2017, l’année où …

2017, l’année où j’ai voyagé en divers endroits du monde,
où je suis allé, avec C., pour la troisième fois à l’île d’Ouessant – nous logions dans une chambre au-dessus du meilleur restaurant de l’île, nous faisions du vélo dans le vent et re-visitions les phares de la côte, au retour passions par la Pointe-du-Raz et Plogoff, ce qui nous faisait nous souvenir des luttes anti-nucléaires des années quatre-vingts et nous dormîmes à Brest…

Ouessant

2017, l’année où j’ai encore été invité dans plusieurs universités, Nancy, Montpellier, Paris 7, Rome… l’année où, à Montpellier, j’ai parlé des rapports entre langage et mathématiques, à Nancy, des conversations insolites, à Paris, du rôle de la conversation dans la découverte des pulsars, à Rome, d’une nouvelle sémiotique…
2017, l’année où je me suis lancé dans la lecture de Hegel, surtout après avoir découvert le petit livre tellement stimulant de ce jeune philosophe, Mark Alizart (« Informatique céleste »),
2017, l’année où nous avons eu très peur pour notre petite fille, hospitalisée à Teneriffe pour une pneumonie, mais où nous l’avons retrouvée pleine de force, l’épreuve l’ayant presque grandie,
2017, l’année où je me suis proposé pour faire manger avec moi tous les midis cette même petite fille, et où, pour l’occasion, je me suis mis à lui faire une lecture orale de tout Tintin, lecture que je lui faisais déjà au téléphone quand elle était immobilisée aux Canaries – elle ne consentait à faire que le rôle de Milou,

2017, l’année où je me suis inscrit pour la troisième fois à l’Ecole des Beaux-Arts de Grenoble, cette fois en dessin (et en aquarelle) avec un professeur qui m’a fait découvrir comment manier le fusain, la craie noire, la gomme mie de pain et le carré conté…
2017, l’année où j’ai continué mes cours de chinois du mardi matin avec Fan Ping, et où Fan Ping a changé de coiffure, optant pour une coupe résolument courte, cheveux en brosse, pour mieux ressembler à son héroïne favorite, une chanteuse d’opéra traditionnel,
2017, l’année où j’ai visité à Rome une splendide exposition Picasso (des années 1915-1925), à Grenoble une belle exposition des dix dernières années de Kandinsky, au Centre Pompidou, une exposition inattendue des oeuvres de Cy Twombly, à Martigny, une exposition intitulée « Le chant de la terre » dédiée à Paul Cézanne,

2017, l’année où j’ai découvert l’oeuvre du peintre lyonnais Jacques Truphémus, présentée par son ami Charles Juliet,
2017, l’année où j’ai invité Charles Juliet à venir nous rendre visite dans notre petit village de la Drôme Provençale et où il a accepté (cela aura lieu le 31 mars),

Charles Juliet

2017, l’année où j’ai rencontré les écrivain(e)s André Bucher, Laurence Nobécourt, Pierrette Fleutiaux, Alain Wagneur, Annette Wieviorka dont certains m’étaient déjà connus : en fait, seul Alain Wagneur ne m’était pas connu au préalable, il venait parler de son livre bouleversant : « Des milliers de places vides » (Actes Sud) lors de notre rencontre consacrée à l’exil et à la Shoah et ce n’est que plus tard que j’ai découvert ses talents d’auteur de polars (à la librairie « Actes Sud », justement, à Arles),
2017, l’année où j’ai participé à mon deuxième atelier d’écriture avec Laurence Nobécourt (ex-Lorette), à Dieulefit, dont les autres participants ne me laisseront pas un souvenir impérissable, contrairement au premier où l’un des participants est devenu pour moi un ami,
2017, l’année où je suis justement allé voir cet ami chez lui, à Clermont-Ferrand, et où, ensemble, nous avons découvert l’oeuvre magistrale du photographe Gregory Crewdson,

2017, l’année où je suis allé en Bretagne, près de Paimpol (à Lanleff) pour revoir un ami que je n’avais pas vu depuis longtemps (depuis qu’il a pris sa retraite dans ce village, délaissant Paris où j’avais coutume de le voir, au temps où je me déplaçais à Paris chaque semaine), et où j’ai rencontré ses ami(e)s du coin,

