Ces philosophes que le monde nous envie (2)

Récemment (« le Monde » du 12/06), un article attira mon regard. Son auteur : Michel Onfray. Son titre assez curieux : « Martine, Carol, Simone et les autres ». Il y était question de la philosophie du care qui, comme on le sait, vient d’être visitée par Martine Aubry afin de rafraîchir un peu le corpus idéologique du PS. J’avais compris jusqu’à présent que cette doctrine était un ensemble d’idées venu de la réflexion de philosophes américaines, dont une certaine Carol Gilligan , idées qui visent à installer au cœur de notre société ce minimum d’empathie sans quoi elle s’effondre. Ce minimum tend à faire défaut en France depuis une dizaine d’années, c’est-à-dire depuis que le rouleau compresseur de l’arrogance et du cynisme conjoints à l’individualisme débridé est passé par là, commençant son travail un beau jour d’avril 2002, pour se faire encore plus lourd après un triste jour de mai 2007.

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Mais l’article du bel Onfray ne parlait pas de ça. Il attaquait celles qu’il baptisait avec un peu de mépris « Martine » et « Carol » et il le faisait au nom d’une thèse qui pouvait paraître recevable. Il disait que ces dames dévoyaient le féminisme en prétendant que les femmes étaient dotées de « qualités » supérieures à celles des hommes et que c’était sur elles qu’il fallait baser une politique. Une sorte de sexisme à l’envers en quelque sorte. Et très bizarre à mon avis venant d’une philosophe américaine en plein dans le bain des réflexions sur le « genre » (plutôt que sur le sexe). Onfray n’hésitait pas à écrire à propos de Carol Gilligan :
Qui est cette femme ? Une philosophe dite féministe. Pourquoi dite ? Parce qu’il me semble qu’il est des féminismes dont les femmes pourraient bien se passer tant ils réjouissent les machistes…

Et il enfonçait le clou :

Lorsque Carol Gilligan écrit : « Les femmes se définissent non seulement dans un contexte de relations humaines mais se jugent en fonction de leur capacité à prendre soin d’autrui (care) », est-ce que l’on ne retrouve pas l’ancestrale définition, bien peu féministe et très machiste, des femmes différentes des hommes parce qu’elles sont douces, tendres, affectueuses, altruistes du fait que la physiologie de la maternité les distinguerait des hommes ? Où l’on retrouverait le destin des femmes écrit dans leur utérus…

Je dois bien confesser que je n’avais pas lu Carol Gilligan et que j’étais bien en peine, donc, d’argumenter face à de telles accusations. Mais qu’à cela ne tienne : pour la somme modique de 15 euros, vous pouvez vous procurer un petit livre fort bien fait, qui rassemble de nombreux articles parus sur elle, sous la direction de Vanessa Nurock : « Carol Gilligan et l’éthique du care » , aux PUF, collection débats philosophiques.  Parmi les intervenant(e)s figurent des philosophes moins connu(e)s que notre Onfray national, mais connus quand même, pour la bonne cause, c’est-à-dire pour leur rigueur. Je veux parler par exemple de Sandra Laugier.

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Carol Gilligan

En réalité, comme je m’y attendais, Onfray a tout faux. En extrayant les citations de leur contexte, il fait comme si Carol Gilligan pensait que les qualités liées au soin et à l’attention envers l’autre étaient des qualités naturelles des femmes, alors qu’elle dit tout le contraire. Ce qu’elle dit, c’est que de telles qualités, n’ayant pas été suffisamment glorifiées par notre société capitaliste, ont échu aux femmes, de façon « culturelle » en quelque sorte, et non naturelle. Maintenant nous sommes à un point de l’histoire où tout le monde, hommes y compris, doit récupérer ces qualités pour en faire celles de tous, et il n’est jamais bien sûr question de les laisser aux seules femmes.
Voilà comment on manipule les idées. Comment un « intellectuel » qui se prétend proche du peuple se permet de dénaturer une pensée de plus grand(e) que lui à ses fins personnelles qui sont finalement machistes et tout sauf populaires….  Et « Le Monde » encore une fois de se faire complice de ce genre de manipulation.

