Rues de Paris

 

 

rues de Paris
descente surprise de la rue Lepic
au coin, quinze, le bistrot des Deux Moulins
demi Carlsberg et lecture d’un roman frais acheté

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marcher d’un pas trop lent de la station
blanche à la place Clichy attendant le jour
où s’épanouiront les fleurs
les fumeurs sur le trottoir polissent les glaces
de brasseries standard où les vieux se rincent
le gosier d’un rouge qui n’a rien d’un palace.

 

nuit en pente
nuit qui vient après la rougeur du Moulin
Rouge sous les charpentes, fenêtres en cœurs
qui donnent sur la cour

théâtre Théâtre Ouvert au fond d’une cité Véron calme
où les artistes brûlent les façades
en craquant les allumettes de leurs doigts

 

Paris cosmopolite
une femme africaine ouvre
couverture de laine
pour en vêtir une enfant de quatre ans
qui saute d’un pied sur l’autre
car c’est un jour de galette

 

un couple de vieillards se fraie un chemin
vers la porte qui grince avec ses deux battants
qui battent au rythme de leur tension
et sur l’avenue de Clichy
la cycliste éblouie
arrête sa mécanique pour aider à traverser une vieille
face au cinéma que j’ai décrit un jour
et qui diffuse à midi la vie d’Eugène O’Neill

 

crêpe au Wepler
où j’irai peut-être
boire une bière
siffler des coquillages
endormir les rumeurs
ou les suivre en leur sillage
effrayer les oiseleurs.
pervertir les pensants
pensent bien pensent mal
corrects politiquement ou bien
incohérents
regardant le ciel ou bien
sombrant
aux égouts de l’enfer
négligeant le sel
à répandre en hiver
et refermant le livre
qui traite de l’ennui
celui qui nous prend
à feuilleter la vie,
le soir, les heures chien et loup
les ricanements, les envies
les fureurs tues, les insultes à demi-mots
les soupirs de tant d’impéritie
des gouvernements
les étalages dans les journaux
les frasques d’un trop élu
la conviction tenace
qu’à trop vouloir en faire,
il finira dans le caniveau.

faute à Voltaire.

la tête dans le ruisseau.

faute à Rousseau.

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2 commentaires pour Rues de Paris

  1. Posuto dit :

    J’aime bien. (et pourtant je ne suis pas fan de polézie).
    J’ai senti comme une odeur de Supervielle dans l’air. Et j’aime bien la cycliste.
    Kiki 🙂

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  2. Alain L. dit :

    thanks a lot, kiki!
    la cycliste existe vraiment, je l’ai vue.
    En revanche, O’Neill c’est pour la rime
    (mais c’est vrai que sur une colonne Wallace, il y avait
    une affiche annonçant une pièce d’Eugène O’Neill).
    Supervielle? hmmm… j’suis pas sûr qu’il se serait référé
    à Voltaire ni à Rousseau…
    un jour, je lirai votre roman, promis…

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