Lire des poèmes, en été

Han Kang va droit au but dans ses courtes poésies, publiées sous le titre « ces soirs rangés dans mon tiroir ». Par exemple :

A présent
qu’est-ce donc que de vivre

Je restais couchée avec cette question
Lorsqu’un rayon de soleil s’est posé
Sur mon visage

Jusqu’au moment où la lumière s’en est allée
Je suis restée les yeux fermés
Le coeur apaisé

et oui, qu’est-ce donc que de vivre… L’histoire de ce rayon me touche car c’est bien ainsi que nous ressentons la vie, parfois un nuage passe devant le soleil, l’ombre s’étale sur notre coeur angoissé, puis le temps d’après, le soleil reluit.

Ludmila Oulitskaïa n’écrit pas de poèmes, du moins à ma connaissance. Mais elle écrit des nouvelles très courtes qui sont comme des poèmes. Notamment dans son dernier recueil : Le livre des anges. Comme son titre l’indique, il est dévolu aux anges. Aux anges, dites-vous ? Comme si les anges existaient ? Oui, comme si… il y a de grands auteurs déjà qui ont écrit sérieusement à propos des anges, ainsi de Walter Benjamin, utilisant la figure de l’ange comme métaphore de l’histoire. Ludmila Oulitskaïa, elle, je ne sais pas de quoi ses anges sont métaphores. Ils ne s’en soucient pas, sans doute. Dans la première nouvelle, deux anges conversent, Itour et Abdil. Ils sont chargés d’accompagner à son nouveau domicile une vieille dame, Maria Ossipovna, « qui a terminé son voyage sur terre », mais il y a un gros hic : le chat. Oui, le chat de cette pauvre Maria, un gros chat qui s’appelle Giga. Il ne l’entend pas de cette oreille, ou alors, il faut qu’il soit du voyage, ce qui n’est pas prévu dans les réglements des anges… Il y aura exception.

Ces petites histoires courtes sont apaisantes, comme le rayon de soleil se posant sur le visage de Han Kang.

Dimanche dernier, nous sommes allés à Grignan pour voir l’exposition des dessins de Ena Lindenbaur. Dessins ? Je devrais dire « contre-dessins ». Elle les trace en effet à l’aveugle. La recette est de se concentrer sur un objet ou un personnage en le regardant de très près, puis de se voiler le regard et de tenter de le reproduire. On obtient ce que j’appellerais volontiers des figures d’anges. D’autant qu’elle a consacré une série à Hölderlin. Si je la revois un jour, je lui conseillerai d’en faire une sur Rilke. Ein jeder Engel ist schrecklish….

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5 Responses to Lire des poèmes, en été

  1. Avatar de driven56a29ca6d9 driven56a29ca6d9 dit :

    Bonjour, Merci pour ces petites lignes. Oui apaisantes (pour moi). f.burg

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  2. Bonjour,

    Pouvez-vous me donner quelques raisons louables par lesquelles je ne peux émettre des commentaires et suite de vos postes ???

    Cordialement

    Michel Asti

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    • Avatar de alainlecomte alainlecomte dit :

      Bonjour,

      je vous ai abondamment laissé vous exprimer dans les commentaires de mon blog et j’ai pu apprécier la richesse de vos textes. Néanmoins, il m’est arrivé de supprimer certaisn commentaires simplement parce qu’ils n’avaient aucun rapport avec le sujet que j’abordais, et aussi parce qu’ils étaient véritablement trop longs.

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  3. Bonjour,

    Pouvez-vous me donner quelques raisons louables par lesquelles je ne peux émettre des commentaires et suite de vos postes ???

    Cordialement

    Michel Asti

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