Carnet de lecture: Montagne magique (II) – Settembrini et Naphta: rationalisme et anti-rationalisme

Suite du carnet de lecture de La Montagne magique, de Thomas Mann (où l’on en viendra à des considérations sur le temps, sur notre situation présente de pandémie et sur l’épineuse question du rôle de la raison) : notre héros, Hans Castorp, venu rendre visite à son cousin Joachim pensionnaire d’un sanatorium de Davos, s’est vu gagné par la pandémie ambiante… une autre sorte de pandémie que celle que nous vivons en ce moment, qui a pour nom « tuberculose ». Alors que les trois premières semaines de ce roman passaient lentement et donnaient lieu à foule de détails descriptifs, les semaines qui suivent s’inscrivent dans la monotonie : un jour est un jour, tous se ressemblent et se confondent et le sentiment du temps devient un long engourdissement qui ramène une durée de plusieurs semaines à celle d’une seule. Ponctuent ces journées : les repas, les pauses, les longues siestes sur les terrasses exposées au soleil (ou aux intempéries) et évidemment, et heureusement, les conversations. Et les romances qui s’ébauchent, lesquelles sont inévitables surtout dans le cas de personnes assez jeunes (on oublie que la tuberculose touchait surtout les jeunes). Comme le roman se situe à une époque ancienne où les tabous étaient encore nombreux, il n’est guère question d’assaut physique. Notre héros est un romantique, il s’éprend de cette madame Chauchat (Clavdia de son prénom, une russe) qui lui rappelle vaguement son ami d’enfance Pibislav Hippe (où certains ont vu apparaître dans le roman le thème de l’homosexualité refoulée, et comme un écho de « Mort à Venise ») mais ne parvient à lui avouer son amour qu’un soir de carnaval. Déclaration stupéfiante, un tantinet grotesque, prononcée intégralement en français (car c’est probablement à cette époque la langue de l’amour par excellence), ce qui procure à Thomas Mann l’occasion d’effectuer une performance remarquable (on raconte que ne connaissant pas notre langue, il écrivit ce morceau armé d’un seul dictionnaire) mais ne procure en revanche aucun avantage à notre pauvre Hans car c’est au cours de cette déclaration qu’il apprend que… son adorée va quitter l’établissement dès le lendemain pour rejoindre le Daghestan où vit son mari. Castorp, pauvre hère, va ravaler sa souffrance et s’adonner à des dialogues moins langoureux. C’est là que nous rencontrons deux des personnages clés de ce roman : Lodovico Settembrini et Léo Naphta, l’un pensionnaire du Berghof mais qui va finir par lui préférer une habitation en ville, et l’autre vivant déjà dans cette ville.

Thomas MANN, 1875-1955, romancier allemand et Prix Nobel de littérature de 1929, vers 1929 | Photo Credit: Collection Dagli Orti / Culver Pictures / Aurimages

Qui est Naphta ? Qui est Settembrini ? Thomas Mann use d’un subterfuge pour nous faire connaître leurs débats alors qu’aucun des deux n’est le héros principal : Hans et Joachim, amis de longue date du second le rencontrent en compagnie du premier au cours d’une promenade. Ils sont ainsi présentés à Naphta qui les invite à passer chez eux, car les deux hommes sont colocataires d’un petit chalet tenu par un certain Lukaček, tailleur de son état. Les premières discussions entendues jouent le rôle d’appât. Hans et Joachim veulent en savoir plus et ils vont rendre visite aux deux hommes par un après-midi où ils veulent fuir l’atmosphère lourde du sanatorium. Ils sont fort bien reçus par Naphta, gâteaux, boissons chaudes, le tout dans une minuscule chambre regorgeant de richesses, Settembrini ne s’est pas encore montré, mais il apparaît bientôt alors que la conversation a déjà commencé. L’Italien, présenté comme homme de lettres, qui travaille à une encyclopédie personnelle, est, au premier abord, un bon républicain démocrate (il s’avérera franc-maçon par la suite), il croit dans les faits, la raison et la vérité factuelle. Il en va tout autrement de l’autre personne qui tient des propos obscurs et a en plus haute estime l’Église que l’État, attendant impatiemment que Ptolémée prenne sa revanche sur Copernic, ce qui ne saurait tarder selon lui. On l’a compris, ce Naphta pense que la science n’est qu’un système de croyances comme un autre, plutôt inférieur aux autres même, et surtout au système de croyances lié à la foi. Le débat peut nous paraître ancien et périmé, en tout cas aux yeux d’un homme comme moi qui reste inscrit dans une lignée rationaliste et pense que la vérité scientifique existe, en fait il ne l’est pas. Naphta, qui remet en cause l’héliocentrisme de Copernic, justifierait aujourd’hui que l’on puisse adhérer au créationnisme ou même à la croyance que la Terre est plate. C’est qu’il y a pour lui des valeurs plus hautes que la vérité objective (à laquelle il ne croit pas, d’ailleurs). Il n’est pas de « connaissance pure » mais seulement des réflexions qui devraient aider à mieux nous faire accéder à Dieu et à la foi religieuse. L’homme est la mesure de toutes choses, et si de « pseudo-découvertes » scientifiques nous éloignent de ce postulat, alors nous devons nous détourner d’elles.

