Sens commun ou intelligence collective?

C’est à croire que tout ce que je lis me ramène à ça : comment faire exister une intelligence qui serait apte à comprendre ce que nous avons du mal à comprendre dans l’univers, mais aussi dans notre monde social, dans notre humanité, une intelligence qui permettrait enfin de trouver des solutions à ce qui nous menace dans le futur très proche (changement climatique, pénurie de ressources dont l’eau, guerres, pandémies…). Dans les billets précédents, j’ai suivi la voie proposée par le collectif « Internation » (Stiegler, Longo, Montévil et al.) qui prétend que l’intelligence est reliée à l’entropie, donc au cosmos, étant une « néguentropie », autrement dit une possibilité, la seule peut-être, de contre-carrer l‘évolution vers une entropie croissante. Cela signifie que non seulement l’intelligence serait nécessaire : qui en douterait ? mais qu’en plus, sa seule existence contribuerait à réduire la vitesse avec laquelle nous allons à notre terme : chaos et destruction. Il y aurait une sorte de performativité de l’intelligence : dès qu’elle se montre, elle agit (quand penser, c’est faire). Des discutants sur FB (le jeune philosophe Jean-Louis Vuillerme en particulier) me font remarquer que nous sommes loin d’atteindre le moment où l’énergie aurait disparu signant notre fin : le soleil est là pour longtemps encore, et, dit J-L. Vuillerme : « l’énergie solaire restera disponible sur Terre bien au-delà de la disparition de l’humanité, quoiqu’elle fasse ». Cela est vrai, bien sûr. Mais le problème avec l’énergie n’est pas tant son existence là ou ailleurs que la possibilité de l’utiliser et de la stocker. Si le problème de l’entropie ne se pose pas dans l’absolu, il se pose néanmoins pour tout système qui ne parviendrait pas à utiliser l’énergie dont il dispose, disons sous forme … d’entropie relative (si cela a un sens). Toutefois, je veux bien reconnaître que l’argument « par l’entropie » n’est pas décisif, voire même simplement, qu’il n’est pas nécessaire. Même sans lui, les problèmes relatifs à l’avenir de l’humanité et à la disparition des espèces suffisent en eux-mêmes à souhaiter accélérer la marche de l’intelligence.

Et alors la question se pose : si son niveau nécessaire ne peut être atteint dans l’enceinte d’une étroite enveloppe individuelle, ne faut-il pas passer à un stade trans-individuel ? L’idée n’est pas neuve. Kevin P. me signale les travaux de Pierre Lévy sur l’intelligence collective qui datent déjà d’un bon nombre d’années. Ils mettent en question la capacité qu’aurait l’espèce humaine (voire… d’autres espèces vivantes ? Toute espèce vivante?) à collaborer pour faire émerger des solutions nouvelles. La problématique des conventions citoyennes, dont l’une a agité la vie publique récemment en France, met particulièrement en avant ce type de question (et peut me chaut que l’on critique ses résultats ou que l’on fasse au pouvoir le procès d’intention de les ignorer).

Jusqu’à présent, on a considéré que la production intellectuelle authentique était du ressort des seuls « autorisés », de ceux et celles qui sont passés par les canaux des études supérieures validées par des diplômes, qui incarnent une certaine professionnalisation de la science et plus généralement du savoir, alors que, semble-t-il, si l’on accomplissait des efforts intenses d’éducation et d’information auprès du grand public, celui-ci serait capable d’émettre des idées qui jusque là faisaient défaut, capable donc de s’emparer lui-même de son destin. Noam Chomsky a souvent fait la réflexion que les personnes ordinaires étaient capables de performances intellectuelles tout autant que les savants et les décideurs, mais que le seul problème était qu’ils ne les mettaient au service que d’objets secondaires. Par exemple, ils déployaient des ressources mentales étonnantes pour commenter… des matches de base-ball. Ce non-accès aux thèmes importants leur était barré, donc, non pas par un manque d’aptitude mais par une division politique des tâches.