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33 commentaires pour Ces philosophes que le monde nous envie (2)

  1. jeandler dit :

    Attiré par l’odeur, non de la flouve odorante, mais de la rumeur publique, j’imaginais bien que quelqu’un prendrait soin de remettre les choses à l’endroit.
    On peut, aujourd’hui, tout dire et son contraire et c’est celui qui criera le plus fort pour attira le mieux le chaland qui l’emportera. Le Monde n’est pas insensible à cet argument par ces temps de disette…

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  2. Ouf! Merci d’avoir lu pour nous les vrais mots de Carol Gilligan. Sinon, je crois que j’aurais trouvé le jugement porté sur Onfray bien injuste.

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  3. erikantoine dit :

    Après Freud, Michel Onfray, le petit parano de province aspirant au rôle de Bernard-Henri Lévy péridode sarkozique, continue à essayer de penser plus haut que son Q(I).
    Si on doit dépenser 15 euros à chaque fois que Onfray dit une connerie, c’est la ruine assurée ! Merci de nous épargner la dépense, mais gardez un peu d’argent pour vous quand même… 😉

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  4. michèle dit :

    Le « de province » j’apprécie pas plus que le « remugle des vaches à la campagne » de Pierre Assouline sur un de ses billets.
    Il serait temps que chacun comprenne, que, avec internet, les temps sont en mouvement.
    Du fin fond de sa province fut-elle paumée, on accède en temps réel aux mêmes infos que les citadins.
    La donne est changée parce que plus besoin des colporteurs pour transmettre les nouvelles et porter les colifichets.

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  5. michèle dit :

    Les hommes, les pères, les jeunes hommes changent : la relation avec les femmes change aussi.

    Il fallait cette violence-là, et moult ruptures, pour mettre en branle un état de fait, le patriarcat, qui ne nous convenait pas, à nous les femmes.

    Maintenant, je crains fortement qu’avant d’arriver à l’état d’équilibre, après la tourmente des passions, il faille en passer par une étape intermédiaire qui s’annoncerait terrifiante ; celle où les femmes singeraient les hommes en adaptant leurs comportements : cocufiage, polygamie, (=>androgamie), narcissisme hypertrophié, intérêt focalisé par ce qui se passe sous la ceinture, incapacité première à lever les yeux vers une ligne horizontale légèrement ascendante.

    Et là, ce serait encore plus violent que ce que nous venons de traverser car les femmes, indéniablement, nous sommes habitées par des forces telluriques.
    Donc là les femmes seraient pires que les hommes, y’aurait plus qu’à se planquer et attendre que cela passe.

    Mais, à l’équilibre, nous arriverons, j’ai bon espoir.

    >Alain L. sur Onfray, je ne dis rien, car je ne le lis pas ; j’attaque, bille en tête Jim Harrison, puis l’Ulysse de Joyce à cause de vous.

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  6. martin dufresne dit :

    Parodier le féminisme en qualifiant d’essentialisme sinon de misogynie ses tentatives de montrer que la culture a fait des hommes et des femmes des caricatures de leurs possibles est une méthode qui a fait ses preuves. On l’a utilisée contre de Beauvoir, Andrea Dworkin, Luce Irigaray et bien d’autres philosophes qui dérangeaient le lac tranquille de la Philosophie des Lumières.
    Pas besoin de chercher bien loin pour voir qui enferme les femmes dans une féminité bien éloignée d’un véritable « care »: la presse dite « féminine », la mode et la loi de l’apparence, la politique du travail, l’hétérosexisme… toutes forces qu’évite de désigner Onfray, bien content de crier au sororicide.

