuses. Assimilé au mouvement de mai 68 grâce, notamment, à l’un de ses livres qui eut beaucoup de succès : Mai 68, la brèche (en collaboration avec Claude Lefort et Cornelius Castoriadis), il résistait aux sirènes du marxisme avec beaucoup de succès et, presque, dirai-je, d’héroïsme. Il l’explique dans son dernier livre : très tôt, avant même la guerre, ayant lu Victor Serge et Boris Souvarine, il s’était affirmé comme anti-stalinien. Il avait été également bouleversé par la manière dont l’Union Soviétique était intervenue dans la guerre d’Espagne, aboutissant à l’exécution de nombreux combattants trotskistes ou poumistes. Pourtant lui aussi, devait succomber un instant à la pression énorme qu’exerçait le PCF dans les années cinquante. Au sortir de la guerre, il adhérait, convaincu que le bilan deviendrait « globalement positif » (comme devait le clamer plus tard Georges Marchais) et qu’on allait gommer les travers staliniens. Il comprit très vite qu’il faisait fausse route, avec notamment la répression populaire qui s’abattit sur la Pologne puis sur la Hongrie en 1956.
Je me souviens très bien de cette époque. J’étais élève au lycée de Drancy (devenu depuis « lycée Eugène Delacroix » dont on parle parfois dans la presse, c’est ce lycée qui, cet hiver, attira l’attention sur les dégâts du Covid en milieu lycéen : plusieurs parents, a-t-on dit, étaient morts de la maladie), un lycée donc situé en plein cœur de ce qu’on appelait alors « la banlieue rouge » (là où les candidats du PC se faisaient élire avec des scores dignes des démocraties populaires, des 90 ou 95 %, je reçus ainsi, une année, mon prix d’excellence des mains de notre député, Maurice Nilès, grand cacique du PC de la région parisienne), premier lycée construit dans cette banlieue ouvrière, et dont la plupart des enseignants partageaient les positions du parti communiste. Le professeur d’histoire, qui faisait bader les jeunes filles (comme on dit dans le sud) à cause de sa belle prestance et de ses propos virils, nous enseignait que la Révolution faisait le tour du monde : partie de France en 1789, elle avait atterri en Russie avec celle de 1917, puis en Chine avec Mao, et bientôt, elle accomplirait son cycle, enflammant l’Amérique, avant de revenir en France où enfin s’achèverait la révolution bourgeoise de 89, sous la forme de la révolution prolétarienne. Le professeur de philo nous disait qu’il était inutile de nous pencher sur les névroses et les troubles psychiques, que Freud était sans intérêt puisque, avec l’avènement prochain du socialisme et de la société sans classes, nous serions débarrassés de tous ces troubles qui n’existaient que par la faute du capitalisme. Toutes ces thèses étaient des sottises et notre sort n’était finalement guère meilleur que celui des élèves d’établissement catholique apprenant la virginité de Marie et l’assurance d’un paradis pour ceux qui savent faire preuve de dévotion. Edgar Morin a raison de qualifier ce marxisme de « religion de salut terrestre ». Cela ne nous empêchait pourtant pas d’aller chercher chez le grand Marx ses analyses fines du système économique, puisqu’il n’avait certes pas dit que des sottises. Mais les idées exposées dans le Manifeste du Parti Communiste étaient bien des sottises, à commencer par cette idée vraiment religieuse selon laquelle « la lutte des classes était le moteur de l’histoire » et qu’elle aboutirait à la victoire finale de la classe ouvrière qui coïnciderait avec l’abolition des classes sociales ! Oui, les classes sociales existent, oui, elles ont des conflits, mais comment croire un instant que la victoire de l’une sur les autres signifierait un jour le bonheur établi sur la Terre ? Au lieu de viser une telle révolution , il vaut bien mieux viser à atténuer les différences de classes, (différences au sens hiérarchique, pas nécessairement au sens qualitatif : il n’y a pas de honte à être « manuel » plutôt « qu’intellectuel », « artisan » plutôt « qu’artiste » etc.) faire en sorte que tout individu d’une classe sociale quelconque puisse accéder au statut qu’il souhaite, bref viser au « réformisme ». Un passage central dans le livre de Morin dit ceci :
Le rapport Khrouchtchev dénonçant le pouvoir de Staline me rendit un temps quelque espoir dans un communisme libéral, mais la répression de la révolution hongroise de 1956 accomplit la rupture finale. Elle fut totale et m’enseigna deux de mes vérités.
