Je roulais sur l’autoroute, revenant de voir ma mère, qui vit en cette station balnéaire du bord de la Méditerranée qui a des habitations pyramidales. J’écoutais la radio. Ça s’appelait « Cosmopolitaines » et la journaliste interviewait Werner Herzog , dont je me souviens avoir lu le récit de sa marche à pied de Münich à Paris, pour sauver son amie, historienne du cinéma : s’il faisait ce pèlerinage à pied et s’il arrivait avant telle date, elle serait sauvée. Elle a été sauvée. Elle a vécu encore dix ans de plus. Beau succès.
Il paraît qu’à Beaubourg, on va faire une rétrospective complète de son œuvre et il sera là parfois pour commenter.
C’était bien. Il refusait toutes les catégories où on voulait le caser, ni aventurier (quelle horreur !) ni artiste (quelle prétention). Il disait surtout qu’il n’avait jamais eu la simple idée d’un plan de carrière et que même ses films obéissaient à une mise en perspective qu’il n’avait jamais recherchée.
Werner Herzog vient de sortir un « documentaire » (mais il récusait le terme aussi, afin de nous éviter de croire qu’il faisait des films « comme ceux qu’on voit à la télé », il a même dit : « pourquoi pas de la politique, aussi, pendant que vous y êtes ! ») qui doit être passionnant, sur la vie d’une poignée de scientifiques dans l’Antarctique. Ils lui ont tous dit que nous n’en avions plus pour longtemps. La journaliste lui a demandé si ça ne lui faisait rien, que tout cela disparaisse : la culture, Mozart, Shakespeare, le peu de solidarité qu’il y a entre les humains. Il a répondu que non, s’il n’y avait plus d’humains, il n’y aurait plus besoin de tout ça. A mon volant, j’ai frissonné. C’était tout à coup comme si la fin de l’humanité était programmée non plus pour dans quelques siècles, ni même pour dans deux cents ans, mais maintenant, pour demain, dans quatre-vingts ans ? dans vingt ans ? Pourquoi les scientifiques ne disent-ils pas ça haut et clair : la fin c’est peut-être pour dans vingt ans. Vous allez la ressentir dans votre chair. Les politiques se bougeraient un peu le cul, peut-être, non ? et nous aussi, par la même occasion.
Il a beau être un peu mégalo, Herzog est quand même un humaniste de premier plan, mais à voir sa carrière on le voit plus comme un contemplatif que comme un actif engagé.
Pour faire prendre conscience, il faut d’abord montrer, et ça Herzog l’a bien compris (gloire à lui), et il a l’art et la manière de montrer les choses avec une simplicité dingue. J’ai toujours cette même impression de folle liberté à chaque fois que je regarde ‘La Montagne Lumineuse’ qui est le plus court mais aussi l’un des plus denses de ses films.
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La fin de l’humanité programmée, dans vingt ans, trente ans, c’est probable.
Personne ne semble en tenir compte, peut-être parce que c’est trop énorme et que les humains n’arrivent pas à le concevoir…
Mais des scientifiques le constatent et les signes sont nombreux, par exemple, je l’avais lu il y a quelques temps et j’en avais fait un billet, la production de spermatozoïdes diminue de façon significative, alarmante.
http://www.celestissima.org/en-voie-d%E2%80%99extinction%E2%80%A6/
C’est très perturbant.
Même s’il est vrai qu’à l’échelle de la planète, l’être humain est un virus, nuisible, destructeur qui s’acharne contre les autres êtres vivants pour les dominer, les saccager. Si l’homme disparait la nature pourra se reprendre et peut-être, probablement, une autre espèce évoluera, différemment.
Mais cette idée de disparition, au delà de notre propre mort, est difficile à considérer.
Sauf peut-être pour les sages, les méditants.
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J’ajoute un truc. J’avais fait des recherches pour écrire un autre billet, il y un an et j’ avais glissé cet extrait dedans.
Arthur Koestler dans Janus:
« Un observateur impartial venu d’une planète plus évoluée, et qui d’un coup d’œil considérerait cette histoire (de l’homo sapiens) de Cro-Magnon à Auschwitz, conclurait sans nul doute que notre espèce est un produit biologique admirable à certains égards, mais dans l’ensemble profondément morbide, et que les conséquences de sa maladie mentale l’emportent de beaucoup sur ses réussites culturelles s’il s’agit d’évaluer ses chances de survie ».
Je te mets aussi le lien vers mon texte:
http://www.celestissima.org/athee/#comments
Sorry je n’ai pas l’habitude de vanter mes écrits sur les autres blogs, mais l’argument m’intéresse beaucoup.
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encore moi, sorry
un excellent site de méditation tenu par un ami philosophe, excellent connaisseur de l’Inde et de l’Orient
http://fautedemieux.over-blog.com/
pour l’autre regard sur le monde
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merci Céleste pour toutes ces références. Le sujet en vaut la peine en effet. En ce qui me concerne, j’ai essayé d’exposer sur ce blog, une partie de la pensée de Jean-Pierre Dupuy (pour un catastrophisme éclairé) et de celle d’Albert Jacquard, tous deux très pessimistes.
voir: http://alainlecomte.blog.lemonde.fr/2008/09/23/de-la-vertu-pedagogique-des-catastrophes-le-debat-entre-jean-pierre-dupuy-et-albert-jacquard-au-forum-de-libe/
merci aussi Noidor (que je connais pas et sur le blog de qui je n’ai pas pu aller) pour ce pointeur vers un film de Werner Herzog… que je ne connais pas non plus! à ma grande honte!
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Trèq intéressant le billet sur Jean-Pierre Dupuy (dont je connais très peu l’œuvre) et Albert Jacquard (Il me semble que c’est lui qui a écrit que l’homme est un virus et je pensais à lui en écrivant un des coms précédents).
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Et bien, moi je crois en une autre vie que celle que nous connaissons ici.
je ne parle pas d’un au-delà ou d’une foi quelconque. non, je pense qu’un beau matin sans doute le ciel ne sera plus bleu, l’eau ne sera plus liquide et la vie telle que nous la connaissons aura disparu. mais une autre, que nous ne connaissons pas, aura apparu entre temps…
peut être est-ce un peu naif de croire en cela,
peut être est-ce le besoin de donner un sens à l’avenir qui ne semble pas très rose,
mais quand même. l’histoire de l’humanité ressemble à ça. une succession de catastrophes, et d’espèces qui survivent / qui naissent, après les catastrophes… non ?
la seule chose qui change est que cette fois ci nous sommes responsables de la catastrophe qui ne manquera pas d’arriver.
en voyage en terres polaires cet été, j’ai versé bien des larmes devant la banquise… du moins, devant les morceaux qui restaient, orphelins et fragiles.
terrifiant spectacle…
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oui, Oranginablack, certes une autre vie continuera la notre (les microbes et les cafards continueront à proliférer), le malheur sera que nous n’y serons plus, nous autres humains…. Voyage en terre polaire? où êtes vous allé? ça m’intéresse.
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