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  7. alainlecomte dit :

    oui, je suis d’accord Michele, le « de province » est superflu. Ceci dit, il est juste que si chaque fois qu’Onfray dit une connerie…. bon, si je vous comprends, Michele, la vengeance des femmes sera terrible…
    ce que dit martin dufresne est très bien dit, mieux que je ne saurais dire.
    On notera, depuis que Martine Aubry a mis cette notion de care sur le devant de la scène, à quel point cela donne lieu à des ricanements imbéciles de la plupart des hommes politiques, aussi bien dans la majorité qu’au PS (je n’ose dire « à droite comme à gauche » dans ce cas, tellement ce sont là évidemment tous comportements de droite). Le machisme ressort toujours dans ces cas-là, comme il était apparu clairement au temps de Ségolène.

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  8. michèle dit :

    >Alain L.
    de toutes façons le premier mépris est d eles nommer par leurs prénoms. En vertu de quoi créer cette fausse intimité ?
    Cela a déjà commencé à être terrible : les femems traitent les hommes comme des ex-toys, les surnomment non-inscrits, les consomment, les jettent.
    Les pères s’éloignent parfois s’ils se font faits virer ; bon nombre n’élèvent plus leurs enfants (cela a été, je sais).
    Cela durera vingt à vingt cinq ans. Si c’est plus ce sera horrible. Ce l’est déjà.

    Je ne fais pas figure de voyante ; je regarde, je constate.
    De même, je note que pour des immigrés non intégrés, le retour au pays, la terre-mère commence pour la retraite. La femme reste ici, les gosses aussi.

    Ce qui m’intéresse, sur le plan sociologique (ethnologique je n’ose pas …), c’est de constater, qu’une femme, même achetée à seize ans et vierge, dès qu’elle accède à la liberté est bien décidée à en jouir et à ne plus y renoncer.

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  9. michèle dit :

    Mais en même temps moi aussi je l’appelle Ségolène car c’est une intimité que l’on s’autorise, une figure maternelle, (ma dona), l’ont ne peut le renier ; alors que Mitterrand hormis le tonton, à peine hypocoristique, on ne l’a jamais nommé François, Françounet, tout ça. Ni Charlychou, ni Jacquou ou Jacquot, les croquants auraient surgi de leurs champs.

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  10. michèle dit :

    pardon :
    les femmes traitent les hommes comme des sex-toys
    (grrrr…oubli du « s » révélateur, Freud help wake up)
    l’on ne peut le renier.
    >Alain L.
    et puis, l’homme attendu, il n’a pas besoin d’aller au fin fond de l’est quand soi on va au fin fond de l’ouest.
    Il n’a pas besoin de faire ses preuves.
    Ni de bander mou ni de bander dur.
    Ni de menacer ; si tu me câlines je vais bander mou.
    Ni de faire la guerre pour être sûr de bander dur.
    On s’en fout.
    Moi, je, je (bis) m’en fous.
    Il a besoin d’être.
    Et d’être lui.
    Fort, fragile.
    Seigneur, esclave.
    Maçon, jardinier.
    Enseigneur, enseigné.
    Dans une très grande simplicité.

    Et, la culture, elle ne sert à rien si on n’en fait rien.
    La culture, comme la littérature cela doit aider à vivre, avant toute autre chose.

    Et si j’ai foi en l’avenir c’est parce qu’en regardant les jeunes de vingt ans et leur mode de fonctionnement, je trouvais cela chouette leurs relations ; et pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis dit, on a fait du bon taf, nous leurs parents.

    Bonne soirée.