Dans l’absolu, certes, toutes les positions sont possibles. Le langage nous autorise à les soutenir toutes. Nous sommes loin des promesses formulées par les logiciens du début du XXème siècle en faveur d’un langage tel que l’on ne puisse jamais, de son intérieur, proférer quelque chose de « faux ». C’était un leurre, une illusion. Il suffit de regarder autour de nous : tous les débats ont lieu. Naphta s’avère être un jésuite. Mais il aurait pu être autre chose. Il serait aujourd’hui l’un de ces anti-rationalistes (raffinés ou non) que fustige Pascal Engel. Il pourrait se réclamer de Foucault, de Lyotard ou de Latour, bref, il pourrait se réclamer de cette fameuse French Theory mise en avant par les universités américaines (et si bien analysée ici par la jeune blogueuse Joséphine), où l’on a parfois du mal à distinguer les traits principaux d’une pensée censée l’inspirer (car Foucault, Lyotard ou Latour n’étaient pas, ou ne sont pas, aussi « fous » que le montrent certaines dérives d’outre-Atlantique). Settembrini juge Naphta « pragmatiste », c’est exactement le qualificatif qu’Engel attribue aux adversaires contemporains du rationalisme. Il nous faut comprendre ici les descendants de Dewey et de de James, qui comprennent entre autres Rorty et Brandom (je dois pourtant avouer ici que j’ai une grande admiration pour ce dernier). On peut se demander parfois si Naphta serait proche de Latour, dont j’ai étudié le dernier livre récemment ici-même, d’autant que l’on sait les convictions catholiques du penseur écologiste. Ou de Stengers, les diatribes de celle-ci contre les modèles mathématiques et la conception de la philosophie comme argumentation rationnelle nous donnant rétrospectivement des doutes.

Naphta est sûrement créationniste. Cela me met à l’esprit la tribune que j’ai lue récemment dans « Le Monde » à propos de la pandémie actuelle en tant que preuve de la pensée darwinienne. Seule celle-ci permet en effet de rendre compte des développements fâcheux que nous connaissons à propos des variants. [On peut bien sûr, à partir d’elle, spéculer sur la course engagée entre variants et vaccins et se demander – mais ceci est tout à fait « métaphorique » – si un autre type de virus ne parasite pas cette course et la fausse en quelque façon puisqu’il donnerait un handicap au vaccin, à savoir le système économique, en un mot le capitalisme, qui met l’argent au-dessus de la poursuite d’un idéal de santé collective, entraînant les multiples scandales dont nous sommes témoins, les doses de vaccin vendues plusieurs fois, la distribution restreinte aux plus offrants et dans tout ça le retard pris par les pays les plus pauvres].

Ce qui est frappant dans la discussion entre Léo Naphta et Lodovico Settembrini (en tout cas telle que Thomas Mann nous la montre), et fascinant, c’est combien un système de pensée, mené (presque) à son terme (je dis « presque » car aucun système n’est vraiment mené jusqu’à son terme) semble finir par se contredire, comme si chaque joueur finissait sans s’en rendre compte par prendre la position de l’autre, au point que chacun devrait à un moment donné s’avouer vaincu puisqu’il est arrivé à une sorte de contradiction. Dans un monde d’idéalités (mathématiques par exemple), les choses devraient d’ailleurs se passer ainsi, mais dans la réalité, les mots bien entendu ont de multiples sens et il est possible de s’arranger avec eux sans que n’apparaissent au grand jour les vilaines contradictions.

Settembrini et Naphta, joués respectivement par Flavio Bucci et Charles Aznavour dans le film DER ZAUBERBERG réalisé en 1982 par Hans W. Geißendörfer (Photo by kpa/United Archives via Getty Images)

C’est pourquoi bien entendu notre héros Hans Castorp va finir par se méfier des deux acolytes. Il va d’ailleurs par lui-même découvrir une autre manière de penser. C’est là probablement ce que Mann veut nous délivrer comme message essentiel : qu’aucun système purement intellectuel ne parvient à ses fins, c’est-à-dire à s’auto-suffire, car à tout système de cette sorte manquera toujours l’aspect charnel, le vécu, lequel agit tel un oracle pour nous donner la direction du Nord au dernier moment de notre errance.

