Carte postale de vacances n°6

MAAM, à Salta, ça n’a rien à voir avec une personnalité bien connue du monde politique français, ça fait plutôt penser à MOMA, sauf qu’il ne s’agit pas d’art moderne mais d’anthropologie.

momie3.1185311185.jpgmomie2.1185311140.jpgmomie1.1185311080.jpg (photos extraites du site du MAAM)

Le MAAM est le Museo d’Arqueologia d’ Alta Montana, un des musées les plus captivants qu’il nous ait été donné de visiter, alors même qu’il ne se compose que de quelques salles (quatre ou cinq grand maximum), mais ces salles dégagent une intensité émotionnelle très forte surtout quand on n’est pas préparé à leur réception. De quoi s’agit-il? Au début, quand on entre dans la première salle (c’est très beau, architecture moderne, nombreuses vidéos explicatives etc.) on apprend qu’on va voir une exposition sur une expédition qui fut menée en 1999 par une équipe dirigée par un anthropologue américain du nom de J. Rheinhard, au sommet du volcan Llulliaillaco, un sommet de plus de 6000 mètres pas très loin de San Antonio de Las Cobres (voir mon post antérieur, du…), expédition dénommée « los ninos de Llulliaillaco ». On ne comprend pas bien ce que les « ninos » font là-dedans…. Mais petit à petit, les choses s’éclairent: les Incas, oui, les Incas, qui avaient étendu leur territoire au maximum entre 1450 et 1532, lequel territoire s’appelait Tawantinsuyu et avait sa capitale à Cuzco, considéraient les sommets comme des lieux sacrés et ils y faisaient leurs offrandes. Et qu’est-ce qu’ils offraient à leurs dieux, les Incas? [oui, je sais, dès qu’on se met à parler de dieux, de divinités, d’offrances aux dieux etc. on s’attend au pire], eh bien ils devaient offrir ce qu’ils avaient de plus précieux pardi! Et que pouvaient-ils avoir de plus précieux que la vie de leurs propres enfants? Et voilà comment de petits enfants (vers les huit ans ou plus) étaient amenés à gravir les flans des volcans, par des chemins pentus jalonnés de refuges (dont on a retrouvé les traces), jusqu’au sommet où la cérémonie, la Capacocha, avait lieu. On organisait souvent un mariage d’enfants avant le sacrifice et on donnait au sacrifié, pour son « voyage divin » des jouets, de petits animaux en or ou argent (en forme de lama surtout) et des poupées. On a retrouvé tous ces objets et le MAAM les expose, ainsi que les tissus, qui étaient magnifiquement tissés par des jeunes filles choisies et réunies dans une sorte de gynécée (où le Grand Inca allait bien évidemment à la pêche de temps en temps…).
Ce qui est extraordinaire est que les petits corps des enfants (nous n’avons pas réussi à savoir comment ils avaient été trucidés, comme s’il s’agissait, encore aujourd’hui, d’un sujet qu’il est gênant d’aborder), grâce au froid, ont été conservés dans un parfait état. Les médecins et odontologues ont fait de multiples examens et ont trouvé tous les organes parfaitement intacts, on pouvait même savoir exactement que l’un des enfants trouvés souffrait de bronchiolite avant d’être immolé!
L’une des trois momies exposées, la « Reine de la Montagne », avait été, il est vrai, découverte bien avant cette expédition et elle avait, alors, été dérobée et transportée à Buenos-Aires, des objets avaient été volés également, mais le musée de Salta a acquis le droit de tout récupérer et exposer. La visite de ce musée est donc une très belle leçon d’anthroplogie, elle nous montre en particulier la puissance de l’empire Inca, son organisation, notamment le réseau de routes qu’il avait su mettre en place, et dont certaines sont encore utilisées aujourd’hui (dans les vallées Calchaquis notamment, où nous étions il y a peu).
J’allais oublier: Llulliaillaco signifie en quechua « montagne du mensonge ». Les Incas croyaient que les montagnes étaient de grands réservoirs d’eau dont le trop plein jaillissait sous forme de ruisseaux ou de nappes de neige. Ce volcan-ci avait la particularité de n’avoir que de très courts ruisseaux, d’où l’idée qu’il MENTAIT sur sa réalité.

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4 commentaires pour Carte postale de vacances n°6

  1. Posuto dit :

    Quel dommage que les biens les plus précieux des Incas n’aient pas été des poules ou des scarabées…
    Sinon, je me doutais bien que ce Llulliaillaco n’était pas très net ! Un volcan beau parleur, donc (et radin, non ?)
    Kiki 🙂

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  2. Michèle dit :

    Mais pourquoi les enfants ? Parce qu’ils sont purs ? Ou pour tester la fidélité des Incas à leurs dieux comme Dieu demande à Abraham d’immoler son fils et parce qu’il accepte ce sacrifice Dieu y renonce et dit on immolera un bélier pour fêter la fin de ? chez les chrétiens et du ramadan . L’aïd chez les musulmans.

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  3. Alain dit :

    On ne connaît peut-être pas tant de choses que cela sur les Incas, en tout cas, je me promets de m’informer davantage quand je reviendrai en France. Je pense que la religion des Incas était probablement moins sophistiquée que nos religions connues actuelles : ils avaient simplement peur de leurs dieux et essayaient pour cela de les amadouer en leur faisant les offrandes les plus précieuses, d’où celle de la vie de leurs propres enfants, ce qui est quand même terrible…
    Je me souviens avoir lu dans le temps le très beau livre de Le Clézio sur les mayas (« Le rêve mexicain ») où il parlait de rites semblables chez les mayas.

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  4. Micha dit :

    Quand je lis cette article je suis vraiment peiné, des enfants de cette époque, ils n’ont pas du avoir la vie facile. » la puissance de l’empire Inca  » Je ne pense pas qu’ils etaient si puissant, plutot appeuré. C’est sur!! Nous sommes bien TOUS tres bi.

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