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  11. alainlecomte dit :

    Oui, je l’ai appelée Ségolène, mais ce n’était vraiment pas par mépris. Je pourrais tout aussi bien parler de Lionel, c’est une sorte d’idée (sans doute fausse) qu’il s’agit de gens auxquels peut nous lier une sorte de lien de camaraderie (je dis aussi « Marie-Georges », comme autrefois dans les rangs du PC, les militants sincères parlaient avec émotion de « Georges » ou de « Maurice »). Mais sans doute fause bien sûr car le PS ne correspond sûrement pas à nos réelles aspirations. Quant aux femmes qui traitent les hommes comme vous le dites, en France, je n’ai pas l’impression que cela soit très répandu. Je ne suis pas sûr que les femmes aient envie d’exercer cette violence dont vous parlez. Elles l’ont subie, souvent, mais quand elles se libèrent, elles donnent plutôt l’impression de s’en détourner. La doctrine du care, c’est ça, en fait, la récupération sereine d’abord par elles-mêmes, de ce que les hommes leur ont laissé.

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  12. alainlecomte dit :

    nos mails se sont croisés.

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  13. michèle dit :

    >Alain L.
    oui nos mails se sont croisés, le sujet me questionne
    le tutoiement c’est aussi se mettre sur un pied d’égalité, j’aime bien la notion de camaraderie que vous soulignez.
    Pas besoin de chercher bien loin pour voir qui enferme les femmes dans une féminité bien éloignée d’un véritable “care”:

    eh non, ce n’est pas la liste que vous citez, vous martin dufrène qui enferme les femmes là-dedans, ce sont les hommes eux-mêmes qui nous enferment.
    Pourquoi ?
    Ce n’est pas compliqué.
    Simplement pour une histoire de peur.
    Aux tripes.
    Et de pouvoir.
    L’avoir et le garder.
    Surtout ne pas le partager.

    Le premier mépris que l’on manifeste à la femme c’est de la considérer comme un objet sexuel et de fréquenter la pornographie quelle qu’elle soit.
    Acheter une femme pour l’épouser c’est déjà du mépris.

    >Alain L. les gens que je fréquente me donnent ce modèle-là ; ou bien du retour au nursery moi je reste à la maison, je fais la cuisine et je m’occupe des couches des enfants que tu me feras (d’ailleurs, les couches, chéri, je les laverai à la main dans le lavabo de la cuisine, parce que tu sais le tout-jetable c’est pas écolo), ou bien de la « pute  » assumée. Moi je couche, j’aime ça, et je t’utilise et je ne m’attache pas.
    Non les dernières ne sont pas heureuses de ce choix-là : elles ont les dents serrées et le goût du sang dans la bouche. Elles sont dans la loi du talion, comme il y a de quoi faire, c’est sanglant.

    Maintenant, ce que vous dites est sans doute vrai dans une tranche de population stabilisée, dans son couple, dans son travail, dans sa famille.

    Mais la mienne de tranche de population est très instable ; il y a peu, je sortais de la projection de Ma nuit chez Maud de Rohmer. Deux femmes et moi-même en sortant trouvions ce film dépassé, j’irai même jusqu’à dire que Trintignant y est ridicule, (surtout quand il s’enveloppe dans la couverture, transi de trouille). Juste avant cela un homme jeune de la trentaine, assis à mes côtés m’avait fait part de son exaltation devant cette femme qui activait tous ses fantasmes.

    En tout cas, à mon sens, il y a une vraie régression pour les femmes en ce moment qui fait jour, partout.

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  14. Carole dit :

    Onfray ne pense pas mieux que mon voisin du café du commerce. Pourquoi faut-il absolument qu’il donne son avis sur tout !!! c’est énervant à la fin ce show biz. et ça vaut pas trop la peine de s’y arrêter…
    pour ma part, et sans avoir rien lu à ce sujet (donc ma position est déjà suspecte) Cette idée que les femmes sont plus empathiques que les hommes (culturellement, par le fait d’endosser un rôle imposé par la société) ne suffit pas à faire d’elles un modèle du genre. Car à mon sens les valeurs morales ne s’imposent pas aux personnes de l’extérieur, mais ne sont réelles et effectives que si elles sont librement et en toute conscience ressenties et intégrées. Quelque fois, la réalité intérieure des femmes ne ressemblent pas aux rôles qu’elles jouent et cela crée des clivages importants et beaucoup de désamour.

