Promenade entre les tableaux de la Gemäldegalerie

Berlin – Gemäldegalerie dans le Kulturforum

je parle de promenade et non de visite car c’est bien de cela qu’il s’agit à admirer en passant d’un peintre à l’autre les œuvres exposées dans un si grand musée que la Gemäldegalerie de Berlin, autrement dit encore la Pinacothèque berlinoise. Ces œuvres s’échelonnent entre le XVème et le XVIIIème siècles et vont de Patinier à Watteau en passant par van Eyck, van der Weyden, Dürer, Holbein, Mantegna, Titien, Caravage, Rubens, Rembrandt, Vermeer, Canaletto et bien d’autres encore… En ce moment, une exposition temporaire est consacrée à Andrea Mantegna (1431 – 1506) et Giovanni Bellini (1435 – 1516), deux maîtres exactement contemporains, se partageant entre Mantoue et Venise, si proches même qu’ils étaient beaux-frères l’un de l’autre, Andrea ayant toutefois commencé à peindre avant Bellini, ce qui lui donnait une petite avance et, en même temps, autorisait le second à s’en inspirer fortement sans pour autant le copier, mais en prolongeant les découvertes fécondes du premier. Giovanni était né dans une famille de peintres bien établis à Venise. Enfant naturel, il avait été reconnu par Jiacopo, à moins que, selon de nouvelles sources, ce dernier n’ait été son demi-frère et non son père. Il avait un frère, lui aussi très connu : Gentile. Mantegna était un simple fils d’artisan, qui épousa Nicolosia, soeur de Giovanni et de Gentile (et peut-être donc aussi de Jiacopo), ce qui lui permit d’entrer dans la prestigieuse famille. Comme il était d’usage à l’époque, les membres de la famille servaient de modèles et l’on connaît aujourd’hui Nicolosia sous les traits qu’elle a donnés à une Vierge peinte par son époux, celle que l’on voit dans la présentation de Jésus au Temple (Mantegna s’étant portraituré sous l’aspect du jeune spectateur à l’extrême droite, quant à Joseph, ce serait Jiacopo, donc le beau-père)

Mantegna – La présentation de Jésus au Temple – 1455

Ce qu’il y a de fascinant c’est que cette même présentation est reprise un peu plus tard par Giovanni, qui la libère des résidus byzantins comme les auréoles des saints, donne plus de souplesse aux personnages, les fait bouger en quelque sorte, pour finalement donner cela.

Giovanni Bellini – Présentation de Jésus au Temple – 1460

Jésus est toujours emmailloté, Joseph toujours en arrière-plan, le grand prêtre est moins riche de parures mais les personnages autour ont changé. Bellini a gardé exactement la même composition, mais chez lui, les personnages sont appuyés sur un rebord en marbre, et non sur un cadre en bois, ce qui fait plus riche et permet déjà de sentir que la seconde « présentation » est destinée à quelque riche négociant de Venise, alors que la première peut-être n’était destinée qu’à une modeste église.

Autre caractéristique importante qui les sépare : Mantegna reste toute sa vie fidèle à la « tempera », sorte d’émulsion fabriquée avec de l’œuf, ce qui donne des teintes intenses que l’on a un peu perdues aujourd’hui (mis à part le cas de certains peintres actuels – j’en connais – qui tentent de ressusciter ces intensités de coloris en utilisant de la cire), alors que Bellini, lui, rencontra Antonello da Messina qui ramenait la peinture à l’huile des Flandres où elle avait été découverte entre autres par van Eyck, et utilisa celle-ci à partir de 1480. Cela lui permettait sans doute de développer les nuances et les tons délicats que l’on découvre dans ce qui devient sa spécialité : les « Vierge à l’enfant ». On a souvent remarqué que dans ses tableaux, Vierge et enfant ne se regardent jamais, comme si Marie, en quelque sorte, ne souhaitait pas trop se lier à ce fils dont elle sentait qu’il n’était pas complètement à elle et qu’elle allait tôt le perdre. En tout cas, quoi de plus admirable que ce portrait de Vierge à l’enfant entre les deux saintes, Catherine et Marie-Madeleine.

