Eric Piolle

???????????????????????????????Je suis passé ce matin devant le local du candidat écologiste. Il y avait un peu de monde. Je me suis attardé quelques minutes. Dans les discussions, il me semblait entendre comme un lointain écho de la fois, dans les années soixante, où Grenoble fut enlevé à la droite par un ingénieur inconnu. On sait ce qu’il advint par la suite  : d’abord devait être résolu une bonne fois pour toutes le problème de l’approvisionnement en eau, puis être lancée une fameuse rénovation urbaine, avant que la culture n’apporte son prestige à la ville (Maison de la Culture, Centre Dramatique des Alpes dirigé par Lavaudant, festivals variés) et que Grenoble devînt capitale de l’innovation technologique. Le candidat écologiste actuel a un peu le même profil que le maire d’antan : un ingénieur aussi, ex-cadre chez Hewlett-Packard. Quelqu’un de peu connu et peu mouillé dans les combines politiciennes, avec une équipe jeune, préoccupée de questions d’avenir, d’urbanisme, de pollution. Comme on sait, il a réuni presque trente pour cent des suffrages dimanche dernier, devant l’héritier de la municipalité précédente, représentant le PS. Contre toute attente, ce dernier a refusé l’union avec la liste arrivée en tête, comme il eût été normal. Cela au nom de vieilles querelles. Il est vrai que les écologistes n’ont jamais épargné la municipalité précédente (on se souviendra par exemple de la construction du fameux stade) mais on se souvient aussi du rôle bénéfique qu’ils ont eu face à cet autre problème d’eau : la privatisation de la distribution qui avait été opérée pour le grand bien du maire de droite éphémère, qui rode encore tel un visiteur du soir dans les cabinets noirs de la politique parisienne, et à cru bon de revenir à Grenoble, en bonne position sur la liste UMP. Aujourd’hui, le problème n’est plus tant celui de l’eau que celui, encore plus important, de l’air que nous respirons. Etrangement, aucun commentateur n’a fait le lien entre cette progression spectaculaire des écologistes et les pics de pollution qui se sont manifestés il y a quelques jours dans la cuvette alpine : nous vivons dans un monde irrespirable. Au propre d’abord avant de l’être au figuré. Qu’une part importante des Grenoblois en prenne conscience est un symbole d’espoir. Bien sûr, il faudra que l’équipe écologiste, si elle est élue, prenne des mesures radicales : elle en aura la capacité. Rendre les transports en commun toujours plus accessibles (par une gratuité pour une grande partie des usagers, jeunes, personnes âgées, chômeurs etc.) par exemple, comme dissuader de l’usage de l’automobile en ville, en généralisant des restrictions de circulation draconiennes. Certes, l’ancienne municipalité n’a pas vraiment démérité, puisqu’on lui doit entre autres choses le nouveau quartier dit « de la caserne de Bonne » (ensemble urbain très innovant sur le plan notamment de la consommation en énergie), la nouvelle ligne de tramway (la cinquième) qui va traverser l’agglomération du sud au nord, ou la nouvelle « presqu’île » (au confluent du Drac et de l’Isère), refuge de l’innovation technique et pôle de développement qui fait en partie que les Grenoblois connaissent moins le chômage que les habitants d’autres villes (ou de campagnes) de France. La liste écologiste, toutefois, apportera un nouveau souffle, une nouvelle radicalité dont nous avons besoin. Preuve que derrière la France « has been » du « Bleu marine » s’en profile heureusement une autre, moderne et innovante, pour qui viendra le temps des victoires, et qui pense plus à sa sécurité en termes de santé qu’en termes de vidéo-surveillance.
Dimanche dernier, j’ai voté pour la liste de l’ancienne municipalité. Toujours mon réflexe « vote utile », survivance d’un funeste 21 avril… mais dimanche prochain, je voterai pour la liste écologiste (qui possède en son sein des membres du parti de Gauche, ce qui donne motif à la droite d’agiter le spectre de Mélenchon derrière la bonne bouille du candidat vert… en jouant ainsi encore et toujours sur la peur).

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2 commentaires pour Eric Piolle

  1. Le résultat de Grenoble (pourtant à Paris, il y a eu aussi de la pollution !) est encourageant et montre que les enjeux réels sont parfois « captés » par certains électeurs.

    L’attitude du PS, dans cette ville après le premier tour, est lamentable. S’ils font ainsi passer la droite, ils pourront sortir masqués une fois pour toutes afin de cacher leur honte !

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  2. alainlecomte dit :

    Attitude du PS lamentable en effet, et qui me fait me départir de mes dernières illusions… Hier, Taubira devait venir au meeting de soutien de Piolle… on dit que Destot aurait téléphoné à l’Elysée pour empêcher sa venue! Elle était néanmoins présente par une video. Hallucinant: le PS à Grenoble lançant un appel pour…. faire barrage à la gauche!

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