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  15. michèle dit :

    >Et vous Alain L. lorsque vous écrivez sur votre blog, ma femme aime les plus grands sommets du monde et je l’emmène, vous m’émeuvez.
    Votre choix n’est pas d’être à Tokyo pendant qu’elle était à San Francisco à sa conférence sur les secousses sismiques.

    Vous sembliez capable, d’être à la maison sans vous sentir pour autant inférieur à votre épouse.
    Cela représente pour moi la parité et le féminisme.
    Chacun remplissant sa fonction à lui dévolue sans être dans une éternelle course-poursuite où finalement, on ne se rencontre jamais.

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  16. Carole dit :

    je voulais juste ajouter que le rôle des philosophes qui posent la question du genre dans toutes ces implications sociales et affectives est essentiel. Je ne peux juger du présent ouvrage que je n’ai pas lu, mais c’est important d’en parler et d’en parler rigoureusement car c’est un sujet très délicat. Cela devrait permettre à chacun des deux sexes de se défaire de ses préjugés (qui existent des deux côtés).

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  17. michèle dit :

    Je vais arriver au bout de ma pensée et rééteindre mon ordi. pour la x’ ième fois.

    Parce que sinon, lorsque vous êtes à Dublin elle part à Ouagadougou et cela continue et c’est ingérable.
    Alors qu’à Lisbonne, elle a eu la chance que vous l’accompagniez.

    Moi je suis contre la concurrence forcenée et contre la course poursuite dans le rapport masculin/féminin.

    Et aussi, je pense que les qualités intrinsèques que nous avons, nous les femmes, nous pourrions vous en faire bénéficier, vous les hommes, sans que vous songiez pour cela que vous allez disparaître.
    Et que la réciproque serait bien, si vraie.

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  18. Carole dit :

    bonsoir Michèle ! oui.. nos messages se sont croisés aussi… sujet sensible n’est-ce pas ? Il y a tant à dire que… je préfère éteindre aussi pour ce soir et laisser reposer les pensées qui se télescopent 🙂 bonne nuit…

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  19. michèle dit :

    >Carole
    mon bonsoir d’hier soir oups s’est englouti mais vous l’avez lu, je suis contente.

    Juste la pensée du matin sur l’équidistance : un à l’ouest, l’autre à l’est. On se toruen le dos, on s’éloigne. Mais s’éloignant, ne se rapproche-t-on pas finalement , Il faudrait regarder une mappemonde.
    J’aime ces coups du sort que le vie nous réserve : je rêve, je vous l’ai dit Alain L. d’aller au Japon depuis plus de trente trois ans. Et je ne suis pas prête encore à y aller. Le choc sera violent, je me dois de l’amortir. Seul le temps amortit les chocs, aplanit les courbes, adoucit les angles.
    Un autre, inconnu, ô combien, rêve d’aller en Californie et ira.
    De l’un et de l’autre

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  20. michèle dit :

    on se tourne le dos
    rêve d’aller en Californie et ira au Japon.

    De l’un et de l’autre, nous ne savons les motivations qui pousse à l’envie d’aller voir ailleurs, comme vous le dites.

    Ce que je sais, car je suis en plein dedans, c’est que pour moi le départ représente un arrachement. Et que cette déchirure là m’est vitale, parce que salvatrice.
    Je n’ai pas hâte, cela arrivera encore trop vite. Je serai prête au dernier moment.
    Pour l’instant, j’en profite pour jeter des papiers ; et n’est-ce point là au fond, le meilleur prétexte pour enfin arriver à jeter ce qui était impossible de faire sans le départ.
    Laisser propre derrière soi, comme si l’on n’allait plus revenir.
    Nickel/chrome.

