On parle des migrants. Ne faudrait-il pas dire plutôt « réfugiés »… Le mot de « migrant » a conquis sa place, en tout cas en France et dans les associations qui prennent cette question à bras-le-corps, mais on ne sait au prix de quelle confusion. Il y a quelque chose d’universel dans le terme de migrant : nous sommes tous plus ou moins destinés à le devenir, surtout les plus jeunes, ceux et celles qui iront faire carrière ailleurs qu’en France, et puis ceux et celles – ils ou elles existent – qui préfèreront passer leurs vieux jours sous des cieux habituellement ensoleillés du Portugal ou du Maroc… Il n’y a pas de dramatisation sous le terme de « migrants », juste l’idée de gens qui voyagent, et n’est-il rien de plus beau que le voyage tel que déjà Baudelaire l’évoquait (Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,/ L’univers est égal à son vaste appétit./ Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !/ Aux yeux du souvenir que le monde est petit !). Mais les gens sérieux diront aussitôt que ce n’est pas de ces voyages là qu’il s’agit ici, ou qu’alors nous désignons par un bel euphémisme ceux que nous accueillons dans nos centres d’accueil lorsque nous les appelons « des migrants ». Ils sont des réfugiés, qu’ils le soient pour la raison d’échapper à la guerre ou pour celle de trouver des solutions à leur misère ou à celle de leur famille. (Incidemment, Baudelaire lui-même évoquait cette diversité de raisons de « migrer » : Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; / D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, / Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,/ La Circé tyrannique aux dangereux parfums. Gageons que ceux qui fuient la Circé tyrannique sont peu nombreux). Réfugiés donc ils sont.

Migrants and refugees walk near razor-wire along a 3-meter-high fence at the official border crossing between Serbia and Hungary, near the northern Serbian town of Horgos on September 15, 2015. Hungary effectively sealed its border with Serbia on September 15 to stem the massive influx of refugees as Germany slammed the « disgraceful » refusal of other EU countries to accept more migrants after 22 died in yet another shipwreck. AFP PHOTO / ELVIS BARUKCIC
Au-delà de cette caractérisation, il reste à répondre à la question : que faire d’eux ? Dans le tumulte des voix discordantes qui viennent d’ici ou là, portées parfois par d’authentiques philosophes, d’autres fois par de médiatiques polémistes, ou bien encore par des démographes, des sociologues ou des politologues, il faut parvenir à tracer des lignes de démarcation, des horizons de positions. Un regard simpliste dirait qu’il y a les « pour » et les « contre », entendez ceux qui sont pour qu’on leur ouvre toutes grandes les portes et ceux qui souhaiteraient au contraire les leur fermer. Inutile ici de renvoyer aux positions de politiques qui ont vite compris comment exploiter la situation. Ils tirent avantage de ce que la question est sujette à soulever peurs et fantasmes. On avancera ici simplement des chiffres. Non, nous ne sommes pas sous la menace d’un envahissement, encore moins d’un « remplacement de population ». Sur cinq cent millions d’habitants que compte l’UE, il n’y a en ce moment que vingt-et-un millions d’étrangers, et en 2014, les pays de l’UE ont, dans leur ensemble enregistré 650 000 demandes d’asile politique, ce qui est fort peu. Certes, depuis cet été, ce nombre a considérablement cru (on parle de 700 000 personnes franchissant la Méditerranée en 2015). Des centaines de milliers, voire quelques millions, ne font toujours qu’un modeste pourcentage par rapport à la population globale de l’Europe.
Mais quand même… diront certains, en toute bonne foi, car ces centaines de milles ou ces millions-là, il faudra bien les caser et les populations des pays d’accueil, bien sûr, auront peur… Les associations ne peuvent pas éluder les problèmes posés par cette peur, ouvrir toutes grandes les frontières ne paraît pas raisonnable (du fait du désordre qui s’en suivrait, aucun pays n’ayant le temps de se préparer à l’accueil d’une telle masse de gens). Mais les fermer ne le serait pas plus. Comme cela est dit dans un autre billet, on n’ose imaginer quelle colère s’emparerait des millions de réfugiés demeurés coincés dans un camp de Turquie ou de Jordanie, ni quel terreau nouveau pour la violence et le terrorisme se répandrait ainsi. Les murs, aussi haut soient-ils, sont insuffisants à endiguer la colère et la violence. Israël en sait quelque chose.