La première : l’expérience de la saison en Stalinie a été décisive pour que je comprenne comment fonctionnent les esprits fanatiques et que j’y devienne allergique.
La seconde : elle m’a permis de comprendre que j’étais fondamentalement droitier et gauchiste. Droitier, c’est-à-dire désormais résolu à ne plus jamais sacrifier l’idée de liberté. Gauchiste, c’est-à-dire désormais convaincu non plus de la nécessité d’une révolution, mais de la possibilité d’une métamorphose.
Me voilà donc très redevable au vieil ami Edgar pour ce qu’il exprime si bien ce que moi-même je suis amené à adopter comme position. J’ose le dire désormais, car avant je ne trouvais pas les mots pour le dire : droitier et gauchiste. Cela fait réfléchir. Il y aurait là une contradiction à première vue, non ? Mais nous sommes faits de ces contradictions, de ces tensions, c’est inévitable face à la complexité du monde et des situations auxquelles nous avons à faire face.
Et justement, Edgar Morin a voulu se placer sous l’égide de la pensée complexe. Belle entreprise, qui ne lui a pas valu que des admirateurs… bien au contraire, il le dit lui-même, beaucoup se sont gaussé d’une telle prétention : arriver à faire concourir toutes les sciences vers la compréhension de l’humain. Tâche qu’il entreprend à partir de son livre : Le Paradigme perdu : la nature humaine (1973), et qu’il continue avec La Méthode (de 1977 à 2006), six ouvrages parus dont La Nature de la nature, la Vie de la vie, la Connaissance de la connaissance, Les Idées, Ethique… J’avoue : je n’ai pas tout lu. J’ai eu parfois quelque agacement devant cette systématicité du raisonnement en boucle, comme pour dire qu’il ne fallait désormais plus escompter une théorie sur des bases solides (cartésienne pourrait-on dire), mais toujours chercher la globalité, le Tout, qui se traduit par le fait que la totalité s’inclut elle-même parmi ses éléments. Evidemment, ce genre de position peut vite conduire, si l’on n’y prend garde, à la maxime « tout est dans tout et réciproquement » qui signe l’arrêt de toute réflexion épistémologique ! Mais il peut être intéressant néanmoins de se pencher sur des recherches logiques pour lesquelles une telle position fait sens. Certaines logiques polonaises des années trente (la méréologie de Lesniewski pour ne pas en nommer une) l’avaient tenté : faire en sorte que non seulement il ne soit plus interdit qu’un ensemble s’appartienne à lui-même, mais même faire en sorte que tout ensemble soit dans lui-même en tant qu’élément, ce qui est un peu gonflé car cela a pour conséquence qu’il n’y a jamais de signe ou d’entité pure servant à désigner une chose, mais que toujours la façon de désigner la chose est élément de la chose, j’avais voulu expliquer cela une fois dans un colloque de Sciences, Technologie et Société, mais sans beaucoup de succès… Et pourtant, c’est vers cela aussi à mon avis qu’avance la vision du langage et de la pensée suggérée par Morin, et sans doute était-ce la raison pour laquelle il m’avait accordé des crédits CNRS : pour explorer cette voie, mais cette voie, comme bien d’autres, fut inachevée, interrompue en cours de route, de la même manière que je crains parfois que l’on n’oublie les travaux de Morin plus tard, si tant est que des gens, actuellement, prennent en compte réellement leur nature.
