Correctif

Le billet qui était ici jusqu’à hier (et qui était intitulé « ce sont des pourceaux ») était en réalité basé sur un canular… Je l’ai donc supprimé. En substance, j’y exprimais la stupéfaction éprouvée lorsque j’avais pris connaissance d’une prétendue lettre émanant du ministère, semblant obéir à une logique troublante et perverse : le haut-fonctionnaire signataire rappelait dans un premier temps « les efforts que nous devons tous faire afin de diminuer le déficit public », puis annonçait qu’il prenait en compte les difficultés de pouvoir d’achat des enseignants universitaires en leur promettant une augmentation de 25% du tarif de l’heure supplémentaire et enfin terminait en indiquant qu’en contrepartie, le service statutaire des enseignants serait augmenté d’environ 15%… Un commentaire me prévenait hier que je m’étais fait avoir, et que cette lettre était un canular, avec à l’appui un certain nombre de liens vers des sites bien informés.
Je retire donc mon billet, contrit. Il y a déjà bien assez de raisons de s’indigner quand les informations sont vraies ! Pan sur le bec comme on dit au Canard. Et je m’excuse en passant auprès de ceux que j’ai traités de « pourceaux » (bien noter toutefois qu’en choisissant ce qualificatif, je ne cédais pas tant au désir d’injurier qu’à celui de faire référence à Platon, et à « La République », livre II, où le philosophe explique que notre société ne saurait se contenter d’une gestion économique au jour le jour qui serait juste bonne « pour les pourceaux », c’est-à-dire pour qui n’est motivé que par son bien-être matériel).
Ca m’apprendra à déroger à ma règle qui est, en principe, de ne pas commenter l’actualité immédiate au nom de ce que : 1) il me semble que c’est céder à la facilité, et que 2) le manque de recul expose au risque de dire des bêtises. La preuve.

Ca n’enlève pourtant rien à la fin dudit billet, que je garde ici, dans laquelle je faisais référence à l’article de P. Jourde, paru dans « le Monde Diplomatique ».
Un Pierre Jourde que je trouve mieux inspiré dans ce genre de prose que dans ses textes plus ambitieux publiés chez Gallimard (excusez du peu), comme le dernier « Le Tibet sans peine », dont le titre, outre qu’il est mensonger (car l’auteur ne fait que raconter une randonnée familiale au Ladakh et non au Tibet), sonne comme une provocation dans le contexte des évènements actuels, et dont le contenu ne dépasse pas l’exclamation béate devant tant de beauté de paysage, exclamation que peut pousser n’importe quel voyageur honnête…

Pour le fond de l’affaire (l’évolution de notre système universitaire), je renvoie à l’excellent et très drôle article de Pierre Jourde dans « le Monde Diplomatique » de ce mois-ci (« L’Université féodale de demain »).

 

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Juste un extrait :

Afin de mieux employer nos universitaires, essayons d’établir une estimation du temps qu’ils perdent à des activités inutiles, grassement payées par l’Etat (entre 1500 et 4000 euros par mois, selon les cas).
Cela pourrait donner actuellement :
1. les cours : sept heures ; 2. la préparation du cours, documentation, lectures diverses : quatorze heures ; 3. la correction des copies : trois heures ; 4. les permanences, la réception et le suivi des étudiants : quatre heures ; 5. la lecture de thèses, mémoires […] : quatre heures ; 6. les réunions de commissions, Conseil, UFR, CNU, jurys, etc. éventuellement la direction d’un ou plusieurs de ces organes : huit heures ; 7. le remplissage ou l’établissement des papiers inhérents au fonctionnement de ces diverses structures […] : quatre heures ; 8. l’écriture d’articles, de livres, la participation à des colloques et des séminaires […] : quatorze heures ; 9. les recherches (en bibliothèque ou ailleurs) : quatorze heures ; 10. la direction de revues, de collections, les lectures de manuscrits divers : deux heures. Au total soixante quatorze heures (par semaine).
Cela impressionne, certes, mais il y a du déchet. Il est évident que les postes 2, 8, 9 et 10 ne servent à rien. Les postes 3 et 5 pourraient être utilement réduits, étant donné qu’il s’agit avant tout de donner d’excellentes notes. Mettons deux heures pour les deux etc. […]

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3 commentaires pour Correctif

  1. Alors travailler plus pour ne rien gagner, non?
    Allons, allons, on va murmurer dans les milieux autorisés qu’octroyer tant de largesses aux universités, c’est vraiment donner de la confiture aux pourceaux!
    Adorables, d’ailleurs, ces deux_là!

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