J’ai regardé récemment la vidéo d’une conférence donnée par le cosmologiste et astrophysicien David Elbaz faisant le tour des obstacles rencontrés par toutes les tentatives de compréhension de l’univers, que l’on essaie d’appliquer la théorie des cordes, celle des super-cordes, celle de la gravité quantique à boucle, de la supersymétrie, que l’on envisage une anti-gravité ou que l’on aille même jusqu’à suggérer que notre univers ne serait qu’un hologramme (donnant tout à coup de la substance aux théoriciens d’un univers plat – si ce n’est de la terre plate!). A la fin, désolé, il s’adressait au public nombreux qui était venu l’écouter en suggérant que, finalement, des auditeurs suffisamment éclairés des principes de base pouvaient aussi bien participer au développement de la science. Cela sonnait comme un appel au secours.

Sur ces entre-faits, tombe entre mes mains le livre d’Isabelle Stengers, « Réactiver le sens commun », sous-titré : « Lecture de Whitehead en temps de débâcle ». Je connais très peu Whitehead, juste assez pour savoir qu’il collabora avec Bertrand Russell pour l’écriture d’une des bibles logiques des temps modernes : les Principia Mathematica, bible dont on peut dire aujourd’hui qu’elle reposait sur des bases biaisées puisqu’on cherchait à asseoir les fondements des mathématiques là où l’on sait maintenant que la problématique des fondements est illusoire. Le fait est qu’il semble y avoir une longue distance entre ses premiers travaux et ce qu’ils sont devenus par la suite. Sir Whitehead serait devenu une sorte de rebelle. Et cela fait bien les affaires d’Isabelle Stengers qui sans doute elle aussi souhaiterait être considérée comme une rebelle…

Je ne suis pas a priori partisan du « sens commun » dont chacun sait combien il peut être mis en défaut, comment aussi il peut s’avérer prisonnier de préjugés et d’affects (le poussant par exemple à valoriser exclusivement ce qui rassure ou « donne de l’espoir »), « sens commun » qui recouvre souvent ce qu’autrefois on nommait « idéologie » c’est-à-dire cette tendance spontanée que l’on a à interpréter les faits dans un sens dominant (« l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante » récitait tout bon marxiste des années soixante…). Le sens commun n’est-il autre chose après tout que l’ensemble des poncifs qui scandent ce que Stengers appelle avec beaucoup d’emphase « notre rumination », comme elle décrirait un troupeau de vaches en accordant le plus grand respect à leur fonction digestive. Le sens commun semble aussi se recouper avec cette « découverte » de l’ère covidienne que l’on a baptisée l’ultracrépidarianisme… se sentir toujours autorisé à aller bien au-delà de son domaine de compétence pour formuler une opinion, et affirmer celle-ci avec d’autant plus de force que, justement, notre compétence est plus faible. D’autres ont parlé d’effet de Dunning-Kruger pour désigner un nouveau biais cognitif qui se traduit par une sur-confiance dans ses capacités intellectuelles qui serait d’autant plus forte, là encore, que celles-ci n’auraient pas donné lieu, jusque là, à des preuves notables de leur efficience…

Mais peut-être cette méfiance légitime occulterait à nos yeux d’autres propriétés du sens commun, un caractère plus noble de celui-ci, moins relié aux idéologies et aux dogmes, plus centré sur ce qu’il y a en nous d’expression inévitable d’un ressenti. Il faut essayer de faire crédit à ces thèses, appliquer une sorte de principe de charité à qui vient aujourd’hui devant nous plaider les mérites dudit sens commun, et je veux bien tenter l’expérience, d’autant que j’ai toujours voulu avoir de moi l’image de quelqu’un prêt à se remettre en cause. En somme, essayons de penser que ce « sens commun » est déjà une incarnation de cette recherche d’intelligence collective ou trans-individuelle dont je parlais plus haut.

