J’avais 19 ans… en 1966 donc… je partais sac à dos en Avignon rejoindre ma copine. Nous étions en dortoir (les CEMEA à l’époque encourageaient les jeunes à participer au Festival, l’hébergement se faisait dans les écoles de la ville), ce n’était donc pas très propice aux ébats, et l’histoire en demeura là… mais côté théâtre, quelle découverte ! Je n’avais pas vu grand-chose encore, peut-être, et mon horizon se bornait idéologiquement à Jean Vilar et à Bertold Brecht, enseignés par un excellent professeur de littérature du lycée de Drancy. Nous vivions encore dans l’espoir du Grand Soir et le théâtre devait participer de cet instant fatal… mais au-delà de tout cela, il y eut cette année-là en Avignon, outre Vilar, pétillant d’esprit au Cloître des Carmes, la première apparition de Maurice Béjart en ces lieux et surtout : la mise en scène par Planchon de Richard III, avec Michel Auclair dans le rôle titre.
Je n’étais pas habitué à des spectacles si longs et certes, mes paupières ont dû se fermer à certains moments. Le décor était simple, avec, je me souviens, un lourd trône de bois, la mise en scène était plutôt de style spartiate. Théâtre pur en quelque sorte, conforme à ce que souhaitait Vilar : une scène et trois planches devaient suffire.
Ah ! Buckingham, c’est maintenant que je vais faire jouer la pierre de touche pour voir si tu es de bon or, vraiment. Le jeune Edouard vit… Songe à ce que je veux dire.
Jean Vilar répondant aux questions du public
Ah ! OUI ! La grande époque du théâtre ! époque aussi DES PARAVENTS de Genet au théâtre de l’ODEON.
Hélas, je n’avais que 7 ans ! Mais j’ai eu la chance de jouer sous la direction d’ une grande dame de théâtre qui transmet dans l’ombre cette fantastique tradition. Répétitions et représentations pour les amis se font dans une cave au Halles. Là, j’ai fait l’expérience de ce qu’est la FORCE du théâtre : sans artifice ! LA TRADITION DES PLANCHES (Planchon portait bien son nom) et sous les PLANCHES, il y a le feu : un grand amour, une grande passion pour les TEXTES et les ACTEURS, et le désir de rendre VIVANTS les auteurs du passé.
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Oui, c’est vrai, grande époque et si bien évoquée!
Mais, il est vrai aussi qu’à se montrer trop austère, le théâtre nous a lassés. Du moins certains, dont je fus. Nos paupières se fermaient souvent. Mais nous étions de bons soldats. Nous résistions. Et puis un jour, pour ce qui me concerne, j’ai repris intérêt au théâtre avec Ariane Mnouchkine…
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Dans le roi Lear, Edgar dit Act.V, sc. III, (en lien avec Richard III, et « je n’aime pas la politique »)
Au fardeau de ce triste temps nous devons obéir,
Exprimer ce que nous sentons non ce qu’il f
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, non ce qu’il faudrait dire. […]
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