La guerre, l’impensable et la logique

Nous ne pensons jamais que sous la détermination plus ou moins médiate du contexte historique où nous avons vécu. Je suis un enfant de la fin de la guerre, mon esprit a été façonné par ce climat là. Au sortir de la seconde guerre mondiale. C’était une guerre qui s’était bien terminée : le pays où je suis né en est sorti du côté des vainqueurs. Pourtant, cela avait mal commencé. L’attaque allemande, la débâcle, l’occupation, les rafles anti-sémites, l’envoi des jeunes en Allemagne pour participer à l’effort de guerre. Les massacres. Les arrestations. Les exécutions. J’ai encore du mal à imaginer tout ça, malgré les films, malgré les livres et les témoignages. Moi, je suis, comme tant d’autres, sorti de là tout frais, tout neuf, n’ayant rien vécu. Même s’ils étaient pauvres, mes parents étaient heureux, ils savaient que leur situation allait s’améliorer. Mon père était revenu d’Allemagne où il avait travaillé, d’abord chez Messerschmidt en Poméranie puis dans les raffineries de Chemnitz. Maintenant, il venait de trouver un petit boulot de mécanicien qui allait devenir l’affaire de sa vie, une vraie profession, un rêve exaucé : il allait travailler dans les avions. D’abord à l’aéroport du Bourget, d’où ma naissance là. A deux pas des pistes d’envol et des hangars de l’Aéropostale. Quelle chance, j’observais durant tout mon temps libre (c’est-à-dire non scolaire) les avions qui partaient vers toutes les destinations d’Europe, j’allais voir depuis la terrasse de l’aérogare ceux qui revenaient d’un peu partout, y compris de Prague et de Moscou. J’observais avec admiration dans le ciel les nouveaux appareils à réaction qui évoluaient aux alentours des Fêtes aériennes, en juin tous les deux ans, les Vautour, les Trident, les Griffon et autres Météor. Je croyais au progrès indéfini et à l’absence de guerre dans le futur.

Le Bourget

Je le disais à l’instant : cette guerre s’était bien terminée. Les Alliés avaient représenté le camp du Bien, il n’en fallait d’ailleurs pas beaucoup pour être le Bien, face au nazisme et au fascisme. Ils avaient assuré, en quelque sorte. Une Angleterre était là, prête à accueillir ceux qui avaient refusé la défaite. Un homme providentiel était là qui avait réussi à force d’intelligence à faire paraître le pays où je suis né comme appartenant au camp des vainqueurs alors qu’à un moment, il avait bel et bien capitulé. Une Amérique était là pour débarquer sur les plages normandes et réussir à faire se replier l’armée ennemie. Bref, ça n’avait duré que cinq ans. Cinq années terribles mais cinq années seulement. Et après ça, la floraison, les trente années que l’on a dit glorieuses, l’essor des arts et des spectacles, le bonheur de vivre, les repas champêtres, les réunions de famille au son des chansons de Gilbert Bécaud et de Sacha Distel, le Tour de France en juillet, les 24 heures du Mans en juin, les dimanche chez les tantes et cousins à regarder tout l’après-midi Léon Zitrone à la télé, car nous nous réunissions chez ceux qui l’avaient, la télé. Le monde continuait de tourner, certes, avec ses avanies, les guerres coloniales, mais, se disait-on, elles n’étaient que coloniales, c’est-à-dire localisées, les coups de Prague et le Mur de Berlin, Budapest et la peur d’une guerre à propos de Suez. Mais dans notre petit monde protégé et en pleine expansion, ce n’étaient que des vaguelettes. Rien ne pouvait nous détourner d’un destin tracé et, somme toute, plutôt heureux. Et c’est comme cela que se forge une mentalité, un état d’esprit, comme cela que se fabriquent des tréteaux de théâtre et des écrans où se déroulent nos vies. Comme cela que se fabriquent le pensable, et du même coup, l’impensable. Les livres qu’on lisait, les films qu’on aimait, les chansons qu’on fredonnait, c’était une merveille de consolation pour tout ce qui pouvait de temps en temps nous angoisser. Les écrits théoriques des plus grands contribuaient à donner un sens à nos vies. Marx, Freud, Sartre, Camus, Lévi-Strauss, Lacan, la linguistique générative structuraient nos représentations du monde.