Isabelle Stengers débute son livre par une citation de Whitehead (extraite de Modes de pensée, un ouvrage qu’il écrivit en 1938 et ne fut traduit en français qu’en 2004) où il est dit que « Socrate passa sa vie à analyser les présuppositions courantes du monde d’Athènes » et « qu’ il reconnut explicitement que sa philosophie était une attitude face à l’ignorance ». Phrase banale, dira-t-on, mais qui étonne la philosophe : pour elle, c’est une surprise. Sans doute s’attendait-elle à mieux. A quoi alors ? Eh bien elle s’attendait à ce que Whitehead ne balaie pas la question en rejetant immédiatement les croyances et fausses assurances des Athéniens dans la simple ignorance. On pourra bien sûr s’étonner : Socrate dialoguait-il vraiment avec le citoyen athénien ordinaire ? Ne le faisait-il pas plutôt avec des citoyens bien particuliers, les sophistes (comme l’étaient Protagoras, Hippias ou Gorgias). Mais Stengers fait comme si les propos que Socrate déconstruit au fil de ses dialogues étaient bel et bien ceux tenus par le tout-venant, le citoyen athénien. Or, dit-elle, « les citoyens athéniens n’étaient pas ignorants. Ils savaient tout ce qu’il y a à savoir »… Ceci est à voir, bien entendu… (il en va souvent ainsi au long des pages de ce livre : affirmer, proclamer, présenter comme des évidences ce qui toujours nécessiterait des preuves, des argumentations. Défaut involontaire ? Non, une attitude revendiquée, fondée sur la conception de la philosophie exposée par Whitehead. Celui-ci ne dit-il pas (paraît-il) que « l’argumentation ou la preuve ne conviennent pas à la philosophie » ! – nous reviendrons sur ce point plus tard -). Mais cela laisse présager de ce que sera « l’argumentation » (car il en faut bien une, ne lui en déplaise!) de Stengers. Un peu comme si le savoir était déjà là, dans le fond, et qu’il n’y avait plus qu’à savoir le ramasser, l’extraire des têtes des gens.

Or, rien n’est moins sûr évidemment. Un point important développé par Stengers / Whitehead est la méfiance envers l’abstraction, une attitude dont il faut avouer qu’elle est très répandue dans la population. Si l’on en venait à promouvoir ce que les deux auteurs appellent « le sens commun » (sans que jamais ils ne le définissent vraiment d’ailleurs) alors sans doute faudrait-il valoriser un autre type de connaissance que celui qui est fondé sur l’abstraction ou, plus précisément, sur les modes d’abstraction, étant entendu que chaque époque aurait le sien (quelque chose comme une épistémé à la Foucault peut-être) et que la tâche de la philosophie serait d’exercer sa vigilance à leur encontre. Tout mode d’abstraction (on pensera ici à la modélisation dont il était question ici il y a deux semaines) laisse de côté une partie de l’expérience, qui n’est jamais prise en compte – du moins est-ce ce que prétendent nos auteurs. Pour Whitehead, « l’argumentation et la preuve ne conviennent pas à la philosophie, car, qu’elles soient scientifiques, juridiques ou autres, toutes deux relèvent d’un mode d’abstraction particulier et doivent leur pouvoir à tout ce que ce mode d’abstraction leur donne le droit d’omettre ». (p. 28).

Y a-t-il vraiment moyen de faire autrement ? La science est la science, avec ses forces et ses faiblesses. Comme dit déjà sur ce blog, Schrödinger autrefois se rendit à l’évidence – et cela avant les psychanalystes lacaniens – que tout ne peut être dit, que la Vérité ne s’énonce pas, car il y a toujours un reste. Et j’ai dit également ici que c’était justement sur ce reste que pouvait s’édifier l’art et la poésie, et que de ce point de vue là, la poésie est connaissance, elle aussi, mais connaissance d’une autre nature, peut-être une connaissance concrète. Alors… faudrait-il lire les suggestions de Whitehead comme un plaidoyer pour la poésie ? Pas vraiment, en réalité. Si « la visée ouverte et affirmée de la philosophie devrait être d’activer les dimensions de l’expérience que nos modes d’abstraction perceptifs et linguistiques omettent », Whitehead n’en déclare pas moins que la qualité poétique des énoncés philosophiques n’est pas nécessaire. On pourra, dit-il, se contenter d’énoncés prosaïques pourvu… « qu’ils aient le pouvoir de faire vaciller la conscience » ! Ainsi, dit-il :

