Parlons d’autre chose : les neurones et les bébés

On ne s’imagine pas qu’à chaque minute de la vie du bébé plus de deux millions de synapses se mettent en place.

En lisant cette phrase de Jean-Pierre Changeux (in « L’homme de vérité » page 291), mon cœur a fait un bond. Incroyable !hommede-verite.1242836649.gif

Et oui, milliards d’individus qui vivez sur la planète, vous avez tous été le siège de cette créativité fantastique. Bourgeois nantis installés dans votre confort comme hères misérables prêts à tout pour trouver un peu de mieux être au-delà des mers ravageuses… Que dis-je, vous avez été, mais c’est que vous êtes encore :

« la naissance intervient exactement au milieu de la phase rapide. Suit alors une longue phase en plateau qui dure jusqu’à la puberté. Ensuite, ce rythme décline progressivement jusqu’à la valeur qu’il conservera pendant l’âge adulte, avant de décroître brutalement pendant la vieillesse »

Notez bien : c’est le rythme de création qui décroit, ce n’est pas le nombre (comme on l’a dit pendant longtemps).
Ceci dit, vous en perdez un petit peu aussi:

« Depuis les travaux précurseurs de Wilhelm Preyer à la fin du XIXème siècle, il est admis que des phénomènes régressifs s’attaquent à la mise en place de l’assemblage cellulaire et synaptique du système nerveux central en cours de développement ».

Il existe ainsi une mort cellulaire programmée.

Ne croyez surtout pas que si on inhibait cette mort, nous serions plus intelligents : la tentative a été faite sur les souris (au secours, Dunia ), eh bien « la souris génétiquement modifiée ne paraît pas plus intelligente, malgré ses neurones surnuméraires. Elle présente au contraire des signes pathologiques graves, des crises d’épilepsie par exemple ».

 

Cette perte qui compense la création d’autant de synapses est bien sûr la plus parfaite illustration de la plasticité de notre cerveau

Et après ça, il y en a qui vont prétendre que certains humains valent moins que d’autres….

Et nous, qui sommes grand-pères, et qui nous en vantons (n’est-ce pas, jmph ? ), nous assistons émerveillés au spectacle de cette activité neuronale qui nous apporte chaque jour son lot de bonheur au travers de nouvelles mimiques et de gestes inattendus.

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5 commentaires pour Parlons d’autre chose : les neurones et les bébés

  1. Dunia dit :

    J’adore les billets qui m’apprennent quelque chose en science, surtout quand il s’agit de l’être humain.

    Non pas au secours Dunia. Je me suis faite à l’idée qu’on utilise des animaux dans les laboratoires et particuliers des rats, mes animaux fétiches.

    C’est d’ailleurs pour ça que je les aime. On ne se rend pas bien compte de tous les bienfaits qu’ils nous apportent grâce aux diverses tortures qu’on leur fait subir. Certains ont donc bien le droit d’être des Reines et des Rois afin de créer un équilibre -cosmique?-.

    Bon week-end prolongé

    dunia

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  2. De toute façon, lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille…

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  3. alainlecomte dit :

    non Chantal, je n’ai pas voulu dire ça en faisant ce petit billet (je n’ai pas voulu faire un hymne aux familles), je me suis seulement émervéillé sur ce pur surgissement de la vie (et de l’intelligence).

    c’est bien Dunia que tu sois là pour apporter cet équilibre dans la considération que nous devons aux rats et souris, dont l’existence aussi mérite qu’on s’émerveille.

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  4. tousazimuts dit :

    J’ai oublié de dire que je me sens vraiment mieux, moi qui viens de fêter mes 44 ans, depuis que je sais que ce n’est pas le nombre de mes neurones qui décroit depuis 20 ans, mais plutôt leur rythme de création. Je voulais écrire ce commentaire le jour où j’ai lu ce billet, avant-hier, puis j’ai oublié…Je dois effectivement en perdre quelques un quand même au passage…de neurones. Faut que je prenne l’habitude d’écrire mes commentaires au fur et à mesure que les réactions, connections entre neurones, synapses, ont lieu, et ne pas attendre que la probabilité d’occurence de mes synapses diminue. Pourvu que je me souvienne de cette reflexion là !

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  5. jmph dit :

    Oups… je viens seulement maintenant de lire ce billet où, de plus, tu m’interpelles …
    Ce que dit JP Changeux fait plaisir à lire. Mais il faut bien avouer que cela va contre les apparences quand on regarde superficiellement un nourisson. Car cela semble tellement improbable et difficilé d’entrer en relation avec.
    Je ne peux m’empêcher de penser que je suis en train de bêtifier quand je reste devant ma petite fille qui a 2 mois et demi et avec laquelle je ne sais que la prendre dans mes bras, lui chanter toujours la même chanson et la recoucher, soulagé, quand je constate qu’elle s’est rendormie. Et pendant tout ce temps-là, des millions et des millions de synapses se sont mis en place.
    Quel travail peu visible … pendant que nous essayons d’être « intelligents » en écrivant dans des blogs alors que le nombre de synapses mis en place est bien moindre que dans le cerveau de Coline.
    Cela rend très modeste et toujours plus émerveillé devant ces petits enfants.

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