On dira, certes, pour justifier l’ouverture des frontières : « nous » sommes responsables, car ce sont les Etats occidentaux qui ont en partie généré la situation, par leurs interventions armées en Afghanistan, en Irak et en Lybie. Si les populations de ces pays tentent de venir chez nous, nous leur devons de les accueillir du fait de ces conflits déclenchés par « nous ». Mais qui est « nous » ? Ce sont les Etats qui sont intervenus, c’est-à-dire des gouvernements, certes élus par leurs peuples, mais qui ont abusé de leurs mandats (souvent en mentant, comme dans le cas de l’Irak et de ses prétendues « armes chimiques »), et ce ne sont pas les peuples qui, eux, n’ont jamais été consultés sur ces questions… Et c’est toujours la même chose : un gouvernement agit, est fauteur de guerre, et le peuple qu’il gouverne devrait payer les pots cassés.
Parmi les « intellectuels » de toutes sortes qui sont intervenus dans le débat, j’en distinguerai deux, très différents : un physicien et polémiste, Jean Bricmont, et un philosophe, Slavoj Zizek. Commençons par le premier, qu’a priori on serait tenté de ranger dans le camp des « contre », et dont je me méfie en général, un Bricmont qui a frôlé parfois l’antisémitisme, et qui, dans le fond, se voit bien en compagnie de Dieudonné voire pire… Or, en écoutant ce qu’il dit (video ici), on se rend compte qu’il n’est pas « contre », mais que, simplement, il veut attirer notre attention sur les conséquences de nos attitudes. Il n’est pas de ceux qui, ignominieusement, ont tenté de jeter un doute sur la réalité du corps de l’enfant trouvé sur une plage turque (suivez mon regard…). Il n’est ni même de ceux qui veulent déprécier un argument sous prétexte qu’il serait trop basé sur « l’émotion » (et alors ? nos émotions ne sont-elles pas la chair de nos raisons ?), non, il nous explique simplement que si nous adoptions une attitude radicale (du genre de celle prônée par une partie de l’extrême gauche – le NPA notamment) alors nous subirions des conséquences gravissimes en termes d’installation de l’extrême droite au pouvoir dans la plupart des pays d’Europe, et ce pour de longues années… Déjà, les élections polonaises sonnent comme un avertissement. Et une fois cette extrême au pouvoir, à commencer dans nos régions françaises, que pourrions-nous faire, nous, les militants, ceux qui tentent de faire vivre encore un peu l’humain qui est en nous ? Une élue au conseil régional de Rhône-Alpes lançait récemment un appel sur FB, elle y disait que le 16 octobre dernier tous les élus de l’opposition ( MODEM, ex UMP , UDI, FN) au conseil régional de Rhône-Alpes avaient voté encore une fois et comme toujours depuis 2010, contre tous les rapports présentés par sa délégation « éducation populaire et démocratie participative », donnant ainsi un avertissement à l’attention des associations : « Non à l’aide à la création d’emploi associatif, non aux soutiens et conventions d’objectifs pluriannuels, non à la formation des bénévoles […], non à l’accompagnement des associations sur tous les territoires via les structures d’appui à la vie associative, non au soutien aux actions de participation citoyenne, non aux initiatives de solidarité locale et internationale ». Et on pourrait ajouter plus spécifiquement : « non au soutien aux associations qui œuvrent pour un meilleur accueil des réfugiés ». Cela laisse entrevoir ce qui se passera dans les régions qui auront été conquises par la droite, et pire encore, par l’extrême droite.
Pour en revenir à Bricmont, donc, il est de ceux qui, loin de « s’opposer à l’accueil des réfugiés », veulent prévenir du fait qu’un accueil « trop généreux » risque de renforcer les tendances fascisantes au sein de l’Europe, ce qui aurait ensuite pour effet de bloquer tout accueil. Il situe bien sûr la responsabilité de cet état de fait dans le rôle joué par les politiques occidentales d’intervention. C’est une position cohérente, mais qui ne nous dit pas ce que nous devons faire dans l’immédiat. Or, ce que nous devons faire dans l’immédiat, en dépit de tout cela, c’est quand même et toujours notre DEVOIR, le devoir d’accueil. Certains ont dit qu’il valait mieux perdre une élection dignement que la gagner dans la honte… c’était peu dire. Nous en sommes plutôt maintenant à préférer aller au devant de notre littéral « achèvement » (au sens où « on achève bien les chevaux ») par la réaction brutale plutôt que reculer dans la honte de n’avoir rien fait, aller bravement au combat dont les origines viennent de nos gouvernants, plutôt que tourner le dos en disant qu’après tout, ce n’est pas notre faute. Cela s’appellerait le courage. Ou bien, reprenant le mot d’Alain Badiou, on pourrait dire : L’obstination politique doit pouvoir se soutenir de l’absence de l’espérance historique. Dans cette attitude courageuse, nous savons que nous avons peu à attendre des gouvernements, occupés ailleurs, et que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. Cynthia Fleury, dans une intervention à une table ronde, citait les mots de son maître Vladimir Jankelevitch : « cette chose qu’il faut faire, c’est à moi de la faire » (sous-entendu : je ne dois pas attendre qu’elle soit faite par d’autres, comme l’Etat, ou mon gouvernement).