    Savoir d’emblée que quand on rentre, parce qu’on rentrera, ben oui, ce sera top de retrouver la masion si propre, si rangée avec si peu de papiers accumulés partout.
    Et là, on se dira c’est chez moi, et c’est là que je vis.
    Et ce sera le bonheur.

    Bon dimanche à tous.

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  21. michèle dit :

    Dernières news avant de vous quitter ce jour : ce ne sera pas facile ; seul l’océan pacifique nous séparera.
    Avec la zone de fracture de Murray, celle de Molokai, plus loin la dorsale des Hawaï, plus loin encore celle du Japon.
    Faudra y aller mollo, et réduire la voilure.
    Mais c’est traversable, l’océan pacifique.

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  22. « Le Monde complice de cette manipulation » : il a simplement donné la parole à l’abruti à la mode, et cela permet de lui répondre là-bas comme ici.

    Lors de la sortie de son livre foireux sur Freud, qui l’a définitivement disqualifié, Onfray a bénéficié certes d’une grande couverture médiatique (le seul parement qui l’intéresse, au fond), mais les critiques ont pu s’exprimer à l’aise, que ce soit dans « le quotidien de référence », dans « Libé » ou ailleurs.

    Que maintenant il prenne prétexte d’un livre de Carol Gilligan (célèbre inconnue) pour attaquer la gauche – car il faut bien qu’il laisse périodiquement passer le bout de l’oreille – pouvait-on s’attendre à autre chose de sa part ?

    Avec Finkielkraut, on ferait… un beau couple à réaction (Bruckner est plus prudent).

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  23. Alain L. dit :

    eh bien il s’en dit des choses sur un blog dès qu’on a le dos tourné! (ou qu’on dort, tout simpelement). Bon voyage Michele. Quelle chance d’aller au Japon, vous allez adorer. N’oubliez pas de regarder le blog de Lionel Dersot… ça donne de bonnes idées de balades hors des sentiers touristiques dans Tokyo. (http://tokyo.blog.lemonde.fr/).
    Mais vous ne serez pas loin… c’est la rançon d’Internet de ne s’éloigner finalement jamais puisqu’on a toujours la possibilité de se connecter.
    Le débat sur le genre est évidemment fondamental. Il faut lire ces ouvrages sur le « care », ils apportent un jour nouveau sur toutes ces questions, qui, à mon avis, va plus loin que la réflexion d’une Elisabeth Badinter (même si la réflexion de cette dernière est utile aussi).
    Le Monde complice… oui, j’ai dit ça. Ne pas oublier que c’est le monde qui demande ces contributions à Onfray, c’est donc un choix éditorial. « le Monde » dénature les propos de Chomsky, mais met en valeurs ceux d’Onfray.

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  24. erikantoine dit :

    « Le “de province” j’apprécie pas plus que le “remugle des vaches à la campagne” de Pierre Assouline sur un de ses billets. »
    « oui, je suis d’accord Michele, le “de province” est superflu. »

    J’étais sûr qu’il faudrait revenir là dessus. J’ai réfléchi avant de le mettre et je l’ai laissé. Pour une raison précise, parce que Onfray, qui passe du temps dans les studios de télé parisiens, n’a de cesse que de se styliser en un fidèle de la province, qui n’a jamais quitté Argentan, cherchant à tirer là une fausse légitimité de ‘gens du peuple’ alors qu’il ne vit, n’écrit et ne parle plus que pour le microcosme parisien le plus étroit.
    Il y a deux réalités recouvertes par l’idée de provincial: soit qui n’est pas situé dans une capitale, soit qui est étriqué, fermé. Malheureusement il est vrai, on croit du coup que tout ce qui est situé en province est provincial et tout ce qui est à Paris ne l’est pas.
    Alors qu’au contraire, la pensée-paillette produite par le microcosme parisien est d’un provincialisme d’autant plus ridicule qu’il est convaincu de sa dimension planétaire.
    Au contraire, des gens situés localement, implantés dans des endroits de province atteignent bien plus sûrement à l’universalité, par leur implantation locale même: Ellul (Bordeaux), Michéa (Montpellier), Lecomte (Grenoble, hihi ;-)), F. Rufin (Amiens), J. Oury (La Borde), S. Leys (ailleurs)… Je dis ça pèle-mèle.
    Je persiste et signe, Onfray qui se veut de province, est parisien dans son agir et ne parvient qu’à être provincial dans sa pensée.