Il est bien sûr amusant de lire que c’est le catholique fervent qui finit par défendre la cause du communisme [c’est pour une raison assez simple à vrai dire : idée ici que les grands auteurs de la chrétienté à commencer par Saint Thomas d’Aquin ont été de virulents opposants à l’activité bancaire, c’est-à-dire au prêt et à l’usure, au prétexte que les intérêts des sommes prêtées seraient des manières de rémunérer le temps, alors que celui-ci, venant de Dieu, ne saurait être l’objet d’un commerce ou d’un échange… Il y avait à leurs yeux une exploitation encore plus sacrilège, celle du temps, méfait consistant à se faire rémunérer par une somme, à savoir l’intérêt correspondant au simple écoulement du temps, institution divine destinée à tous, dont on mésusait pour en profiter au détriment de l’autre… (p. 618)]

Ensuite viennent des débats de plus en plus spécieux : châtiments corporels, torture, peine de mort… Les déclarations du Jésuite vont toujours vers l’approbation de ces horreurs, alors que le vertueux humaniste italien manifeste son dégoût. Pour Naphta, les châtiments corporels, comme leur nom l’indique, ne s’en prennent qu’au corps, et donc, pour un peu, ils libèreraient l’âme, quant à la torture, elle soulage l’âme car le corps la force à résister à l’aveu, et ainsi de suite… Sur la maladie, le débat est vif, est-elle contraire à l’humanité ou bien exprime-t-elle une sorte d’essence de celle-ci ? En filigrane dans les débats d’aujourd’hui : devons-nous tout sacrifier à la lutte contre la maladie (position de nombreux médecins et scientifiques) ou bien devons-nous nous en accommoder, admettant que celle-ci fait partie de notre humanité et qu’il y a d’autres « valeurs » à défendre que la seule « santé » (position souvent entendue ces temps dans la bouche d’un André Comte-Sponville) ? Settembrini soutiendrait le premier point de vue et Naphta le second (et Comte-Sponville serait sûrement affligé de se voir implicitement taxé de… jésuitisme!). Le premier point de vue d’ailleurs est vite caractérisé comme « bourgeois » (ce que certainement le philosophe contemporain sus-cité ferait aussi) une vision bourgeoise de la vie dit Naphta… comme si le contraire de la vie – et on savait bien quoi – avait été plus distingué ! Pense aussitôt Hans Castorp. Settembrini attire Castorp à sa cause : quoi de plus beau que la vie ? On serait en droit d’affirmer que seul un être digne de vivre était vraiment digne d’être aimé (p. 711).

Alors que pour Naphta, la maladie était tout à fait humaine, car être homme c’était être malade. Et de s’en prendre à ceux qui veulent le guérir, en tentant de le ramener à la nature (tous ceux qui, de nos jours, se posaient en prophètes, en adeptes de la régénération, des crudités, du plein air, des bains de mer et de soleil et cetera, tous ces Rousseau n’aspiraient qu’à déshumaniser l’homme, à le rendre bestial. […] C’était sur l’esprit et la maladie que se fondaient la dignité et la distinction humaines. Et Naphta en vient même à dire que le progrès – à supposer qu’il existât – était dû à la maladie, autant dire au génie lequel n’était qu’une maladie. Les valides n’avaient-ils pas sans cesse tiré profit des conquêtes de la maladie ? (p. 714). Paradoxe bien sûr étonnant car admettre l’existence de « valides » est déjà admettre qu’on puisse ne pas être malade…

Mais à se porter garant de la raison (face à l’idolâtrie de la passion), Settembrini s’expose au reproche qui émane aujourd’hui de tous les défenseurs d’un anti-universalisme : la raison ne serait-elle pas que celle de la classe bourgeoise ? Aujourd’hui dirait-on, celle des blancs et des humains de sexe masculin ? Pour l’heure, c’est vers la bourgeoisie que se trouve assigné l’humaniste par le Jésuite, comme s’il s’agissait de la pire des tares, en tout cas une position qui interdirait que l’on se dît pleinement humaniste. Où l’anti-humaniste se pose en « vrai » humaniste…

On ne savait plus qui était pour la piété, ou pour la liberté. En quelques mots acerbes, Naphta interdit à M. Settembrini de se dire individualiste, vu qu’il niait l’antinomie entre Dieu et la nature, et que, pour lui, le problème humain du conflit inhérent à la personnalité se réduisait à un conflit entre intérêt individuel et intérêt collectif. Alors que Naphta, lui, sachant que ce problème était fondé plutôt sur l’antagonisme entre le sensible et le suprasensible, était le représentant du véritable individualisme mystique et, à proprement parler, l’homme de la liberté et du sujet.