Slavoj Zizek, qui a écrit un article paru dans la London Review of Books (au titre provoquant: « The Non-Existence of Norway ») a une position nuancée comparable, alors que lui, on le situerait plutôt d’emblée dans le camp des « pour ». Car il craint, lui aussi, les retours de bâton des peuples au cas où les frontières seraient un peu trop ouvertes et où on laisserait les réfugiés se répartir d’eux-mêmes entre les pays d’accueil (mais comment « obliger » quelqu’un à aller dans un pays plutôt qu’un autre ?), et lui aussi situe les responsabilités dans le même camp :
If we really want to stem the flow of refugees, then, it is crucial to recognise that most of them come from ‘failed states’, where public authority is more or less inoperative: Syria, Iraq, Libya, Somalia, DRC and so on. This disintegration of state power is not a local phenomenon but a result of international politics and the global economic system, in some cases – like Libya and Iraq – a direct outcome of Western intervention. (One should also note that the ‘failed states’ of the Middle East were condemned to failure by the boundaries drawn up during the First World War by Britain and France.)
Mais il se prononce de façon beaucoup plus claire que Bricmont sur ce qu’il convient de faire dans l’immédiat:
First, in the present moment, Europe must reassert its commitment to provide for the dignified treatment of the refugees. There should be no compromise here: large migrations are our future, and the only alternative to such a commitment is renewed barbarism (what some call a ‘clash of civilisations’)
Il faut avoir le courage de dire et d’admettre en effet que notre destin désormais, c’est-à-dire le destin de l’humanité, est dans les migrations : la libre circulation des biens et marchandises qui est devenue la loi internationale pour des raisons économiques (et on ne voit vraiment pas comment on pourrait revenir en arrière, à moins d’un cataclysme) entre nécessairement en contradiction avec l’empêchement des individus de circuler eux-mêmes librement de pays à pays, mais de même que des organismes tentent de réguler le commerce international (quoi que l’on pense des résultats atteints), il faut aussi réguler les flux d’échange de migrants :
As a necessary consequence of this commitment, Europe should impose clear rules and regulations. Control of the stream of refugees should be enforced through an administrative network encompassing all of the members of the European Union (to prevent local barbarisms like those of the authorities in Hungary or Slovakia). Refugees should be assured of their safety, but it should also be made clear to them that they must accept the destination allocated to them by European authorities, and that they will have to respect the laws and social norms of European states: no tolerance of religious, sexist or ethnic violence; no right to impose on others one’s own religion or way of life; respect for every individual’s freedom to abandon his or her communal customs, etc. If a woman chooses to cover her face, her choice must be respected; if she chooses not to cover her face, her freedom not to do so must be guaranteed. Such rules privilege the Western European way of life, but that is the price to be paid for European hospitality. These rules should be clearly stated and enforced, by repressive measures – against foreign fundamentalists as well as against our own racists – where necessary.
Oui, les réfugiés doivent respecter les lois et normes sociales des Etats européens, il ne doit y avoir aucune tolérance pour la violence religieuse, sexiste ou ethnique, aucun droit à imposer sa religion ou son mode de vie […] En retour, évidemment, les lois et conceptions de la démocratie en vigueur dans nos états doivent s’exercer pleinement en faveur des accueillis. Ainsi, « si une femme choisit de couvrir son visage, son choix doit être respecté, si elle choisit de ne pas couvrir son visage, sa liberté de ne pas le faire doit être garantie » (c’est pourtant pour moi une question ouverte de savoir si on peut accepter une dissimulation du visage dans des sociétés où la vie sociale a pour socle la possibilité d’interagir à visage découvert, face contre face, les expressions faciales faisant partie intégrante de notre vocabulaire d’émotions).
La quatrième condition posée par Zizek afin de définir un cadre pour l’accueil des réfugiés est évidemment la plus hypothétique, contestable, voire utopique. C’est peut-être pour cela que « Le Monde » (du 10 septembre) qui traduisait cet article n’en donnait qu’une traduction très partielle (d’aucuns diraient à juste titre, même, « caviardée » !)
Fourth, most important and most difficult of all, there is a need for radical economic change which would abolish the conditions that create refugees. Without a transformation in the workings of global capitalism, non-European refugees will soon be joined by migrants from Greece and other countries within the Union. When I was young, such an organised attempt at regulation was called communism. Maybe we should reinvent it. Maybe this is, in the long term, the only solution.