Un pas de côté, on change de salle (au hasard…) et l’on tombe sur la Cité idéale… un fantasme ou un décor inspiré, dû à Francesco di Giorgio Martini (vers 1500), semblable à d’autres toiles qui sont à Urbino, chez le duc de Montafeltre. Ce tableau laisse à méditer. Mais de quelle cité idéale peut-il s’agir ? Idéale parce que géométrique ? Idéale parce que sans humains ? La place est déserte… seul un vaisseau au loin semble attendre d’improbables voyageurs. Image d’après l’anéantissement ? Où il ne resterait plus âme qui vive ? Plus personne pour embarquer ? Ou bien plus prosaïquement tentative de concevoir un décor de théâtre. Sur le devant, une loggia à colonnes aménage un sas entre notre monde de spectateur et la réalité virtuelle du tableau. On pourrait attendre longtemps pour voir apparaître une belle dame de la Renaissance qui irait d’un bord à l’autre…

Un autre pas de côté et l’on remonte un peu dans le temps : le doux Filippo Lippi qui a peint lui aussi, on le sait, son épouse bien aimée (Lucrezia) en forme de Vierge toute imprégnée de tendresse (pas la même froideur que chez Bellini) et donne une version de l’Adoration (« dans la forêt »). Ce tableau (une huile sur bois de peuplier!) a donné lieu à beaucoup d’essais d’interprétation, on ne doit pas oublier que les tableaux religieux de la Renaissance sont des énigmes à résoudre, rien n’est laissé au hasard, tout est symbole, ainsi ces quatre œillets rouges renvoient-ils aux quatre clous qui clouèrent le Christ sur sa croix.

Filippo Lippi – L’Adoration dans la forêt – 1459

Lippi eut pour maître Masaccio et ouvrit la voix à un style imprégné de ligne claire (ne pas confondre avec la BD belge…) qui s’épanouit chez Botticelli, dont le musée berlinois héberge une jolie Vénus mais aussi un splendide portrait, celui de Simonetta Vespucci (entre 1476 et 1480), encore une de ces belles dames mystérieuses de la Renaissance. Elles ont l’art des coiffures compliquées, celle-ci a ses beaux cheveux (d’un blond vénitien?) tenus par des tresses savamment disposées, le regard est bleu et résolu, nez fort, front bombé, nous sommes loin des sujets religieux. Mais qui donc était Simonetta Vespucci ? Wikipedia dit qu’elle était à la cour de Laurent le Magnifique et qu’elle était célèbre pour sa beauté. Elle aurait souvent servi de modèle à Botticelli. Cousine du célèbre navigateur grâce à son mariage, la belle Simonetta n’illumina pas longtemps la cour de Florence puisqu’elle mourut à l’âge de 23 ans et fut enterrée à l’église Ognissanti (la prochaine fois que je vais à Florence, promis, j’irai sur sa tombe). On dit que les admirateurs se pressèrent dans la crypte.

Botticelli – Simonetta Vespucci – vers 1480

Autre beauté, et celle-ci bien connue, nous venant d’un autre siècle (XVIème) : Vénus avec un organiste et Cupidon du Titien, j’en aime les tons chauds, la pause langoureuse, la quête du regard du petit organiste, quelle drôle d’idée d’avoir figuré un orgue, dix tuyaux d’orgue, dont la froideur du métal contraste avec l’éclat de la chair, mais dont la forme se rapproche bien de celle des montagnes que l’on voit au loin dans cet air chaud qui maintient en l’air des tentures pourpres, mais il s’agissait encore d’une allégorie, offerte à Charles-Quint, évoquant l’union des sens, la communion du son avec l’harmonie des formes et sans doute aussi avec le toucher. Il paraît que ce tableau fut perçu comme trop brûlant par l’empereur à qui il était destiné. Sacré Titien, toute sa vie et jusqu’à sa mort, attaché à magnifier la nudité féminine…

Titien – Vénus avec organiste et Cupidon – 1548

Une autre femme portraiturée de ce siècle est une certaine Dorothée. Certains la disent romaine, d’autres vénitienne. Elle a sa part de mystère elle aussi. Que veut dire la position de ses doigts sur la fourrure ? Une sorte de V de la victoire… Dans le luxe le plus total, elle affiche une posture qui fait penser à ce « je le vaux bien » qu’on voyait sur les affiches, un temps, de la marque L’Oréal. Ce serait, pour son auteur, Sebastiano Luciani, une façon de reconnaître implicitement qu’elle était une courtisane. Sebastiano Luciani, peintre hors pair et unanimement apprécié pour son grand talent (voir la façon dont il peint cette étole de fourrure…) reçut en remerciement de son engagement auprès du pape le titre de garde des sceaux, autrement dit des « plombs », d’où son surnom de Sebastiano del Piombo. J’apprends que ce portrait a inspiré Vladimir Nabokov pour sa célèbre nouvelle « La Vénitienne » (il figure d’ailleurs sur la couverture de l’édition Folio du recueil de nouvelles dont elle provient).