Ce à quoi Hans oppose en son for intérieur les proclamations du jésuite en faveur d’un art « anonyme et créé en commun » qu’il avait proférées lors d’une précédente discussion, ainsi que la conception toute pédagogique et nivelante qu’il avait professée du rôle du catholicisme… et puis n’y avait-il pas plus de noblesse à défendre la notion d’une vérité objective que de subordonner, comme le faisait Naphta, la vérité à l’intérêt humain ? N’y avait-il pas dans ce « pragmatisme » quelque chose d’autrement plus « bourgeois » que d’adhérer à une conception ascétique du vrai et de la raison ? On sait que les philosophes dits « pragmatistes » (dont Peirce) ont du se défendre de ceux qui leur objectaient qu’une telle doctrine ne pouvait convenir qu’aux riches marchands qui cherchaient avant tout leur intérêt (au point que Peirce avait songé à changer l’intitulé du mouvement, « pragmaticisme » peut-être aurait été mieux). Il y a évidemment quelque paradoxe à voir un jésuite se dire à la fois pragmatiste (par refus de la vérité) et en guerre contre les bourgeois, tout autant peut-être qu’il y a paradoxe à ce qu’un défenseur de la vérité (« neutre » et « objective ») se pose en individualiste cherchant l’émancipation de la personne humaine sous la forme d’un « sujet » libre… mais comme il est dit plus haut, il se peut que tout ne soit qu’une question de mots, comme finit par le percevoir notre héros.

Que dire ici ? Que c’est un paradoxe de la raison, que de ne pas arriver à imposer son ascendant de manière « raisonnable », et qu’il faille se battre pour elle. Alors que c’est juste une contradiction que de devoir se battre pour une chose qui devrait aller de soi. Mais ce n’est pas moindre paradoxe que de croire que ce qui est bien est ce qui est pour notre bien comme s’il n’était pas trop facile de se déterminer après coup un objectif d’après ce que l’on atteint en faisant croire qu’on l’avait toujours cherché.

Comment Castorp sort-il de là ? Il a une sorte d’illumination, qui lui vient de cette épreuve qu’il subit à devoir affronter seul une terrible tempête de neige. Epuisé, il s’endort alors que la tempête fait rage, appuyé sur le mur d’un fenil, un peu abrité par un auvent. Il ne sait plus où il est, il a tourné en rond sans s’en apercevoir à cause de l’absence de visibilité, et dans son sommeil il rêve… Rêve double, qui commence en féérie et se termine en cauchemar. Le côté « féérie », c’est l’harmonie qui semble régner au sein d’une communauté, le soleil et les douceurs du Sud qu’il n’a presque jamais goûtés, les ébats joyeux de jeunes gens avec des animaux, des filles qui dansent nues et se saisissent avec grâce des fruits à portée de leurs mains… mais au moment de saisir tout cela, Hans se voit invité à jeter un regard en arrière pour découvrir un temple imposant et rigide qui recèle en son ombre de bien étranges et cruelles pratiques. Il a vu en un clin d’œil la réalité du monde qui n’est qu’opposition entre amour et beauté d’une part et cruauté et laideur de l’autre. Il réalise qu’aucun des deux points de vue ne résout à lui seul cette tension. N’étant que la vertu, la raison se trouve toute sotte face à la mort

Se collisionnent en moi, à ce moment-là, cette lecture et celles des jours précédents, lorsque par exemple, je lisais Jaccottet et que le poète me semblait chercher lui aussi une voie médiane, entre la joie d’exister et l’accablement face au mal qui hante le monde. Pour Hans, et donc pour Thomas Mann qui en a fait son porte-parole, ce qu’il s’agit de trouver c’est une voie médiane entre raison et anti-raison, mais je me demande si ce n’est pas le même dilemme.

Ainsi les grands textes littéraires nous élèvent-ils toujours vers un approfondissement de l’être, comme si, parfois, ils parlaient à notre place, recélant en eux toutes les questions et tous les débats qui nous animent sans cesse, et auxquels nous ne savons souvent pas donner les mots qu’il faudrait pour les dire.

Il me reste encore un peu de chemin à faire (le dernier chapitre! – le livre en compte sept).