Stéphane Audoin-Rouzeau à l’émission C ce soir sur la 5
Guerre en Ukraine, oeuvre personnelle

Pourrons-nous en dire autant d’ici quelques années quand les doutes qui nous assaillent auront pris à nouveau la tournure de la guerre, de la guerre la plus vile, la plus sale, et qui risque, elle, de durer longtemps car on ne verra pas à l’horizon de pôle vertueux susceptible d’en venir à bout ? Récemment, sur un plateau télé (C ce soir, sur la 5) un historien de l’EHESS, Stéphane Audoin-Rouzeau, tentait de nous secouer, de nous réveiller de cette vieille torpeur qui a duré, disait-il, quatre-vingts années. Cela avait été une aberration, de croire que l’on pouvait vivre à jamais dans un monde sans guerre. Lèvres serrées, visage d’oiseau, corps ascétique, il nous balançait à la figure que cela n’allait pas durer. L’Europe avait bâti une eschatologie, la parousie d’une Europe sans guerre, termes bizarrement choisis dans le langage de la théologie, l’eschatologie étant le discours sur la fin des temps, et la parousie désignant le moment où le Christ est revenu parmi nous et où nous vivons désormais dans la paix et la concorde. Il est vrai qu’il fut un temps pas si lointain où un historien américain avait décrété l’avènement de la fin de l’histoire… Il n’en fallut pas plus pour qu’au contraire ladite histoire se déchaînât… Pourquoi dites-vous cela ? Lui demandait-on, et il répondait que nier la guerre c’était nier la politique, se fondant pour cela sur la fameuse éternelle phrase de Clausewitz selon laquelle la guerre est la politique poursuivie par d’autres moyens, et ne voyant pas, bien sûr, que raisonnant ainsi il se livrait à un sophisme. Car qu’entraîne la phrase de Clausewitz ? Certainement pas que la politique implique la guerre, mais la réciproque : la guerre implique toujours la politique (puisque comment une chose pourrait être la continuation d’une autre sans impliquer la présence de cette autre?), mais alors on ne peut plus dire que l’absence de guerre entraîne l’absence de la politique, car la converse est que l’absence de politique implique l’absence de guerre. Croire que de A implique B, on peut déduire non-A implique non-B, c’est commettre cette faute qu’Aristote déjà pointait du doigt dans ses Réfutations sophistiques, en la nommant affirmation du conséquent. Et c’est grave, docteur ? Oui, très. Car confondre « A implique B » et « B implique A » c’est tout simplement abolir la distinction entre les causes et les effets. Je sais, on me dira qu’on n’en est plus là aujourd’hui, au temps des fake news et des informations créées de toutes pièces, mais quand même… Bref, cela pourtant n’abolit pas l’essentiel de l’argumentation, à savoir que croire en un monde définitivement sans guerre relève de l’illusion. Et pourtant cela demeure dans le domaine de l’acte de foi. Il n’y a pas de déduction qui mène à cela. Il n’y a que des faits empiriques qui nous le font redouter. Comme l’attitude belliqueuse de la Russie, la volonté de Poutine d’imprimer son empreinte historique en rétablissant les vieilles colonies de l’empire, et le climat de haine à l’égard de l’Occident qui semble prévaloir en Russie. Et puis notre impréparation totale, le fait d’avoir vécu si longtemps avec la persuasion que nous n’aurions jamais à faire face à une guerre sur notre sol, ni sur celui de nos voisins immédiats. Des propos lénifiants se sont répandus, on allait vers toujours plus « d’humanité », de paix, vers toujours moins de violence. Steven Pinker, le philosophe cognéticien américain, a même prétendu chiffres à l’appui que la violence avait considérablement diminué avec le temps. Finies les armées mongoles ou les hordes de huns qui détruisaient tout sur leur passage, villes et palais, les guerres modernes, s’il y en avait, allaient être infiniment plus soigneuses et soucieuses de la vie des gens. Rien n’est moins sûr aujourd’hui, où des tyrans sont dotés d’armes nucléaires. Le souci louable de quelques vies mis en exergue par quelques armées se disant vertueuses (lesquelles ? Où sont-elles?) sera vite compensé par des catastrophes dont nous ne pouvons hélas aujourd’hui pas imaginer l’ampleur.

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5 commentaires pour La guerre, l’impensable et la logique

  1. W.E dit :

    Merci pour ce billet, dont je partage les inquiétudes.