La Méthode a ceci de particulier que si elle étudie globalement notre nature humaine en relation avec son environnement (et les autres espèces animales) comme se comprenant elle-même, elle se penche nécessairement sur le Je, puisque celui-ci est le point de vue inévitable à partir de quoi tout fait sens. Je regarde l’Univers me regardant… D’où l’intérêt porté à la subjectivité, à la singularité du chercheur car après tout, son histoire individuelle fait aussi partie de la connaissance globale.
Edgar Morin a dit dans son interview passée dans La Grande Librairie, que finalement (faisant allusion à Dostoïevski), la littérature nous apportait bien plus que les sciences humaines, ce à quoi François Busnel a réagi en lui demandant : mais alors, pourquoi n’avez-vous pas écrit des romans plutôt que des livres de sciences humaines ? Réponse d’Edgar Morin : parce que pour faire de la grande littérature, il faut du génie alors que pour les sciences humaines, l’intelligence suffit (on aurait presque eu envie de lui dire : même pas, parfois, il suffit de s’inscrire dans un mouvement en vogue au moment présent et d’être soutenu par ses figures majeures). Peut-être est-ce là la différence en effet. La sociologie en particulier nous renseigne avec pertinence lorsque l’auteur est un commentateur intelligent de la vie économique, sociale ou politique… mais il ne s’agit pas d’un avis « scientifique » (contrairement aux défenses que présentent souvent des sociologues, outrés d’être contredits). Ou alors souvent, on emprunte aux sciences leur vocabulaire, leur modèle. Comme Bourdieu parlant de la notion de champ en sociologie, très inspirée des champs de la physique, autrement dit comme ensemble de vecteurs. La seule fois où j’ai entendu Bourdieu en petit séminaire où il exposait ses travaux scientifiques, je fus frappé de constater que ce qu’il disait n’était que le décalque inspiré des théories statistiques que j’avais étudiées en DEA, notamment l’analyse en composantes principales et l’analyse des correspondances (Benzécri, 1967). On partait d’un ensemble de variables qui permettait de définir une sorte de nuages de vecteurs (autrement dit un champ), puis des techniques bien connues d’algèbre linéaire permettaient de diagonaliser une matrice et d’en extraire des vecteurs propres qui donnaient les « directions principales » du champ, autrement dit permettaient de dire quelles étaient les dimensions vraiment pertinentes pour l’analyse de la société. On peut, dans ce cas, tout juste parler de science appliquée et je me demande d’ailleurs ce qu’on pourrait attendre d’autre d’une sociologie « scientifique ».
Edgar Morin ne serait sans doute pas en désaccord avec cela, lui qui, à 99 ans, s’interroge encore sur la nature du hasard en faisant appel à la théorie de l’information algorithmique et plus spécifiquement aux travaux du mathématicien Gregory Chaitin. Selon cette théorie, les objets ont une complexité intrinsèque, elle se mesure comme la longueur minimum d’un programme informatique qui permettrait de les décrire (par exemple en indiquant comment les construire, le programme étant conçu sur le modèle classique des machines de Turing). Il y a des objets, par exemple des nombres, qui ont cette propriété particulière qu’il est impossible de trouver un programme pour les décrire qui soit de taille inférieure à leur taille propre, on dit que ces objets, ou ces nombres, sont incompressibles, en même temps ce sont de vrais nombres aléatoires (autrement dit, en gros, déterminés par aucun algorithme). Le hasard, le vrai, viendrait de là, de l’existence de ces nombres (dont le célèbre Oméga de Chaitin, qui représente la probabilité qu’un programme quelconque s’arrête lorsqu’on le met en application). Et Edgar Morin suggère à partir de là qu’il existe un autre « hasard », moins « vrai », celui-ci, qui serait le hasard apparent et ne serait dû qu’à notre ignorance quant aux enchaînements de faits. Tout le monde a pu faire l’expérience étrange de ces «heureux hasards » qui font qu’on aura évité une catastrophe en prenant une décision ou en faisant un geste a priori improbable. Edgar Morin parle ainsi de la façon dont il a pu éviter d’être coffré par la Gestapo un jour où il se rendait chez un ami résistant : juste avant d’atteindre l’étage de celui-ci, une fatigue soudaine lui fait rebrousser chemin. Sait-on dans ces cas là quel signal à peine perceptible a déclenché le refus d’aller plus loin ? Le « pressentiment » est une chose invisible et inexpliquée dans l’état de notre savoir, phénomène inconscient proche de ce que les spécialistes du cerveau appellent la vision aveugle, processus par lequel un sujet a pu percevoir une chose sans s’en être rendu compte, etc.