2017, l’année où j’ai participé à une agréable « party » dans un jardin de Nogent-sur-Marne, fin juin, où se trouvaient réunis tous mes chers amis de Paris 8 (Léa, Claire, Laurent, Anne, Lélia …), avec, le soir précédent, repas dans une guinguette,
2017, l’année où nous sommes allés à Vetroz (près de Sion) plusieurs fois, et où nous avons bu, grâce à nos amis Michèle et André, le meilleur vin blanc suisse qui soit (de l’Amigne),
2017, l’année où j’ai découvert les Editions des Lisières, son animatrice, Maud, ses auteurs Alain Nouvel, Patrick Blanche et Laetitia Gaudefroy lors d’une rencontre que j’avais organisée à la mairie de notre petit village et où j’ai aussi découvert une autre auteure de ces éditions : l’écrivaine turque Pinar Selek (venue dans un café des Pilles pour présenter son livre, et dont l’oeuvre fut lue par le comédien Serge Peauthe),
2017, l’année où j’ai co-organisé dans notre village drômois, le 22 juillet, une « fête littéraire » où j’avais invité les amis Alain Nouvel et sa compagne, Serge Peauthe, André Bucher, Patrick Olivier-Elliott (auteur de livres érudits sur la Provence) mais où je me suis fait rabrouer par un des invités (l’écrivain Yves Bichet) parce que… la machine à café était en réparation, puis par une co-organisatrice parce que je n’avais pas été assez présent lors des préparatifs. Où j’ai fait quand même de belles rencontres, incluant un fantastique lecteur (et écrivain), une animatrice d’association locale (d’animation du Haut-Nyonsais) et un chargé de mission au Parc Naturel Régional des Baronnies,

2017, l’année où j’ai vu 2666 à la MC2 de Grenoble, spectacle de 12 heures, mise en scène de Julien Gosselin sur le roman de Roberto Bolaño,
2017, l’année où, au Festival d’Avignon, j’ai vu l’Antigone de Satoshi Miyagi et « la maison d’Ibsen », mis en scène par Simon Stone,

Ibsen huis

2017, l’année où j’ai vu « Tartuffe » au théâtre de la Porte Saint-Martin, avec Michel Bouquet,
2017, l’année où quelques uns de mes écrivains préférés ont publié : Patrick Modiano, ses « Souvenirs dormants », Jean-Marie Le Clézio, « Alma », Charles Juliet, « Gratitude » (tome 9 de son journal), Peter Handke, « essai sur le fou de champignons » (pas encore lu), Haruki Murakami, « Des hommes sans femme », Jean-Philippe Toussaint, « Made in China »,
2017, l’année ou j’ai lu « Le garçon sauvage » de Paolo Cognetti, « Le chat » de Natsume Soseki (en sautant beaucoup de pages…), « Franza » d’Ingeborg Bachmann, « L’enfant qui mesurait le monde »  de Metin Arditi, « Loli, le temps venu » de Pierrette Fleutiaux, « Aquarium » de David Vann, « Dans la forêt » de Jean Hegland, « Le silence même n’est plus à toi » de Asli Erdogan, « Sur les chemins noirs » de Sylvain Tesson, « Quelle sorte de créature sommes-nous » de Noam Chomsky, « L’ordre du jour » d’Eric Vuillard, « Une histoire des loups » d’Emily Fridlund, « Comment vivre en héros » de Fabrice Humbert, « Tout homme est une nuit » de Lydie Salvayre et d’autres encore que j’ai oubliés,
2017, l’année où j’ai reçu en cadeau de Noël le magnifique volume de Jean-Philippe Toussaint : « MMMM », réunion des quatre romans du cycle de Marie Madeleine de Montalte que j’ai déjà lus séparément mais c’est une joie de les retrouver en un seul volume, volume d’ailleurs spécial, pour lequel les Editions de Minuit ont accepté de changer leur fonte de caractère et leur présentation, avec photo bleue à l’intérieur de la couverture – pour moi, l’oeuvre de Jean-Philippe Toussaint est extrêmement jubilatoire, joyeuse, de plus elle se passe pour beaucoup dans un univers asiatique (Chine, Japon) qui m’attire profondément,
2017, l’année où j’ai échangé quelques mots avec Yannick Grannec à propos de Kurt Gödel, et avec l’écrivain suisso-turc Metin Arditi à propos de… ma belle sœur et de la vie musicale en Suisse, bien plus riche qu’en France et où Arditi m’a parlé de son grand oncle Elias Canetti, et de son lointain cousin… Arditi (Pierre),

2017, l’année où j’ai visité la Ferme aux Crocodiles et le Parc de la Tête d’Or (pour voir principalement le panda roux…),
2017, l’année où j’ai visité la Biennale d’Art contemporain de Lyon et où j’ai trouvé bizarres tous ces environnements mêlant le son et le volume,
2017, l’année où j’ai vu au cinéma quelques beaux films poétiques comme « Paterson » de Jim Jarmush et « Emily Dickinson » de Terence Davies,

