Récit de trek – 3

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Les petits chevaux de l’Himalaya sont chéris de leurs propriétaires et convoyeurs comme s’ils étaient la première des richesses. Aucune autre considération que leur bien-être ne sera prise en compte quant aux emplacements des camps. Dès qu’ils sont déliées de leurs bagages, les petits quadrupèdes sont autorisés à vaquer où bon leur semble, parfois très loin : on a connu des horsemen obligés, le matin, à de rudes escalades et de longues marches pour retrouver les vagabonds : sûrement l’herbe était plus tendre ailleurs. Souvent ils dormiront à proximité de nos tentes, nous gratifiant en plein milieu de la nuit d’un pet sonore et odorant (l’herbe fait gonfler les estomacs). Au matin, quand ils ont été réunis, ils attendent, immobiles, semblant dormir pour réparer les fatigues de leurs folles nuits. Clignant à peine d’un œil, ils se laissent harnacher comme des fiancées qui recevraient avec cérémonie leurs habits d’apparat. Sauf qu’ici il ne s’agit nullement d’apparat mais de malles, de sacs pleins de piquets et de tentes, de réchauds et bidons de kérosène. Les chemins ne sont pas tous une sinécure. Les pierriers notamment offrent des moments difficiles, quand il s’agit de faire tenir quatre pattes à l’apparence fragile entre des pierres branlantes. Le passage des cols dans la neige est également difficile : il faut essayer de passer le plus tôt possible pour leur éviter de glisser dans la neige molle.

En trek, on ne se lave pas (moi, en tout cas !) et on ne se rase pas. Evidemment si on est deux, ce n’est pas forcément agréable pour le ou la partenaire. Mais ce serait comme se distraire inutilement de la concentration qu’on entretient sur son espace intérieur, méditatif et sur ce lien direct, sans les fioritures de l’apparence, qu’on a avec le spectacle extérieur du monde. Car l’altitude est faite pour la contemplation. Pas seulement du paysage (les cimes enneigées, les torrents des glaciers) mais d’un au-delà du paysage : la contemplation du fait que cette perception que nous avons des choses et le spectacle de ces choses elles-mêmes, c’est tout un.

Aujourd’hui troisième jour de trek : supposé être le plus dur puisqu’il comporte l’ascension du col le plus important : le Lasermo-la (5200 mètres) et la redescente de l’autre côté, jusqu’à vers 4700 mètres. Il suffit là encore de mettre en cadence le pas avec le souffle : quand le pied se lève, aspiration, quand il se pose expiration. Après une demi-heure, on se retourne et on mesure le chemin parcouru : en dessous-de soi tout est silence et rocaille, en dessus : toujours les nuages avec la même vitesse. Impression de leur courir après. Sur le côté droit, à flanc, une lourde chape de glace. La pente devient plus douce, longue progression vers le col, comme toujours signalé par des kerns et des drapeaux de prière. Le versant Nord est en glacier et sera donc pénible pour les chevaux. Puis suivre une moraine jusqu’au campement qui sera une étendue d’herbe tissée de filets de ruisseaux s’égarant parfois pour former de petits lacs bordés de mini-falaises de terre.

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