Edgar Morin a des développements intéressants, en lien avec la théorie de Chaitin, concernant l’imprévu. Il dresse une liste impressionnante de tout ce que nous n’avions pas prévu au cours de l’histoire, en y incluant aussi bien l’effondrement de l’URSS que la crise du Covid. Des événements parfois terribles, mais aussi parfois des événements heureux, liés à un personnage par exemple, comme Nelson Mandela, ou bien à une masse de gens actifs comme dans le cas de la chute du Mur. On ne pouvait pas prévoir le 11 septembre, on ne pouvait pas non plus prévoir que Gorbatchev allait mettre un terme au régime stalinien de l’URSS. A l’échelle de la France, on ne prévoyait pas dans les années cinquante / soixante le brusque revirement de De Gaulle à propos de l’Algérie, mettant un terme à un conflit qui avait généré massacres et persécutions, pas plus qu’on ne pouvait prévoir, au début de la crise du Covid, en mars 2020, que le macronisme allait accoucher d’une politique du « quoiqu’il en coûte » qui a permis jusqu’ici de surmonter économiquement la crise et d’aider les millions de gens soudainement mis au chômage partiel, ainsi que les restaurateurs, les commerçants et même les gens du monde du spectacle. Le libéralisme, parfois préfixé de « ultra » ou de « néo », venait de se muer en une doctrine que l’on n’imaginait pas quelques mois auparavant, qui permettait, contre tout dogme libéral, de mettre en circulation des milliards d’euros en faisant momentanément fi de la dette et en interrompant (au moins momentanément) la recherche du profit à tout prix. Les mutations de l’histoire sont imprévisibles, c’est là la grande leçon d’Edgar Morin. Certes les luttes, populaires et revendicatrices, ne sont pas étrangères à ces mutations : elles exercent une pression dans un sens plutôt que dans un autre, mais l’histoire nous montre qu’elles ne sont pas – hélas ! – suffisantes : trop de luttes et de mobilisations finissent dans l’échec et l’oubli. C’est souvent un grain de sable, une mutation imprévisible qui fait la différence et amène un changement que Morin qualifie alors de « métamorphose »… En un sens, l’histoire du monde est incompressible (ce qui, bien entendu, va à l’encontre de tous les fantasmes de « science de l’histoire » comme prétendait l’être le « matérialisme historique »). Ne désespérons donc pas trop.
Passionnant. Je me retrouve dans vos prises de position (ou celles d’Edgar Morin) et j’ai beaucoup appris. Merci !
Je me dis parfois que le religieux a fait son retour dans la politique. C’est là que se trouve depuis le début du XXe le fanatisme. Idée sans doute très commune.
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La religion en politique a battu son plein à l’apogée des partis communistes. Aujourd’hui, j’ai plutôt l’impression que c’est la politique qui a fait son retour dans le religieux 🙂 (islamisme, manif pour tous etc.)