Sebastiano del Piombo – portrait d’une jeune romaine – vers 1512

Plus loin, voici Caravage. Le seul tableau de lui que possède la Galerie est cet exubérant Triomphe de l’Amour. Pour répondre à la commande qui lui est faite par un riche banquier (autour de 1600) et qui consiste à honorer le vers de Virgile « Omnia vincit amor et nos cedamus amori », (l’Amour vainc tout et nous aussi, cédons à l’amour), le grand Merisi a l’idée de représenter un simple angelot. Mais quel angelot ! Rieur et lascif, il est une invitation à l’érotisme. Toutes les lignes de son corps convergent vers son sexe et lui aussi nous fait entendre des accords de musique (pas seulement de flûte…), sans doute suave et gaie, émanant d’une viole et d’une partition exhibée portant la lettre V pour référer au généreux donateur. A côté, son ennemi intime, Baglione, enrage, lui aussi répond à cette commande mais en en prenant exactement le contre-pied : l’amour physique qu’exaltait Caravage est terrassé par un ange cuirassé (mais qui n’est pas mal de sa personne lui non plus !) censé représenter l’amour divin.

Le Caravage – L’Amour victorieux – 1601

Voici maintenant un tableau qui me remplit de détresse et de compassion, un peu comme, dans ma jeunesse, le faisait le fameux portrait de l’orlephine par Delacroix. Il s’agit du martyr de Sainte Agathe par Giovanni Tiepolo (c’est déjà le XVIIIème siècle). Sainte Agathe eut les seins coupés. Ses deux seins lui sont ici présentés sur un plat d’argent pendant qu’une amie compatissante éponge le sang de la blessure. La Sainte devenue bien pâle (on le serait à moins) autour de tous ces rouges et orangés, laisse ses yeux partir vers le ciel où elle espère trouver son sauveur. La légende veut qu’elle ait guéri de ses plaies, ce qui ne l’empêcha pas de mourir peu de temps après sous d’autres tortures. Mais suprême vengeance du ciel : une année après, il se couvrit des cendres de l’Etna. Nul doute que si j’avais connu ce tableau dans ma jeunesse il ne m’eût rempli d’un désir trouble.

Tiepolo – Le martyre de Sainte-Agathe – 1756

Nous quittons l’Italie et allons vers les contrées nordiques. Hollande et Flandres. Un saut dans le temps et l’espace mais pourtant une permanence dans un certain idéal de beauté. Est-ce cela l’idée européenne ? Chez Rembrandt, on voit par exemple un prêcheur mennonite expliquer quelque chose à sa femme docile et attentionnée. Plus encore que les visages, ce sont les mains qui attirent notre regard, notamment celle d’Anslo, le prêcheur, où l’on voit toute la force d’une intention de convaincre. Et les livres, aux pages si fines formant un volume de lumière. La main et les livres, voilà en quoi pourrait se résumer ce tableau. Livres que l’on retrouve aussi, si réalistes, sur un tableau espagnol anonyme de la même époque (vers 1640).

Rembrandt van Rijn – Portrait du prêcheur mennonite Anslo et de son épouse – 1589

Anonyme espagnol – Nature morte aux livres – vers 1640

Et inévitablement, nous rencontrons Vermeer, dont la Gemäldegalerie possède deux tableaux : La dame au collier de perles et Le verre de vin. Encore plus émerveillé de l’art de Vermeer depuis que je sais qu’il allait jusqu’à superposer treize glacis pour rendre compte très exactement de la substance qu’il peignait, comme si l’on mettait d’abord délicatement les os, puis les chairs, puis la peau, les vêtements, les dorures… Pas étonnant alors qu’il en ait fait si peu puisqu’au rythme où séchait l’huile (et sèche encore aujourd’hui), il fallait attendre des semaines voire des mois entre les couches successives. Ces toiles sont toujours aussi mystérieuses, que fait cette femme avec cet homme au milieu de ces beaux meubles ? elle a un verre à la main, il lui a versé du vin issu d’une jolie fiole en terre cuite, assez pour qu’on intitule le tableau « le verre de vin », cela rappelle la définition même de la métonymie : un détail pris pour le tout.