    J’en commenterai seulement ce court extrait, qui concerne la logique :

    « Croire que de A implique B, on peut déduire non-A implique non-B, c’est commettre cette faute qu’Aristote déjà pointait du doigt dans ses Réfutations sophistiques, en la nommant affirmation du conséquent. Et c’est grave, docteur ? Oui, très. Car confondre « A implique B » et « B implique A » c’est tout simplement abolir la distinction entre les causes et les effets.« 

    La question simple que je me pose encore est la suivante : quel est le lien entre une implication logique et un rapport de causalité ?

    Voyez-vous, lorsque j’enseigne la logique à mes élèves, ces derniers ont beaucoup de mal à comprendre que l’implication n’est pas un rapport de causalité, et que l’équivalence n’est pas une boucle de rétroaction ou une causalité circulaire.

    En bon matérialiste, je crois que cela a trait d’abord à l’aspect graphique : on est guidé par le sens de la flèche, donc la lettre à gauche « produit » celle de droite. Du coup, je choisis quelques exemples du type : »S’il pleut, alors il y a des nuages » ; « S’il ment, alors il est vivant » ; « Si vous buvez de l’alcool, alors vous avez plus de 18 ans ». Dans ces exemples, on voit bien qu’il n’y a pas de lien de causalité qui va de gauche à droite : ce n’est pas la pluie qui crée les nuages, ni le fait de mentir qui produit la vie, ni le fait de boire qui produit la majorité. Inversement, il est difficile de dire que les nuages causent la pluie, que la vie « cause » le mensonge ou qu’avoir 18 ans cause la beuverie – ou alors il faut disjoindre nécessité et causalité, mais cela est une option qui conduit à des débats vraiment compliqués (en tout cas pour moi).

    D’un autre côté, je sens bien que cette façon de présenter les choses est bancale. Car lorsqu’on dit : « Si vous travaillez bien, vous aurez une bonne note », on entend clairement que c’est ce qui est à gauche de la flèche qui produit ce qui est à droite. Et que donc, on est dans un rapport de causalité. Alors évidemment, on peut faire le malin et dire qu’en fait, on devrait dire : « Si vous avez une bonne note, alors vous travaillez bien ». Mais alors les élèves pensent que la causalité va dans l’autre sens : que ce qui est à droite de la flèche cause ce qui est à gauche. Mais souvent ce n’est pas un rapport de causalité.

    Du coup, j’ai pour méthode de dire à mes élèves que la causalité et son analyse relève des sciences naturelles, que c’est une difficulté très délicate qui touche à des questions difficiles de théorie scientifique et de statistiques.Je leur dis qu’il n’y a pas de causalité en mathématiques et en logique car ce sont des sciences formelles. Et la boucle est bouclée : l’analyse logique vise à étudier la cohérence des propositions, mais ne touche pas à la causalité qui concerne les phénomènes naturels et sociaux.

    Mais je dois avouer que je ne maitrise pas vraiment le lien entre formalisme logique et rapport de causalité. Je ne connais pas des auteurs qui ont essayé de faire le pont entre logique et causalité. Et cela me rend mécontent, car en bon matérialiste, je pense qu’il doit y avoir un lien quelque part. Avez-vous des conseils de lecture, des références précises à me conseiller à ce sujet ? J’ai quelques fois lu Girard, et il me semble que parfois il fait le lien entre implication et causalité et parfois non (car cela conduit effectivement à des sophismes). Je sais que la logique linéaire est plus fine que la logique classique dans le traitement des connecteurs, mais j’ignore quelle conséquence cela a pour le problème de la causalité. J’ai essayé le livre de Judea Pearl (on m’avait dit que c’était un expert) « The Book oh Why », mais pour l’instant je ne suis pas beaucoup plus avancé. Pearl déclare que la conception de la causalité du type « A cause/produit/engendre B » est mystérieuse et non-scientifique, car elle revient à se demander quelles sont les propriétés « magiques » de A. Il soutient que, scientifiquement parlant, c’est l’idée de Hume « A cause B signifie : sans A, il n’y a pas B » qui est la plus féconde scientifiquement. Mais cette idée de dire « Sans A, il n’y a pas B » me semble très faible, voire carrément inutile. À ce compte-là, beaucoup de choses deviennent des causes sans que cela soit scientifiquement significatif.

