Le drame de Lampedusa s’inscrit dans l’indifférence générale. Il n’y aurait plus de place aujourd’hui pour tant soit peu d’humanité. J’entendais hier sur une radio nationale N. Dupont-Aignan railler avec hauteur une interlocutrice philosophe qui avait le malheur de s’émouvoir. Il lui renvoyait à la figure l’émotion facile. Quand on est un responsable, n’est-ce pas, il faut raison garder et tenir sa tête au froid (attention à ne pas s’enrhumer…). Or, ces gens qui traversent les mers au péril de leur vie, ce sont nos frères en humanité. Ils quittent leurs terres non par plaisir mais parce qu’ils ne peuvent plus y vivre. Parce que la guerre y fait rage, de la manière souvent la plus brutale, la plus sanguinaire. La guerre sans pitié. Comme en Syrie, ou en Somalie, comme il n’y a pas si longtemps encore et peut-être encore aujourd’hui au Congo. Comme en Irak ou en Afghanistan. L’Europe ne peut pas accueillir tout le monde ? Non, certes, mais elle doit dépenser des moyens pour accueillir, écouter, filtrer et ouvrir, comme le suggère Jacques Barrot, le commissaire européen, des bureaux de demande d’asile dans les pays limitrophes des zones bouleversées. La planète brûle, sous les guerres, sous les désastres, sous les intempéries ravageuses causées par le réchauffement climatique et il est temps d’œuvrer au développement d’une conscience planétaire au lieu de toujours donner la part belle aux égoïsmes, nationaux ou individuels et aux discours de repli. Nous en sommes arrivés à une situation où on n’accueillerait plus de réfugiés, où on chasserait les Roms non « par nécessité » mais parce qu’il ne faudrait pas fâcher les tendances facho-populistes qui irriguent notre tissus social, amplement attisées par les parties d’extrême-droite et les journaux (surtout hebdomadaires) avides de coller à ce qui leur semble être « l’air du temps ». Le maire de Rome vient de faire un geste admirable : faisant fi des obstacles qui, sûrement, se font aussi dans son pays, il a proposé aux survivants du naufrage de Lampedusa de s’installer dans la capitale. J’attends évidemment que le maire de Paris prenne une mesure semblable pour d’autres réfugiés et que le président de la République fasse preuve de courage en déclarant l’intention de la France de ne pas laisser les demandeurs d’asile syriens dans l’attente d’un accueil. Les fachos-populistes vont ronchonner, la tempête va se lever. Oui. Et alors ? De toutes façons, pour les motifs les plus futiles, la tempête se lève, alors pour une fois… que cela soit pour quelque chose de fondamental. Et nous serons définitivement édifiés, cette fois.
un rappel: un très beau livre sur le sujet
Dupont gnan-gnan surfe sur le moindre problème pour se faire un peu de pub, écrasé qu’il est par la présence médiatique de la fille Le Pen et la contamination par elle de la droite entière.
Il est temps que le président de la République revienne à quelques « fondamentaux » qui sont ceux pour lesquels il a été élu. L’humanitaire ne doit pas être le seul privilège des « humanitaires ».
Un peu affligeant de lire les déclarations officielles et convenues, après un tel drame, et la langue de bois opposée aux questions des journalistes par la porte-parole élyséenne… (voir notamment le point 4 :
http://basedoc.diplomatie.gouv.fr/vues/Kiosque/FranceDiplomatie/kiosque.php?type=bafr).
Bravo pour cet article (vu également il y a deux jours une forte tribune d’André Glucskmann dans « Libé » sur les Roms).
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