    Quant à Elisabeth Badinter, vu les bêtises qu’elle sort sur le voile, Vu ses 10% des parts du capital de Publicis qui répand dans les pubs produites des clichés gravos sur les femmes, non, elle n’est pas utile. Elle monopolise de manière indue la parole publique alors que d’autres y auraient plus avantageusement accès.
    http://www.monde-diplomatique.fr/2007/09/CHOLLET/15078

    Enfin, sur le féminisme, peut-être faut-il dépasser ce combat qui a eu son moment historique pour amorcer la décolonisation générale de la pensée qui permettra un jour de jouir de la différence des autres plutôt que d’en avoir peur et de chercher à la réduire, fond de tous les racismes et de toutes les coercitions (comme disait Lacan: chercher à contrôler la jouissance de l’autre, c’est ça la politique raciste. C’est bien ce à quoi on assiste dans toutes les réactions actuelles). Et en couple (avec un homme ou une femme, ou plusieurs…) peut-être parvenir à aimer au-delà du narcissisme (l’amour transnarcissique de L. Israël)

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  25. michèle dit :

    >erikantoine
    sur le de province, s’il est réfléchi il est provocateur ; l’effet est donc réussi. Vous enfoncez le clou à la fin de votre argumentation en disant pensée provinciale : comme si vivre en province revenait à penser étriqué.
    Non, on peut appartenir à un biotope, se revendiquer en osmose avec telle contrée et avoir une pensée universelle, et je ne comprends pas pourquoi vous dissociez les deux ; à l’ère d’internet, certains sont délocalisés en province pour la qualité de vie qui leur permet d’élever leurs enfants dans de bonnes conditions et travaillent à Paris (avec Paris ou sur Paris si vous préférez).

    Sur Badinter E. Je ne dis rien, n’ai pas tout suivi sur le voile, un peu seulement.

    Sur votre dernier point, nous sommes en plein feu de l’action. La bagarre bat son plein. Prôner la fin des hostilités en plein champ de bataille, c’est héroïque : à mon avis, vaut mieux atteindre la fin des munitions, de la rage (et non pas de l’hystérie trop facilement appelée en renfort, alors qu’elle est pathologique alors que la rage n’est que l’aveu d’une injustice et de l’impuissance concomitante) et voir comment rebâtir sur des bases nouvelles, et pas sur un terrain miné. Avec des fondation solides, et sans polygamie.
    De quelque côté que ce soit, masculin ou féminin, je ne crois pas à la polygamie.
    Uniquement parce que la survie des espèces passe par un attachement stable et durable.
    Lacan, depuis que j’ai lu le livre de sa fille, je doute. Je sais que c’est bien à la mode de douter de tout et de proposer n’importe quoi, mais j’aime bien que les théoriciens commencent à passer à l’acte sur eux-mêmes avant de proposer Byzance à leurs patients.
    Faudrait en parler à CHRISTIAN.
    Le narcissisme, il est constitutif de l’estime de soi, et en cela utile.
    Je proposerai plutôt un respect de l’autre dans un échange de liberté.
    Cela me semble faisable.
    Avec honnêteté.
    Condition sine qua non.
    Et, bloggant, de-ci, de-là, j’en viens à penser que les fantasmes ne sont pas faits pour être exprimés, mais rester secrets, et donc que le jardin secret est indispensable à chacun.
    Et jardin secret ne veut pas dire amant caché dans le placard ou la cheminée, mais part de soi à laquelle l’autre n’accède pas, car faisant partie de son intimité.
    Je commence à croire que tout ne doit pas être partagé, de fait.