    Bien à vous,

    W.E

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  2. alainlecomte dit :

    je partage tout à fait vos interrogations! La notion de causalité n’a rien à voir intrinsèquement avec la logique, sauf que si on est sûr que A est la cause de B, alors on pourra écrire en toute confiance « si A alors B » ce qui donne A => B, mais cela ne va pas dans l’autre sens, de « A => B » je ne saurais déduire que A est la cause de B, à cause de tous les exemples que vous avez cités. Ce n’est donc pas une définition, juste une condition nécessaire. J’ai souvent lu moi aussi que la notion de causalité n’était pas vraiment scientifique. Il y a d’ailleurs tellement de types de causalité… Pourtant on a besoin de distinguer deux notions, si on ne les nomme pas « cause » et « effet », on les nommera prémisse et conséquence par exemple, ou condition suffisante et condition nécessaire, afin de respecter l’asymétrie de la relation, ce qui est fondamental. Dans l’exemple que j’ai donné avec la phrase de Clausewitz, on comprend qu’un historien l’interprète comme le fait que la politique soit « cause » de la guerre d’où le fait que sans guerre, pas de politique, mais je persiste à penser qu’il se trompe, la guerre ne se déduit pas de la politique, selon cette phrase, juste peut-on dire que s’il y a guerre, alors c’est que forcément il y a (eu?) politique et que… celle-ci a échoué! En logique linéaire, on est un peu plus près de la notion de causalité, dans la mesure où dans l’application du modus ponens A, A –o B, la prémisse A disparaît (elle ne peut pas être réutilisée), tout comme en physique on présume que si un état en entraîne un autre, quand la relation est appliquée, l’état antérieur n’existe plus. Mais ce n’est pas vraiment une relation de causalité. L’un des exemples les plus souvent donnés est celui de la pièce de monnaie, avec une pièce de 1 euro, j’obtiens un café: 1€ –o 1 café, or on ne saurait dire que la pièce de 1€ serait « la cause » du café! C’est juste une transaction économique. Certains logiciens ont voulu résoudre ce genre de problème par la notion d’abduction. IL s’agit de partir d’un phénomène observé pour remonter vers sa ou ses cause(s), mais ces tentatives se sont toujours soldées par des solutions bancales (Girard n’a pas de mot assez dur…).

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    • W.E dit :

      Merci pour votre réponse !

      Je comprends mieux la comparaison que j’avais entendue de Girard entre l’implication linéaire -o et la succession d’états en physique.

      (J’espère vraiment que paraîtra un jour un manuel de logique linéaire avec des exercices pour… S’exercer ! Je crois que ce serait une très bonne manière de s’approprier ce savoir).

      Je connais assez les critiques de la causalité, mais je n’ai jamais été convaincu par les arguments qui la considèrent comme une notion anti-scientifique, mystérieuse ou métaphysique. Je ne vois pas comment on peut faire (en tout cas jusqu’à présent) de science naturelle sans avoir implicitement une notion de causalité. Le problème est qu’effectivement, c’est une notion très délicate et sans doute plurielle.

      Votre remarque sur le lien à sens unique entre causalité et implication m’interroge. Si « A cause B », alors on peut écrire « A => B ». J’ai dans ma tête à la fois des exemples mais aussi des contre-exemples. Lorsqu’il y a plusieurs lois ou relations de causalité à l’oeuvre, je crois qu’on aurait envie de dire « A cause B » sans pour autant pouvoir écrire « A => B » car ce serait incorrect. Un exemple en biologie : la sélection naturelle cause l’adaptation des organismes à leur milieu. Pourtant, dans bien des cas on trouve des organismes inadaptés (cf. les phénomènes d’hypertélie dont parle bien Patrick Tort). Alors soit on dit qu’il y a un problème dans la causalité de la sélection naturelle, soit on introduit une autre loi qui peut contre-carrer les effets de la première (comme la sélection sexuelle). Alors on peut s’en sortir en raisonnant « toutes choses égales par ailleurs », ce qui amène à d’autres débats épistémologiques.

      Vous avez raison, c’est bien l’asymétrie de la relation qui est fondamentale (qu’on la nomme cause/effet ou prémisse/conséquence).

      Bien à vous,

      W.E

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      • Debra dit :

        Fascinant, l’échange. Ça fait longtemps que j’essaie de penser autour du problème de la causalité, sans aller dans les sphères où vous êtes en train de discuter.

