La Bolivie, nous en rêvions… mais arrivés à La Quiaca (La Quiaca est la ville frontière, à l’extrême nord de l’Argentine, on roule longtemps sur un grand plateau désertique, qu’on appelle La Puna, et sous le soleil, on devine au loin une agglomération posée là, en plein désert, coupée en deux par un canyon asséché, d’un côté du canyon c’est la ville argentine de La Quiaca, et de l’autre, la ville bolivienne de Villazon, entre les deux un pont, ou plutôt deux: un pour les véhicules et un autre pour les piétons, celui pour les piétons est parcouru en permanence dans les deux sens par une ribambelle d’hommes et de femmes ployant sous les charges: ils font la contrebande et les douaniers manifestement ferment les yeux, cette région ayant pour activité économique essentielle la contrebande. On voit régulièrement des pick-ups chargés de sacs s’arrêter au bord de la route, un «chef » surgir et toute une troupe se mettre en ordre pour acheminer la marchandise de l’autre côté), arrivés à La Quiaca donc… voici ce que nous trouvons en travers du pont, côté bolivien:
Bref, vous avez compris: frontière fermée pour cause de grèves, manifestations etc. Sur quel sujet? Je vous le donne en mille: sur l’épineux sujet de l’autonomie des universités… là aussi!
Nous allons rester dans le coin néanmoins afin de vérifier si, le lendemain, la situation s’arrange (elle ne s’arrangera pas…). « Dans le coin », cela veut dire le petit village de Yavi, beaucoup plus coquet que La Quiaca, avec sa vieille église aux vitres d’onyx et à l’autel plaqué d’or, vieille capitale d’un « marquisat » qui, autour des années mille sept cent, occupait un territoire à cheval sur les actuels états de Bolivie et d’Argentine. Yavi, à proximité d’une rivière entre deux parois rocheuses où l’on peut partir à la recherche de peintures rupestres et de pétroglyphes (ces gravures creusées, qui dessinent en général de drôles de petits bonshommes aux têtes de martien). L’auberge est tenue par deux jeunes femmes dont l’une est la cuisinière et l’autre la serveuse, originaires toutes deux de Bolivie, avec la physionomie typique des femmes boliviennes (courtes, robustes, toujours prêtes à rire). Etonnement, le matin, d’entendre dans une grande salle de « desayuno » la voix flutée et les accords de piano de Barbara…
(peinture rupestre de Yavi)
Et c’est encore la piste… ceux qui ne me connaissent pas pensent peut-être que je suis une sorte de « baroudeur » en voiture… et que je me délecte à franchir les rivières à gué, les bancs de sable et les zones de tôle ondulée… eh bien , pas du tout, j’ai horreur de ça, et même: J’AI LES JETONS! Oui, j’ai les choquotes quand tout à coup l’automobile retombe de tout son poids sur le sol cahotique après s’être envolée sur une bosse ou bien qu’elle se met à vibrer de tous ses écrous et de tous ses longerons sur un passage où la tôle ondulée est en réalité une suite de vagues à la crête acérée figées dans la terre dure comme du béton! Et je sens alors un ruisselet de sueur se former autour de mon échine! Vivent les routes goudronnées! (enfin, pour les voitures, parce que, pour ce qui est de la marche à pieds… les chemins de terre suffisent amplement!).
(vigogne fuyant sur la piste)
Voilà, c’est tout pour ma carte postale d’aujourd’hui… j’en ai encore plein en réserve (car je n’ai pas pu tout raconter ces derniers jours), alors à venir: un artiste sculpteur de grand talent à Tilcara, un musée archéologique passionnant à Salta (où nous sommes revenus). Vous en apprendrez alors sur les Incas!
Le retour aux zones « wifisées » nous a permis, à C. et à moi, de lire les commentaires à ces « cartes postales » (merci à ceux et celles qui commentent!) ainsi que les derniers posts de certains blogs familiers. Nous avons beaucoup apprécié l’analyse politique de RV (du blog de Posuto) concernant la stratégie de Sarkozy, prolongée par les soucis de Kiki concernant Cécilia… Nous aussi, nous sommes inquiets quand on fait appel à la notion de « race des Seigneurs »… Ces nouvelles politiques sont les premières que nous avons depuis plusieurs jours. Il y avait bien hier soir les nouvelles de FR3 sur « TV5 Monde » dans le petit hotel de luxe que nous nous sommes payés, mais i n’ont fait que causer des problèmes de dopage dans le Tour de France! Alors nous n’avons rien su du voyage de Cécilia en Lybie (remarquez, vous ne savez rien, vous, des grèves d’étudiants en Bolivie!).
(paysage du Noroeste)
Si le jeu télévisé mythique « La course autour du monde » existait encore, vous auriez non seulement envoyé de superbes reportages, mais en plus vous auriez gagné ! En tout cas nous on aurait voté pour vous ! Et en plus vous faites notre pub !! Merci !! Mais surtout, bravo pour ce palpitant feuilleton d’été !
Hervé & Kiki
J’aimeJ’aime
Il y a toujours à apprendre lors des passages de frontières par voie terrestre… il y a 35 ans, je suis passé du Péou en Bolivie en bus qui n’avait rien de touristique. Les deux pays n’étaient pas vraiment amis, chacun ayant une dictature d’un bord différent.
Les paysannes andines essayaient de cacher dans leurs nombreuses jupes leur argent ou des bijoux. Mais les douaniers les faisaient descendre. Pas facile de lire sur leur visage quand elles remontaient dans le bus ce que la fouille avait donné. Quant aux quelques jeunes écervelés étrangers dont j’étais, on nous a emmené dans un poste de police pour fouiller dans nos affaires : un des notres avait un pulvérisateur nasale que le policier a essayé pour vérifier s’il ne contenait pas un explosif. Quant à moi, on m’a pris les pages du journal péruvien que j’avais acheté qui parlaient, pas vraiment en termes aimables, du régime bolivien.
J’allais oublier : on a attendu 6 heures à la frontière, il ne faisait pas chaud en ce mois de juillet 1973 à 2000 mètres d’altitude !
J’aimeJ’aime
La France vit au ralenti l’été hormis Cecilia et Napoléon le petit qui s’agitent autour de leur goût du pouvoir et de leur désir de postérité. Je préfère rêver des Incas en vous lisant…
J’aimeJ’aime