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  26. alainlecomte dit :

    @erikantoine : ma présence est un peu incongrue dans cette liste (!), j’y ajouterais quant à moi, Pierre Livet, le philosophe d’Aix en Provence!
    @michele : ce n’est peut-être pas la fille qui est la mieux autorisée à écrire sur le père, non? et puis, j’ai du perdre le fil… qui est Christian?

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  27. jmph dit :

    Eh ben, ça chauffe … Rien à ajouter !

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  28. erikantoine dit :

    @ michele, vous devenez effectivement très difficile à suivre.
    Je ne comprend pas très bien ce pb autour de province / provincialisme. De nos jours, il n’est pas rare, de trouver dans la presse critique le qualificatif de ‘parisien’ accolé à des ‘intellectuels’ médiatiques sans intérêt et manifestement, ce n’est pas que pour les situer géographiquement. De même est employé pour ce genre de microcosme fétide le terme ‘parisianisme’. Doit-on se sentir concerné par l’opprobre quand on est simplement résident de paris, donc ‘parisien’ ?

    « je ne crois pas à la polygamie »
    ah ? je ne savais pas que c’était une religion ?

    « Uniquement parce que la survie des espèces passe par un attachement stable et durable. »
    Houlà ! C’est le genre de biologisme qui mène loin politiquement…
    Vous savez que c’est faux en plus. Pour la ‘survie de l’espèce’ mieux vaut féconder beaucoup de partenaires… Sans compter que parmi les animaux, on trouve de tout. Donc je ne comprends pas très bien votre phrase.

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  29. michèle dit :

    >Alain L.
    CHRISTIAN est un bloggeur/éditeur/spécialiste de Lacan impossible de le retrouver, j’ai cherché partout deux heures
    Sylvie Lacan c’est un petit opus autobiographique guère ragoûtant sur le grand homme.
    >erikantoine c’est que nous ne devons pas suivre le même fil, pas grave :
    oui sur les intellectuels parisiens j’ai entendu une critique acerbe il y a deux jours sur F.C ; cela est-il toujours d’actualité ? N’en serions-nous pas à une indifférenciation de nos lieux de vie, au vu de nos déplacements ? Y-at-il encore des spécificités, des mentalités liés à un biotope ? Chez moi, même les accents disparaissent tellement il y a d’estrangers. Ceux qui parlent avé l’accent se raréfient drastiquement. Les « vieux »disent « on ne connaît plus personne ».

    Ne soyez pas soumis à l’opprobe, d’aucune façon.

    je crois qu’il fera beau demain, s’agit-il d’un credo ?

    Mener loin politiquement, nous sommes plutôt dans l’impasse, ce me semble.
    Droit au mur.
    la survie des espèces je songeais au règne animal : cela passe par le soin de sa progéniture. L’instabilité n’est pas un facteur de sécurité, donc raccourcit l’espérance de vie.
    Il y a belle lurette que la fécondation surmultipliée n’est plus facteur de survie sauf dans les pays de misère où elle est proportionnelle au taux de mortalité infantile.

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  30. erikantoine dit :

    c’est pas Sybille plutôt ?
    Quel rapport entre le père qu’il a été pour Sybille et son oeuvre psychanalytique ?
    Heidegger n’a toujours pas été éradiqué de la philosophie me semble-t-il, Platon non plus.

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  31. michèle dit :

    Les modérateurs du monde. fr, merci.

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  32. michèle dit :

    ma mémoire a flanché ; oui c’est Sybille : le secret
    aucun lien
    si ce n’est que l’homme est intéressant, pas seulement l’œuvre. Savoir que Voltaire était terriblement intolérant m’éclaire et ne m’empêche pas d’apprécier son Traité sur la tolérance.
    Mais savoir l’un évite de déïfier l’autre.

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