Vous quittez Buenos-Aires pour un vol de 1600 kilomètres, vous atterrissez à Salta la nuit tombée. Salta ? une ville moyenne, une sorte de Clermont-Ferrand au pied des Andes, où, en son centre, le décor serait planté pour le six mille huit cent soixante neuvième épisode des aventures de Zorro. La place centrale est bordée des grands édifices de la République Argentine et de la Très Sainte Eglise catholique romaine et apostolique confondues, et les maisons bourgeoises s’ornent des traditionnels balcons qui n’ont pas d’autre utilité que suggérer de faire l’aubade, les soirs d’été, aïe, aïe, aïe, jusqu’à vous fendre l’âme
.
Nous, on est venu là pour récupérer la camionetta. Parce que comment voulez-vous qu’on entre un peu dans les terres arides du Noroeste si on n’a pas la camionetta que Y. W. avait laissée là et qu’il nous a dit d’aller prendre sur le terrain près du camping, celui-là qui est possédé par Don Dante Gallo, ou qui était possédé, car il l’a vendu et le nouveau propriétaire attend en dansant d’un pied sur l’autre qu’on vienne le débarrasser de la foutue camionetta.
Le terrain est près du camping, ça tombe bien. Résultat: nous voilà coincés entre un grillage, un tracteur de quinze tonnes et le bord de la piscine, avec pour édifice à contempler le building défraîchi du département de la jeunesse et des sports. Et Godot qui ne vient pas… (en l’occurrence Y. W. qui a quand même les clefs de la poursuite du voyage!).
La première personne que nous avons rencontrée sous ces cieux austères et ventés était Dona Pinar, propriétaire de la petite hosteria où nous avons débarqué le soir, après l’avion. Quel dévouement, Dona Pinar : c’est elle qui a téléphoné à Don Dante Gallo pour nous et puis c’est elle qui nous a bien aidé dans l’affaire de l’appareil photo oublié dans le taxi, elle a entrepris toutes les démarches téléphoniques pour retrouver ledit taxi et elle l’a retrouvé, le chauffeur est venu immédiatement à mon secours me libérant d’une angoisse que vous comprenez tous bien sûr car sans le Nikon, pas de photos sur le petit blog, aïe, aïe, aïe. Merci Dona Pinar qui, le lendemain matin, nous mettait elle-même dans un autre taxi en nous embrassant pour des adieux émouvants. Elle devait trouver qu’elle s’en était bien tirée…ça commençait bien !
Et pour tout vous dire, de l’autre côté du grillage, il y avait un bâtiment rose et violet qui ne nous disait pas grand-chose a priori… eh bien, c’était une boite de nuit. Comme on était samedi, il a fallu endurer les rythmes assourdissants jusqu’à cinq heures du matin.
Ce matin, la camionetta était toujours là. On a plié la tente. Et on est parti. Par la route 68, qui descend vers Cafayate (dites « Cafajaté » pour faire local) et on n’est pas déçu : le moral remonte. La route 68 se pare au bout d’une centaine de kilomètres de larges sinuosités pour pénétrer dans des gorges d’une grande beauté, puis ces gorges s’élargissent et vous tombez au cœur d’un désert montagneux où les couleurs éclatent d’un pan de montagne à l’autre, alternant les rouges de Sienne, les blancs de cérulle, les ocres et les verts cuivreux. Bonjour nos premiers cactus, bonjour notre premier lama. Cafayate vous a des airs d’oasis planté de grands platanes et les rues, comme dans les westerns, s’arrêtent brutalement après le dernier saloon. On est enfin bien, là. Et Godot peut être oublié.
NB: j´ai été très injuste pour Buenos Aires, dans ma carte n°1, c´est une ville magnifique, j´y reviendrai donc avant le départ!
Si vous avez été injuste, c’est que le choc a dû être rude…En tout cas vous êtes vernis ! Appareil photo retrouvé, grâce à Dona Pilar, puis la camionnetta, enfin ne plus attendre Godot, tout semble rouler pour vous.
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