Johannes Vermeer – Le verre de vin – 1660

On aime aussi Franz Hals, bien sûr, en qui on peut voir un précurseur de l’impressionnisme, de Manet en particulier, ou bien de ce peintre espagnol moins connu mais dont j’ai appris l’existence aux Beaux-Arts : Sorolla. Ces peintres savent jongler avec les brosses et les pinceaux, ils prennent les plus fins pour peindre avec luxe de détails les étoffes et les dentelles et les plus gros pour sabrer à grands coups des portraits et des robes moins riches, comme dans cette Malle Babe, vieille folle sortie d’un asile qui dialogue avec un hibou, authentique symbole de la déraison. Le peintre lui-même était sensible à l’internement psychiatrique puisque c’est ce que dut subir son propre fils. Rien à voir au premier coup d’œil avec cette petite fille à la robe richement brodée dans les bras de sa nourrice, qui devait sans doute être la fille d’un notable commanditaire du tableau.

Franz Hals – Malle Babe – vers 1635

Et puis un tour par les paysages de Hollande, comme ce magnifique étang gelé où virevoltent les patineurs (« il patinait merveilleusement / s’élançant impétueusement / … »). Très beau reflet du soleil sur la surface de glace, effet de profondeur créé par le rapetissement des silhouettes avec les arbres dépouillés qui se répondent d’une rive à l’autre. C’est un tableau de Aert van der Neer qui doit dater des environs de 1655. Contrairement à ce qu’on a pu croire, les hivers n’étaient pas si froids en Hollande vers ces années-là, cette vue est donc exceptionnelle.

van der Neer – Paysage d’hiver avec patineurs – vers 1655

Dans une salle pas si éloignée, on trouve Watteau et Chardin, clin d’oeil au XVIIIème siècle français. Pour le premier, des fêtes galantes bien entendu et pour le second un dessinateur qui taille un manche de bois qui porte à l’autre extrémité une craie avec laquelle il a déjà commencé un portrait en noir et blanc, ébauche de mise en abîme.

Chardin – Le dessinateur (détail) – 1737

On rencontre bien peu de femmes dans les musées, surtout ceux des siècles anciens. Je veux dire bien sûr : de femmes peintres, car pour ce qui est de modèles… nous avons l’embarras du choix et nous en avons vu déjà un grand nombre, qu’elles se nomment Dorothée, Simonetta, Lucrezia ou Nicolosia, alors c’est un coup de tonnerre quand on en rencontre une, ici Anna Dorothea Therbush, née (en 1721) et morte (en 1762) à Berlin, une « locale » donc… qui s’est auto-portraiturée d’une étrange façon, elle tient à la main un monocle, sans doute grâce auquel elle perçoit mieux ses modèles, si réaliste qu’on croirait un trompe-l’oeil, on croirait même que l’objet s’est fiché dans la toile à la manière d’un clou qu’on n’aurait pas réussi à enlever. Cette dame un peu austère a peint une jeune femme habillée de ce qu’on appelle même en allemand, un « négligé », dévoilant avec grâce et légèreté un sein d’un blanc perlé. Chair potelée rose, arrondis des joues et des épaules, le soyeux de la peau en continuité avec la douceur de la soie. Là encore, quelle maîtrise des glacis.

Anna Dorothea Therbush – Jeune femme en négligé – vers 1769

 

Au gré des salles prises dans n’importe quel ordre, toujours, on remonte, sans s’en apercevoir, le temps, et l’on va à la rencontre de Roger van der Weyden, de Petrus Christus, de Hans Holbein et de Cranach. Ce qui nous vaut encore de jolies visions de jeunes dames, cette fois très sages, de vierges offrant leur sein à de tendres joues d’enfants endormis et de Vénus aux seins très menus.