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8 commentaires pour Carnet de lecture: Montagne magique (II) – Settembrini et Naphta: rationalisme et anti-rationalisme

  1. Girard dit :

    « ainsi les grands textes littéraires nous élèvent ils » Ce livre est monumental, fascinant, hypnotique, creuse en nous jusqu’a nous faire perdre pied Fantastique décor de montagne ou rodent ensemble la mort, le désir, la passion, l’effort dérisoire de donner un sens à la vie : une sorte de sidération jouissive et morbide devant le spectacle des humains.

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    • alainlecomte dit :

      salut Albert! je sai combien tu as aimé ce livre, et c’est même toi qui m’a convaincu de le lire. Je ne le regrette pas. Oui, « une sorte de sidération jouissive et morbide devant le spectacle des humains » mais aussi parfois de longs discours dont nous avons perdu un peu le sens aujourd’hui, et qui nous semblent grandiloquents (le dialogue entre Hans et Peeperkorn par exemple… ). Les plus belles pages sont peut-être celles de la fin, quand tout cela se termine dans les atrocités de la guerre de 14. Mais j’y reviendrai la semaine prochaine! Bonne santé à toi, et à bientôt j’espère.

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  2. Debra dit :

    Oui à la grande littérature qui nous élève, en refusant de faire une lumière totale et explicite sur l’expérience humaine. Je ne vois pas comment le matérialisme scientifique pourrait avoir… raison de la métaphore quand même. Le plus cocasse étant qu’en essayant d’avoir raison de la métaphore, il ne fait que forger… de nouvelles métaphores (mais des métaphores que je trouve laides et brutales, sans élégance ou grâce).
    Le hasard voudrait que je sois dans Paul Tournier ce matin, « La Médecine de la Personne ». L’âge venant, je reviens vers mes racines chrétiennes, et le mystère de la foi chrétienne avec ce qu’elle exige d’insensé pour l’Homme. Cela me plaît. La soif… ma soif… des grandeurs ne se satisfait pas d’un matérialisme scientifique réducteur, ce même matérialisme qui sévit malheureusement en médecine en ce moment. Paul Tournier est à 180° de notre médecine (et nos médecins) se pensant… si intelligents.
    Très peu pour moi.
    Et pour les discussions… jésuites ? de salon, bon, ça devient lassant aussi. Surtout le grand salon moderne visible sur Internet. Il manque d’élégance. Que ce soit sur Internet à l’heure actuelle ou dans le passé, la fuite dans le « divertissement » en raison des angoisses existentielles qui font la condition même de la créature (que nous sommes) reste… la fuite.
    La semaine dernière je me suis recueillie dans « La Passion selon Saint Jean » pour le vendredi saint, texte à la main, et j’ai jubilé cette semaine dans « Le Messie » de Haendel. En suivant les traces de tant d’autres fidèles qui m’ont précédée dans ces communions.
    Je ne réduirais pas ma position à un anti-rationalisme, par contre. Il s’agit d’affirmer qu’il y a des royaumes où la monnaie de la raison n’a pas cours…
    Cordialement.

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  3. Girard dit :

    Debra. Avez vous lu le livre? Le décor de Thomas Mann est tout sauf un forum d’internet et ne manque pas d’élégance Il est très loin de dénigrer la spiritualité. Entre nous, affirmer « qu’il y a des royaumes ou la monnaie de la raison n’a pas cours » c’est presqu’un truisme: toute personne « respectable » à mon idée du moins, en est réduit à votre constat. II y a des croyances et de la science qui nous organisent tant bien que mal. Privilégier grandement une des deux jambes nous feraient à coup presque sûr au moins trébucher . Mais peut-être vous ai je mal compris?

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    • Debra dit :

      Girard, ça fait longtemps que j’ai poussé la porte pour rendre visite à Alain. Je ne critique pas « La Montagne Magique », ni même les discussions de salon dedans qui ont leur raison d’être, sûrement. Je critique notre insignifiance (collective) croissante que notre came rend possible à grande échelle. Je remercie Alain de mettre ses comptes-rendus de Mann, que je ne lirai peut-être pas, ou qu’Alain me donnera envie de lire, allons savoir. Je sais que je devrais privilégier la lecture de Mann… même aux billets d’Alain en ce moment, mais je suis une grande pécheresse, comme nous tous…
      Cordialement.

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  4. PASCAL ENGEL dit :

    Très belle évocation et analyse. vous avez bien raison de relire le Zauberberg, moi j’adore Settembrini. C’est Benda.

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  5. alainlecomte dit :

    ??? oui, c’est hors-sujet! (pour le moins…)

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