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Intéressant. Je ne crois pas qu’on peut prédire quoi que ce soit. Notre connaissance du monde est une connaissance de l’après coup. L’après coup nous permet de penser, « mais oui, bien sûr », mais c’est une illusion réconfortante. Avec cette… foi, il faut dire que la place d’un homme politique est très tenue. D’autant plus que l’homme moderne se fortifie de la croyance que ses gouvernants doivent TOUT SAVOIR et TOUT PREDIRE pour le PROTEGER contre le risque de.. mourir ? vivre ? (des fois les deux se rejoignent…)
J’aime bien l’affaire des nombres incompressibles. Le sujet serait incompressible ? Pourquoi pas ?
Je partage les sentiments de Morin sur le roman. Je fais du commentaire. Il y a une forme de création dans le commentaire qui me suffit maintenant, avec les années, et me laisse en paix avec l’impératif moderne d’être (le)Créateur.
Mais il y a quelque chose dans notre foi religieuse dans le numérique qui me dérange beaucoup, et qui va à l’encontre de la mission d’Edgar Morin. C’est ce fâcheux parti pris de tout construire (ou construire le Tout…) sur l’addition pour faire… la « Summa Theologica » ? (On a la théologie qu’on peut, et surtout de nos jours.)
Je crois que les quatre opérations fondamentales, bien DIFFERENCIES, intriquées, et employées, suffisent pour faire un esprit mathématique complexe. (Laissons de côté momentanément la littérature…) Mais le recours outrancier à une seule opération pour ériger la tour de Babel est catastrophique pour une intelligence complexe.
Après, bien sûr, l’abus des mathématiques est dangereux pour avoir un coeur intelligent, comme dit Finkielkraut ? Montaigne avant lui ?
J’ai grandi dans un contexte qui m’ laissée sourde aux sirènes du Marxisme. Heureusement. Je ne le regrette pas…
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je ne vois pas très bien en quoi on peut dire qu’Edgar Morin ne se fonde que sur l’addition. Il s’intéresse au calculable, certes, mais ce qui se calcule n’est pas que de l’addition, et en s’intéressant au calculable on met en évidence ce qui n’est pas calculable. Le non calculable est partout.
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Je n’ai pas parlé de ce qui était calculable ou pas.
Il me semble que la séparation entre ce qui est calculable ou pas prend la forme de différencier entre l’intérêt et la grâce, historiquement…en tout cas, on peut regarder cette problématique par ce biais.
Différencier… ce qu’on peut compter, ce qu’on ne peut pas compter, ce qu’on peut calculer, pas calculer, en sachant que compter n’est pas vraiment une opération, il me semble. C’est en amont d’une opération.
J’ai parlé de l’opération de l’addition car il me semble que c’est le seul résultat des quatre opérations fondamentales où il est question de « totale ». Je me trompe ou pas ?
La multiplication produit… un produit, la soustraction un différend/t ? la division… une dividende ? (C’est vrai, l’addition produit une somme. Je me demande qu’elle est la relation entre une somme et un totale.)
Ce que je souligne c’est l’importance de l’opération « addition » pour faire des totaux. Et je souligne que le principe de l’informatique, me semble-t-il, se fonde sur l’addition.
En quoi je maintiens que nos machines « calculent » peut-être mieux que nous, mais ne peuvent pas faire les quatre opérations fondamentales (pour ceux d’entre nous qui arrivent toujours à les faire…)
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E Morin a exposé des pensées qui nous ont facilité une lecture de la réalité, à un moment donné du moins et qui pour mon grand plaisir prône l’intérêt du généraliste à coté de celui du seul spécialiste.
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Debra: je trouve votre commentaire très intéressant il dit à travers l’addition des choses que je ne pouvais formuler.
Joséphine: j’ai pu lire que Jung vous était plutôt familier: le pressentiment décrit par Alain n’est il pas proche du travail de Jung sur la synchronicité ?
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bon, faudra que je lise Jung un jour, alors… 🙂
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