Une de mes bonnes amies, née en URSS sous Brejnev, s’est étranglée de rage. Elle partageait jusque là l’analyse de Zizek, mais là tout de même, invoquer le communisme quand on a connu le régime soviétique et les nombreux défauts des pays de l’Est, c’était dépasser les limites de l’acceptable. On peut évidemment lui répondre que l’on met aujourd’hui sous ce terme ce que l’on veut… si « communisme » signifie régulation dans le but de répartir de la façon la plus juste joies et souffrances sur cette planète, why not ? Même si, on l’avouera, l’emploi du mot est assez provoquant… et n’assure pas à Zizek la garantie d’être compris par ceux à qui il s’adresse et seraient les plus aptes à comprendre sa position…
Il y a finalement beaucoup de points communs entre ces deux positions a priori différentes. L’accueil est évidemment un devoir, une sorte « d’impératif catégorique » dirait un kantien, il est partie intégrante de ce qui nous définit comme humain, on ne saurait le contester. Mais il demeure (heureusement ?) que l’humain justement, n’est pas si malléable et que l’on doit tenir compte dans l’effectuation même de nos élans en faveur de l’humanité, des blocages et réticences qui peuvent se manifester dans une partie d’elle-même, à moins de s’en remettre aux perspectives très incertaines d’une « révolution » globale qui bouleverserait totalement les modes de circulation et de répartition des biens comme des personnes. Mais nous serions là passés dans un autre « monde possible »…
Je pense qu’il est réducteur d’imaginer que les raisons pour lesquelles des personnes dans la détresse.. économique, ou sentant qu’elles sont soumises à une insécurité injustifiée dans les lieux où elles se trouvent… sur la planète… se limitent à nos ingérences politiques ou militaires dans les pays en question.
Ce qui me frappe, en écoutant les témoignages de certaines de ces personnes, c’est leur revendication ? leur conviction générale, qu’il est juste, normale de pouvoir vivre dans la sécurité dans un pays pacifié.
Ils refusent que la guerre soit possible.. pour eux, pour leurs proches.
Ils sont des pacifistes… intégristes, pourrait-on dire.
Vous reconnaîtrez qu’il s’agit d’un effet de.. NOTRE évangélisation de nos valeurs (droits de l’homme) sur la planète entière (et pas d’interventions militaires, là).
Sans cette évangélisation, et les effets qu’elle produit (et continue de produire…), combien de ces personnes, SANS TROUVER « NORMALE » la situation où elles se trouvent, resteraient SUR PLACE dans… LES LIEUX OU ELLES SONT NEES ET ONT GRANDI, pour essayer de changer leur condition ? de survivre ? même.. de vivre ?
Ce qui me semble néfaste dans notre perception de LEUR situation, c’est la rapidité avec laquelle nous.. LES réduisons à des victimes, en sachant que la place de la victime se caractérise par l’impuissance, et je ne connais aucun.. animal bien portant qui veut être réduit à l’impuissance, ou au statut d’un objet sacrificiel.
Pour l’accueil de l’étranger, il s’agit de l’antique valeur de l’hospitalité, je crois.
OR… pour l’antiquité, un hôte accueille un autre hôte, mais.. LES DEUX ONT UN VISAGE.
A partir du moment où nous sommes dans les chiffres élevés, nous ne sommes pas dans la topo de l’hospitalité, mais autre chose qui a trait à l’abstraction. Il n’est ni souhaitable, ni possible de généraliser l’hospitalité à des catégories de personnes ET QU’ELLES GARDENT UN VISAGE.
Pour le communisme… c’est une forme particulière relativement moderne du projet Paulinien. (Se souvenir que les communautés chrétiennes du temps de l’Eglise dite primitive fonctionnaient dans un esprit communiste, avec partage des biens, etc.)
Décidément… les projets universels, QUELS QU’ILS SOIENT… portent la poisse…
« La corruption du meilleur engendre le pire. » Nous y sommes, là.
Merci pour cette comparaison très pédagogique entre ces deux penseurs, sur un sujet brulant qui excite les passions…
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vous êtes vraiment gonflée de parler de « pacifistes intégristes »! Je crois que cela vous est vraiment facile. C’est au contraire faire de l’européocentrisme que croire que les autres peuples n’ont pas le même besoin de paix que nous! Bientôt, vous allez nous sortir, comme le général Westmoreland, que « ces gens n’ont pas le même sens de la vie et de la mort que nous »….! (ce qui lui permettait de justifier sans gêne les bombardements sur le Vietnam).
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@ alainlecomte : Totalement d’accord avec toi sur le terme de « réfugiés » qui devrait primer sur celui de « migrants » (pourquoi pas aussi des « pèlerins » se baladant tranquillement sur les routes ailleurs qu’en direction de Compostelle… ?), et pourquoi cette distinction entre « migrants » dits « économiques » et « politiques », comme si leur situation n’était pas imbriquée.
Je plains les services de… l’immigration (mais on n’est plus à Ellis Island) !
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