        Ce que je retiens de la discussion : l’asymétrie qui me semble fondamentale, et la pluralité. Dans une proposition telle « A est la cause de B », nous tendons psychologiquement ? à considérer que « SEULE A cause B », sans tenir compte du fait que la causalité peut impliquer un faisceau de facteurs qui interviennent pour produire l’effet ou les effets, et où il est difficile, voir impossible, de dégager UNE SEULE CAUSE. Mais… n’y a t-il pas un grand problème dans notre… désir ? de trouver une SEULE cause, par exemple ? Et des fois, je me dis que ce désir est induit par l’écriture formelle elle-même, et.. l’identité qu’on met sous « A », par exemple. « Identité » comme « idem ».

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      • Debra dit :

        Ça m’a touchée, votre billet ce matin, Alain. Surtout parce qu’à peu près la même époque où vous étiez en train de regarder vos avions à l’aéroport sur le continent européen, j’étais en train de les regarder aux U.S., auprès de mon papa chéri qui se dévouait pour m’amener très souvent pour les voir atterrir et décoller. D’après ce qu’on m’a dit, en tout cas, il y a si longtemps maintenant.

        Oui, votre billet ce matin permet de saisir en quoi tant d’entre nous (et certainement vous, et moi) sommes nés avec 3 cuillères en or dans la bouche. Cela fait longtemps que je le sais. Je ne vais pas m’en sentir coupable au point de me flageller avec tant d’autres autour de moi, car c’était ainsi, à l’époque, et pour beaucoup d’autres que moi.

        Comme je dis à d’autres autour de moi que le fait d’avoir de l’eau qui coule du robinet, de l’électricité, un toit au dessus de la tête sont… quoi, au juste ? Des..LUXES ? des… droits ? C’est impressionnant à quelle allure on peut arriver à prendre quelque chose qui fut… un luxe pour une habitude, même.. UN DROIT…

        L’endroit où j’aime observer la relation entre les citoyens maintenant, c’est dans les voitures, avec le code de la route, qui, TECHNIQUEMENT n’est pas la même chose que la loi, contrairement à ce que peuvent penser nos concitoyens souvent très ignares sur leurs… droits ET OBLIGATIONS de citoyens. Il m’est venu dernièrement que dans la voiture, à chaque fois que j’usais de mon… droit selon ce code à passer, en faisant arrêter mon prochain POUR ME LAISSER PASSER, rien ne m’empêchait de faire un signe pour dire « merci ». Rien ne m’obligeait à PRENDRE MON DROIT, comme un droit… SOUVERAIN, et faire comme si l’autre n’existait pas. Mais je vois qu’il y a peu de gens comme moi. Plus on étend le domaine des droits, et moins les citoyens se voient, et surtout ont de la considération pour les autres. Paradoxal, non ?

        En passant, c’est fascinant en ce moment de regarder comment toutes les idées qui entourent ce sujet de LAISSER PASSER, de droit(s), d’obligations sont traduites dans l’espace publique, et la confusion ? les incertitudes, les doutes qui sont les nôtres, et qui apparaissent en conséquence.

        J’ai oublié de dire que depuis les Grecs, sinon avant, l’Homme a eu l’intuition que s’Il ne procédait pas à la guerre en dehors de ces murs, et en dehors de sa Cité, la guerre en viendrait à envahir l’espace de sa vie quotidienne… d’une manière ou d’une autre. Le but de la guerre ? est de pouvoir ? identifier un étranger, un ennemi, quelqu’un qui est Dehors avec un majuscule, pour le coup. On peut même se demander quels effets émanent de quelles… causes, là, et on peut se demander dans quelle mesure il est indispensable de pouvoir IDENTIFIER un ennemi, et mieux encore, de pouvoir LOCALISER un ennemi. Ne pas pouvoir localiser un ennemi, c’est vraiment la poisse.

        Pour l’histoire récente, je me souviens comme si c’était hier des attaques du 11 septembre 2001 sur le sol américain, et d’avoir déjà eu l’intuition que…les conséquences de ces événements seraient très graves, et je vois que je ne me suis pas trompée. Peu de temps après ces attaques, les aéroports occidentaux sont devenus des espaces militarisées, pour ceux qui pouvaient le voir, et… regarder les avions décoller ne m’aurait pas procuré le même plaisir que j’ai eu quand j’étais une enfant insouciante…Mais maintenant j’ai déserté les aéroports à cause de leur militarisation…Maintenant, en voyant avec quel.. fanatisme nous procédons à la militarisation de l’espace public autour de nous, j’ai tendance à fuir, comme plein d’autres, et j’ai de la chance d’avoir les moyens de fuir… pour l’instant.

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