Notre jouissance de l’actualité est la réalisation d’une valeur, bonne ou mauvaise. C’est une expérience de valeur. Son expression fondamentale est : Attention, voici quelque chose qui importe ! Oui, c’est l’expression la meilleure – le premier vacillement de la conscience révèle quelque chose qui importe.

c’est là décrire notre expérience subjective, et qui ne saurait se traduire qu’en poésie. Mais non, il ne faut pas confondre poésie et sens commun. Même si le poète, en l’occurrence Pierre Reverdy, dit que [L]es sentiments [du poète] sont à peu près ceux de tout le monde (Cette émotion appelée poésie)..

La vision de la philosophie du métaphysicien ami de Russell n’assume donc pas d’être « poésie » tout en visant un objectif semblable. Elle serait dans un entre-deux :

Le sens commun, ruminant les aspects de l’existence, les remet entre les mains de la philosophie pour que celle-ci les élucide en leur donnant une compréhension cohérente

c’est dire qu’elle vise une compréhension cohérente. De quoi ? Et en quoi celle-ci peut être possible ? Je tenterai de parler de cela dans mes prochains billets. Que faire de ce « sens commun » si nous n’en faisons pas de la poésie (et surtout – quand même ! – si nous refusons de le rabattre sur les flots d’idiotie qui parcourent le débat médiatique !) ? S’en servir comme point de départ, veut sans doute dire Isabelle Stengers, autrement dit ne jamais faire comme si l’on partait de rien. On dira alors que c’est une vieille rengaine de la pédagogie moderne. Oui, bien sûr les élèves ont déjà des représentations de ce dont on leur parle et il ne faut pas les ignorer. C’est la lubie des maths modernes qui a voulu passer outre, tâchant d’édifier sur des sols vierges une pensée abstraite qui serait juste parce que « logique » : nous retombons dans les pièges de la transparence dénoncés par J-Y. Girard, et là, on peut rejoindre l’ex-co-autrice avec Prigogine d’un livre sur le chaos.

Les sols sur lesquels se déploient les savoirs ne sont jamais vierges, encore faut-il savoir comment tirer partie de cette préexistence de notions. En explorant cette question, on en vient à aborder un continent vague et flou mais qui mérite d’être parcouru, c’est sans doute ce que Whitehead baptisait « sens commun », et qui se rapproche, de fait, d’une sorte de métaphysique. Nous reviendrons sur ces points plus tard. Il faut juste noter pour conclure que se trouve bien situé en perspective ce que déjà nous avons déjà rencontré avec les conventions : « ce dispositif (les conventions citoyennes tirées au sort) rend possible que des gens « ordinaires » a priori « ignorants » se transforment en un groupe devenu capable d’entendre des experts se disputer sans chercher eux-mêmes désespérément « la bonne réponse », « la position légitime », de telle sorte qu’ils en arrivent à formuler des questions, des propositions et des objections dont la pertinence et la lucidité sont susceptibles de faire bégayer les experts. » (p. 71)