Rogier van der Weyden – Portrait d’une femme (détail) – 1435

Mais l’expression de l’art culmine à la source de la peinture à l’huile en ces siècles de Renaissance, la Vierge dans l’Eglise de Jan van Eyck. Ce tableau, relativement petit (31 cm x 13 cm), éblouit, illumine la salle où il se trouve tellement il est lumineux. Le peintre l’a voulu ainsi pour rendre hommage à la Vierge dont il dit qu’elle « dépasse en splendeur le soleil et toutes les étoiles ». Le commentaire fait judicieusement remarquer que la lumière qui se répand depuis les fenêtres, vitraux et portes n’est pas celle du soleil puisque l’orientation de la nef la ferait venir du nord, et qu’elle est donc la lumière divine. L’étonnement vient de la ligne diagonale qui relie l’enfant Jésus (vraiment minuscule comparé à sa mère!) au Christ sur la croix, raccourci d’une histoire qui devient la raison même de représenter cette Vierge dans une église.

Si l’on quitte le musée sur cette dernière vision, on en retirera l’impression d’avoir assisté à une quintessence de l’art en ces débuts de temps modernes où l’exploration du réel au moyen du pinceau paraît sans limites, où les tendances de l’esprit se mêlent encore les unes aux autres, qu’elles se réalisent dans l’art, dans la science ou dans la religion, au point notamment que l’on finirait par penser que la religion n’a été « inventée » que pour donner à l’art toute son expansion et sa raison d’être comme finalité de la vie.

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5 commentaires pour Promenade entre les tableaux de la Gemäldegalerie

  1. Claude dit :

    Merci pour ce beau billet, je reviendrai le lire entièrement.
    Belle journée !

    Aimé par 2 personnes

  2. J’adore, entre autres, le Martini (le peintre) qui semble préfigurer les grandes perspectives de Chirico.
    Quant à Sebastiano del Piombo, ce portrait de femme est un pur chef-d’œuvre.

    Rendons grâce à ce musée de Berlin (visité il y a déjà quelques années…) qui a su « réunifier » des artistes venus d’horizons différents – Vermeer ne détonne pas non plus dans le paysage. 🙂

    Aimé par 1 personne

  3. Debra dit :

    Oui, merci pour la belle visite.
    Pour Marie qui ne regarde pas son fils…
    Je crois qu’il y a une grande différence entre une femme qui tient un enfant sur ses genoux, de manière à ce que tous les deux regardent le spectateur, et une femme qui regarde son enfant, ce qui, pour le coup, exclut le spectateur de « l’action » du tableau. Comme vous avez dit, ça devait vouloir dire quelque chose sur le plan théologique, ce parti pris, et non pas tant, je crois, sur le plan psychologique, si j’ose dire.
    Mais Jésus sur les genoux de Marie, tous deux tournés vers le spectateur, est une position de majesté, et hautement théâtrale/dramatique, je trouve. Et c’est dans cette position que nous croisons le regard des deux intéressés…à égalité, pour ainsi dire. Tous les deux dans la plénitude de leur pouvoir, en quelque sorte.
    Je crois que je préfère la relative austérité du tableau de Mantegna au tableau de Bellini. Il y a une émotion contenue dans ce tableau que je ne perçois pas dans l’autre. Et puis, voir à quel point ces gens sont sérieux… on ne rigole pas ici. Est-ce que la tendresse rigole plus ? Peut-être. Dans la peinture religieuse, il y a le pour et le contre.
    Vous connaissez les nombreux livres de Daniel Arasse sur 1) Vermeer, 2) l’Annonciation, 3) l’importance théologique de la Madone Sixtine ? Arasse ne cesse de m’émerveiller par son érudition, et le plaisir qu’il m’offre pour apprécier davantage ces peintures.
    Cordialement.

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  4. Girard dit :

    Je n’ai que survolé ce dernier rédactionnel, je ile lirai à tête reposée.Mais dans ce rapide déroulé, on voyage dans l’histoire et on s’arrête, saisis par les tableaux et les deux portraits de Simonetta et de Dorothée.
    Merci pour cet invitation aux voyages.

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  5. marronbleu dit :

    Les plis cassés amidonnés de la coiffe, du portrait de femme de Rogier van der Weyden, semblables à ces nappes posées sur un autel

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