« J’ai vu New York / New York USA / Je n’avais rien vu d’au / Je n’avais rien vu d’aussi haut / Oh! C’est haut, c’est haut New York » chantait Gainsbourg. Je peux dire la même chose. En ce début de janvier, tu te souviens, C. comme il faisait froid, pas les deux premiers jours pourtant, mais après, quand le beau temps justement était arrivé, avec son ciel bleu et glacial, et comme cela nous fatiguait de marcher au long des grandes avenues depuis l’Empire State jusqu’à Tribeca, depuis là-haut jusque là-bas, au pied des glaciers transparents que sont devenus les gratte-ciel des années 2000. Si transparents que, se confondant avec la lumière du ciel, on dirait qu’ils ne sont là que comme des fantômes ou des sortes de voiles tendues au-dessus d’une vie grouillante d’en bas. New York, le Ciel et l’Enfer.
New York, Manhattan, Brooklyn. Le pont de Brooklyn et ses drôles de manchons autour des câbles. Son couloir trop étroit pour piétons et vélos. Brooklyn Promenade, face à la High Line. Comme ils ont dû être interdits ceux qui se promenaient là un certain jour de septembre quand ils ont « vu »… car d’où pouvait-on mieux voir ? Les « évènements » de septembre, du 11 plus précisément, comme on y pense, en arpentant les rues de Lower Manhattan, et plus encore évidemment quand on visite le Mémorial… La gorge se serre, on
prendrait presque mal devant ces témoignages innombrables, restes de vêtements abandonnés, vieux sacs, porte-monnaie, poupées, gants, portraits. Reconstitution, films, récits répétés, piliers extraits de l’enchevêtrement des ruines, camions de pompiers écrasés. New York, Harlem, Bronx. Ne sont plus ce qu’ils étaient. Gentryfiés ils ont été… pourtant subsiste encore quelque église baptiste pour le gospel du dimanche matin. Duane, le jeune guide qui nous y accompagne : « vous croyez tous, les Européens, que le but d’une société est l’égalisation des chances, eh bien, non, pas ici ! ». Passage devant les universités (« ici, c’est entre cinquante mille et quatre vingt mille dollars par an, les inscriptions »). Yankee Stadium. Hudson River. En face le New Jersey. Newark, où se passe « La pastorale américaine », de Philip Roth. Drôle de livre entre parenthèses. Des passages renversants, coup de poing, et puis des longueurs, des longueurs… et tout ça pour faire comme si les déboires de la société américaine étaient dus au fait que maman a un amant et papa a une maîtresse… New York, état de l’Empire, état de luxe, de luxure et de pire. Desesperate Homeless in the streets. Mais qui les voit ? Qui ne marche pas carrément dessus ? Depuis l’observatoire de l’Empire State Building, au moins, on ne voit rien. Je veux dire : on ne voit pas la misère. La misère est trop microscopique, c’est la vermine, elle grouille, on ne la voit pas du ciel. De là-haut, les autos sont des jouets au 1/86ème et on ne voit même pas les gens. On voit juste les tours, les pyramides, les boites qui s’empilent jusqu’aux nuages et les fumées. Et le ciel. Dommage qu’il n’y ait plus de transatlantiques. Dommage que ce ne soit plus comme quand Paul Strand filmait New York en 1920… New York les musées.
Le Metropolitan Museum of Art notamment, les plus riches collections. Je découvre l’Egypte de l’époque romaine. Je vois enfin les plus célèbres El Greco. Et tu vois encore du Caravage toi qui les aimes tant (« les musiciens » entre autres). Et van Dijk et Rubens. Et Vermeer, et Rembrandt. Et Greuze, et Corot et Rousseau et les impressionnistes et Gauguin et van Gogh. Et l’art asiatique. Japonais en particulier. Un faon empaillé coulé dans le verre avec des bulles de cristal, la vision peut-être la plus poétique de tout un voyage (oeuvre de Nawa Köhei, PixCell Deer #24, 2011, Mixed media: taxidermied deer with surfaced covered with glass, acrylic, and crystal bead).
Le Guggenheim qui expose en ce moment Alberto Burri, le brûleur de matériaux, de bois, de plastique, transparent, blanc ou rouge, plastiques troués, plastiques tordus à la manière des poubelles incendiées. Le MoMa un peu en reste, qui n’a que les sculptures de Picasso à se mettre sous la dent (pas ce qu’il y a de mieux dans l’œuvre du maître, cessons de prendre une selle de vélo munie d’un guidon pour l’équivalent de la victoire de Samothrace, voire même pour un Giacometti) et quelques Pollock au format restreint.
New York la musique. « Un Américain à Paris » au Palace. Spectacle qui vous en met plein les yeux les oreilles et dont les décors sont un hommage à l’art abstrait des années cinquante. Malheureusement Chris Botti, un trompettiste, au Blue Note, qui en fait de jazz, joue les rengaines d’Andréa Bocelli. Sirupeux au possible. New York les fast food, les Wendy’s, les Chipotle, les Prêt-à-manger ( ???), les O’Reillys, les Starbucks. Ne pas oublier de rajouter le pourboire. 15% de 16,90, ça fait combien déjà ? Ah bon, c’est pas assez ? faut mettre 18%, 20% ? N’exagérons pas quand même… New York le fric. Il nous a bien dit Duane : « ils n’en veulent qu’à votre argent. Quand vous avez fini de consommer, ils viennent tout de suite avec la note, c’est pour que vous ne restiez pas. Il y en a d’autres qui attendent ». Oui. Il y en a toujours d’autres qui attendent…
Empire States Building oh! c’est haut
Rockfeller Center oh! c’est haut
Internationnal Building oh! c’est haut
Waldorf Astoria oh! c’est haut
Panamerican Building oh! c’est haut
Bank of Manhattan oh! c’est haut
NYC : Oh Hisse !
Oui, c’est d’enhaut (si on ne se fait pas choper par King-Kong) que l’on voit le mieux NYC… J’ai été dans les Twin Towers quand elles étaient encore dressées… l’atterrissage a dû être dur.
NYC ta mère, on dirait ici.
Il paraît qu’il faisait 21° à Noël : Tribeca (lointain DSK) et Central Park, même pas sous la neige…
NYC la Cop 21 !
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21 à Noel mais -10 ces derniers jours… NYC la COP21, ah oui, on peut le dire et j’aurais dû en parler dans mon billet: NY la ville du gaspillage dans l’entrain! Seul le profit immédiat compte ici.
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