On l’aura donc compris, il ne s’agit pas de prendre pour argent comptant la première élucubration venue, de faire foi aux fake news et autres alternative truths, mais d’attirer l’attention sur ce fait énorme et assez évident en quoi consiste aujourd’hui le rejet de la science par une large partie de la population qui n’agit ainsi, dit Stengers, que par « une sombre volonté de ne rien entendre, de prendre leur revanche contre « ceux qui savent » ». Le monde scientifique se serait beaucoup trop éloigné de ce qu’il est convenu d’appeler « le grand public », rejetant celui-ci nécessairement dans l’ignorance, et campant sur des positions d’arrogance à partir desquelles il est devenu trop facile de renvoyer l’interlocuteur « dans ses vingt-deux mètres » comme on dit un peu vulgairement. Par exemple, malgré tout l’immense respect que j’éprouve à l’égard d’Etienne Klein (un remarquable vulgarisateur de la physique), je vois parfois dans ses propos une incompréhension abyssale dont je ne sais si elle est involontaire ou calculée, à l’égard de certains philosophes exprimant ce qu’on appelle une « pensée critique »… Les physiciens devraient avoir compris que, décidément, non, leurs vérités ne sont pas définitives, même si elles ont souvent un lieu stable d’exercice (mais stable pour combien de temps?). L’exemple de la gravité, souvent invoqué, satisfait il est vrai… le sens commun (!), il est certain que si nous sautons par la fenêtre, nous allons nous faire mal, mais qu’est-ce que la gravité ? Quand Newton l’introduisit comme force, cela fut à l’origine d’un âpre débat avec les cartésiens qui ne voulaient pas entendre parler de ce genre de notion quelque peu « mystique ». Einstein l’a caractérisée comme effet d’une géométrie de l’espace… aujourd’hui certains sont prêts à douter qu’elle existe (voir encore ici la vidéo de la conférence de D. Elbaz). J’ai entendu Klein, dans un interview, se moquer d’une « philosophe de la Sorbonne » et sous-entendre qu’elle était d’une ignorance crasse (et vous vous rendez compte, payée par nos impôts!) parce qu’elle avait eu l’audace de soulever ce genre de question dans une émission de France-Culture où elle débattait avec lui et avec le sociologue Gérald Bronner. Après vérification, il s’agissait de Bernadette Bensaude-Vincent que je connais un petit peu (elle était la présidente de la commission du CNU dans laquelle je siégeais au début des années deux mille), laquelle est loin d’être une idiote… mais ainsi va le débat public, avec souvent plus de postures que d’intentions de débattre… avec de vrais arguments.

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2 commentaires pour Sens commun ou intelligence collective?