2017, l’année où j’ai vu « After the storm » de Kore-Eda, « Visages, villages » d’Agnès Varda et JR, « La Villa » de Robert Guédiguian, « Certaines femmes » de Kelly Reichardt, tous de grands films basés sur l’émotion,
2017, l’année où j’ai découvert les séries, par le biais de celle qui me paraît excellente : « Le bureau des légendes » d’Eric Rochant, avec Jean-Pierre Daroussin, Mathieu Kassovitz et Sarah Giraudeau, fantastique histoire au sein de la DGSE, brûlante de réalisme (au point que je me suis demandé si autour de moi, ne rôdait pas quelque agent en mission, allez savoir!),

2017, l’année où je n’ai pas obtenu le prix Bernard Vergaftig,

2017, l’année où, grâce à mon ami l’apiculteur, j’ai découvert un livre extraordinaire sur la géologie de notre région, justement intitulé « Pierres de Provence », d’un certain Jean-Marie Triat, magnifiquement illustré,
2017, l’année où j’ai visité une toute petite partie du Japon (principalement le Kansai),
2017, l’année où j’ai revu le Pavillon d’Or à Kyoto, et où j’ai re-parcouru, sous la chaleur, le « chemin des philosophes »,
2017, l’année où j’ai enfin terminé « Le pavillon d’Or » de Mishima,
2017, l’année où je me suis trempé dans les onsen (à Kinosaki),
2017, l’année où j’ai exploré les splendeurs de Kobe, Himeji, Miyajima…
2017, l’année où j’ai fait le tour de Kobe en compagnie d’une grande calligraphe que j’avais rencontrée à Paris, qui s’appelle Mitsue Kanamori,
2017, l’année où C. et moi, nous avons découvert HIROSHIMA, juste soixante-douze ans après l’explosion, où nous avons difficilement retenu nos larmes devant le monuments aux enfants…

Dôme Genbaku

2017, l’année où j’ai viré à droite en votant Macron dès le premier tour des présidentielles, acte auquel je ne donnerai plus la justification de l’avoir fait « pour éviter le pire », puisqu’en fait il s’agissait bel et bien d’un vote d’adhésion…
2017, donc l’année où je me suis retrouvé à droite par envie sans doute de liquider mes déceptions à l’égard de la dénommée « gauche » qui, soit ne montrait plus grande fidélité à ses engagements, soit se sabordait en multipliant des discours de tribune auxquels on ne peut plus croire,
2017, l’année de mes contradictions puisque, « en même temps », je ne suis pas totalement d’accord avec notre président actuel (notamment à propos de la politique à l’égard des migrants).

2017, l’année où je me suis inquiété de la santé de quelques amis et de quelques membres de la famille, ce dont je m’inquiète encore,

2017, l’année où est décédé l’oncle de C., du côté de Bière, dans le canton de Vaud, et où son père a fait un très grave accident cardiaque,

2017, l’année où, pour la troisième année consécutive, nous avons pu réunir tous nos enfants (trois) et petits-enfants (six) dans notre maison du Poët, dans la Drôme, une semaine avant le vrai Noël, et où j’ai organisé pour les petits-enfants un grand jeu qui obligeait à parcourir le village dans tous les sens.

2017, l’année où j’ai eu mes septante ans (mieux quand même que « soixante-dix »).

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7 commentaires pour 2017, l’année où …

  1. Merci pour cette belle évocation de l’année écoulée. Elle me permet d’avoir un peu plus le sentiment de vous connaître. Que 2018 soit aussi riche pour vous que 2017…

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  2. Debra dit :

    Wow.. Nous sommes presque aux antipodes, là, pour beaucoup de choses…
    Un tout petit bémol, tout tout tout petit…: pour d’obscures raisons que je m’explique pas, j’espère que vous allez lire les B.D. d’Astérix à votre petite fille aussi. J’ai toujours trouvé quelque chose de très louche à Tintin… et je continue à trouver quelque chose de très louche à Tintin, et ai été très soulagée quand mes enfants s’en sont désintéressés pour aller voir ailleurs. C’est plus fort que moi.
    Ensuite, je ne voudrais pas que vous vous fustigiez ? félicitiez ? d’avoir voté à droite pour Macron, parce que… vous avez voté de gauche en votant pour Macron. Si, si, croyez-m’en. Time will tell, but time will tell…
    Bonne année, et au plaisir d’autres lectures.

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  3. girard dit :

    je te souhaite de garder longtemps cette curiosité intellectuelle, vivante et gourmande qui invite à la découverte et la rencontre

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  4. Souhaits pour toi d’une année 2018 aussi bien remplie et enrichissante que celle que tu as détaillée !

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