Hivernage en Suisse – 1

Samedi dernier à Martigny, d’abord des nuages lourds, puis, après la pluie, qui se déchiraient pour étaler en grand comme des étendards des coins de ciel bleu, accrochés comme des filets aux cimes blanchies des environs pendant que le vent froid clac ! clac ! faisait claquer les oriflammes tendus au sommet du mât qui domine le château moyen-âgeux, avec son donjon tout rond, château de la Bâtiaz.

martigny.1204907833.JPGmartigny2.1204907854.JPG

Nous étions à Martigny pour faire des courses à la Migros, et puis pour visiter l’exposition de l’Albert , 227-138chavaz.1204907709.jpgAlbert Chavaz, le peintre valaisan, né en 1907 et mort en 1990, peintre local, peintre de portraits et de montagnes, appartenant à l’école de Savièse (à 2 km de Sion), un peintre qui a connu un peu le cubisme,234-femmechavaz2.1204907807.jpg un peu Cézanne et en a tiré une science des volumes qui finit par faire des jeunes femmes qu’il peint des charpentes et des paysannes solides, comme justement on en voit par ici, qui ont des seins rebondis pour donner à leurs marmots tout le lait qui sans l’appétit goulu desdits marmots coulerait en fontaine et en cascade de leur corps de mères valaisannes… Albert Chavaz a eu une femme dénommée Julie, qu’il aimait à ce que l’on dit avec ardeur et qui lui donna six enfants dont cinq garçons. Il rencontra dans les années soixante dix le peintre breton Tal Coat qui devint son ami et l’on vit alors une alliance surprenante de la Bretagne et du Valais. Quand Julie mourut, en 1977, Albert en fut évidemment effondré, un de ses fils eut l’heureuse idée pour le distraire de lui faire visiter l’Algérie et surtout le sud-ouest, j’imagine vers Taghit, Bechar, peut-être Adrar. Malheureusement, aucune toile n’éclaire ce passage de la vie du peintre suisse.

232-nuchavaz1.1204907793.jpg228-enfantchavaz1.1204907721.jpg

Plus tard, dans Martigny, ce samedi, nous entrâmes dans la librairie de l’Octodure (l’Octodure est un autre nom de la région) pour y consulter le rayon de littérature romande. Toujours aussi passionnant de se trouver dans une librairie suisse : ce sont les mêmes livres exposés qu’en France, mais avec une tonalité particulière, celle que confère la présence d’auteurs que nous ignorons souvent. Jean-Marc Lovay (un sacré écrivain celui-là, mais… pas facile à lire !), Anne-Lise Grobéty, Isabelle Flickiger… Nous avons acheté un petit compendium de littérature suisse romande, écrit par l’éditeur Bertil Galland, avec une anthologie de poètes inconnus (enfin, inconnus… en France). Un jour, j’en mettrai au moins un sur mon blog, je choisirai sûrement le poème de Werner Renfer, un écrivain dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à maintenant, qui fut journaliste dans le vallon de Saint Imier (né en 1898, mort en 1936) et qui a laissé une œuvre qui me semble comparable à celle de Robert Walser (dont j’ai déjà abondamment parlé et qui, lui, tend à devenir célèbre, même en France). Ce qui étonne dans ces œuvres (Renfer ou Walser), c’est la naïveté (vraie ou fausse qu’importe), la fraîcheur, la simplicité des contacts humains, la vivacité de petits tableaux de vie quotidienne montés comme des pierres précieuses.

Je vais revenir bientôt sur cette expérience d’hibernation de début mars en altitude (1800 mètres) de plusieurs jours, en Valais.

Cet article a été publié dans Art, Ma vie, Suisse. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s