  1. Debra dit :

    Je pense que vous soulevez un problème important à l’heure actuelle.
    A la lecture du livre de Daniel Arasse sur Leonardo da Vinci, livre que je n’ai pas fini, mais que j’espère finir un jour, Arasse soulève la nature de la méthode scientifique dans son attention au détail, et le problème qui survient quand « on » a les yeux trop longtemps braqués sur les détails, sans se mettre à une certaine distance pour pouvoir voir l’ensemble.
    Arasse souligne que l’évolution de la science à la Renaissance attaque la méthode… analogique de pensée, l’analogie voulant dire, étymologiquement, du bas vers le haut. L’analogie réussit ce tour de force incroyable d’assurer le transfert d’un domaine de connaissance/compétence, vers un autre champ pour le configurer. Certes, l’analogie est dangereuse, et à sa manière, réductrice, mais je crois qu’il n’y a pas de pensée viable sans généralisation.
    Qu’est-ce qui se passe dans un système où les spécialistes d’un savoir spécialisé tournent en rond entre eux ? Ils finissent pas avoir l’impression qu’ils se… comprennent. Ils se trouvent entre eux, et ça baigne. C’est celui qui vient de l’extérieur, du dehors, qui ne comprend pas, qui… tout en dérangeant la BELLE ENTROPIE QUE VOUS POINTEZ, permet de pointer des choses que les experts qui savent finissent par ne pas voir, à force d’être… ensemble, entre eux.
    Cela suggère, je crois, que même au sein des domaines très spécialisés, il est possible de déceler des choses universelles ? des structures ? qui permettent de suivre une démonstration, même dans un domaine qu’on ne connaît pas. Comme… je vous « suis » quand vous parlez de choses très pointilleuses dans la logique ? On pourrait dire que cette capacité fait partie de ce qui fait… un honnête homme.
    Il est regrettable, et très malheureux que cette culture du savoir expert ait eu raison de l’hôpital en ce moment, par exemple, et surtout, de presque tout le cadre de la médecine allopathique. Des patients sont SOUMIS à un tas d’examens par.. des gens qui « savent », qui souvent, n’ont pas le temps d’expliquer pourquoi ils font ce qu’ils font, et qui tournent dans leur monde, avec leur vocabulaire de spécialisé dans leur monde de spécialistes.
    Et pour vous donner un exemple de la profondeur du mal, je dirais qu’il y a 17 ans et des prunes, j’ai amené ma fille voir un allergologue qui avait une belle brochette de machines rutilantes pour examiner ma fille, et à la fin il était tout content de pouvoir me sortir, un peu comme un coq en pâte, qu’elle était asthmatique. Et après, je lui ai demandé calmement, et sans la moindre once de provocation sur quoi il se basait pour me dire cela, et il a bredouillé pour me répondre que ce n’était pas lui qui le disait mais.. la machine.
    Je trouve cette petite anecdote très parlante. Elle dit : qu’un médecin, une personne ayant fait des années d’études en hauts lieux, a dû se rabattre sur la machine comme preuve, se destituant dans le même mouvement d’une quelconque autorité d’homme en chair et en os pour devenir un simple exécutant de la machine, érigée en autorité.
    Tout cela est navrant à mes yeux. Il y a des années, j’ai eu une fracture délicate, et à ce moment là, les machines ont été incapables de déceler la fracture, que l’homme a décelé à l’examen clinique.
    Dites-moi ce que vous préféreriez, vous : devenir l’exécutant des machines au profit de leur… autorité, ou détenir votre propre autorité ET CREDIT ? Moi, je sais ce que je choisis. Je sais aussi, pour suivre votre développement ,où réside le plus d’entropie, et je ne veux pas y être…
    (Ceci dit, mon cher Sigmund s’est déjà interrogé sur ce problème en pointant ce qu’il appelait la pulsion de mort. Pour moi, comme je vous ai déjà dit, ce qu’il a pointé, c’est ce qui résiste au rouleau compresseur d’une science positiviste, ce qui, en nous, veut encore.. rêver la nuit, se reposer de l’efficacité, de la rationalisation de nos existences au service de la.. collectivité…)
    Autour de cette anecdote, on retombe sur nos pattes par rapport à l’intelligence collective et individuelle : plus nous instaurons l’intelligence… dans la collectivité, c’est à dire, à nos yeux en ce moment, en le déléguant… AUX MACHINES de notre fabrication, plus nous nous destituons à notre tour, de notre intelligence (et poésie…) de PERSONNES (et non pas individus, j’y tiens…) vivantes. C’est un bel exemple du « ou exclusif » à l’oeuvre…
    J’ai déjà dû vous dire que je ne sais pas combien de… choix.. nous avons sur ce dossier, vis à vis de la Nature, dans la mesure où c’est peut-être sa main à Elle qui est derrière en train de tirer les ficelles. Ce serait o combien logique, d’ailleurs.
    Pour ma part, j’entends résister du mieux que je le peux. Je ne veux pas déléguer mon intelligence aux machines. Je fais même mes comptes à la main, en faisant mes additions et soustractions… Au début, c’était dur, mais maintenant, je me trompe beaucoup moins.
    Vous m’accorderez peut-être que MOINS ON FAIT QUELQUE CHOSE, MOINS ON DEVIENT CAPABLE DE LE FAIRE.. dans l’ensemble. Sauf pour la bicyclette et le ski, peut-être ?

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    • Aunryz dit :

      Un certain Gilles Dowek (« Métamorphose du calcul ») prétendait prédire que dans peu de temps
      on s’étonnerait qu’il y ait eu un temps où l’on faisait les démonstrations mathématiques « à la main ».
      Il a été récompensé par un aréopage de … philosophes. (sourire)²²²

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