L’île aux murets de pierres sèches

???????????????????????????????Que faire, où aller après Naxos, l’île aux murets qui se prolongent indéfiniment. Après ces gros bourgs, au centre de l’île, au pied du sommet, le plus haut des Cyclades, là où paraît-il Zeus lui-même passa son enfance puisqu’il fallait bien que le plus puissant des dieux eût une enfance quelque part, mille mètres de hauteur, sous nos souliers légers, avec la mer tout autour, et les autres îles, dont certaines sont à peine habitées, voire pas du tout, sauf peut-être une chapelle blanche, comme ici il y en a partout, au sommet d’une colline, y vit-il un quelconque ermite ? si oui, vite, allons lui rendre visite, mais j’en doute… au village, attendre le bus sous un platane en suivant des yeux le cortège d’un enterrement, la petite vieille, morte, en son cercueil qui demeure ouvert et les vieux qui discutent, en Grec bien sûr, ce qui fait que nous n’y comprenons rien, mais on devine, ils se parlent de leurs soucis, de leurs familles, de l’ado qui ne fiche rien, des impôts qui ont augmenté et au retour, tous et toutes reparaîtront, sauf la vieille en son cercueil pardi, celle-là, on l’aura mise de côté et enfin enfermée, tous et toutes avec à la main un petit paquet , dans le papier, on devine la boule de pain, ou des biscuits peut-être, et deux ou trois vieilles s’attardent près de l’arrêt du bus, et des hommes vont s’asseoir au bistrot d’en face. Et commandent. Cafés, ouzo. Bref, que faire et où aller après Naxos, l’île des kouros, ces gros blocs abandonnés en forme de personnages géants, gisant par terre, dans les fourrés, à moitié cassés, inachevés par le sculpteur qui a fait venir le marbre des carrières proches, l’île est pleine de marbre, les chemins même qui dévalent la colline et retombent sur les villages endormis sont dallés de marbre.

???????????????????????????????Et les kouros, eux, ont glissé au long des siècles, mille sept cent before Christ. Près de l’un, une vieille a ouvert un café de plein air, plein de chats qui circulent entre les jambes, qui vend du café, des petits pots de miel, des fiasques d’huile d’olive. On marche entre les cistes et les figuiers de barbaries, le long de ces murets de pierres qui s’étirent et s’étirent, on remonte vers un château, près du village de Tsikalariou, seuls dans le maquis déserté, sorte de lande sous un soleil qui écrase, le chemin contourne le promontoire, la roche noire, les murs en ruine du kastro, doigt écorché vers le ciel brûlant.

Au loin, la ville blanche, aussi dominée par un kastro, une demeure vénitienne, des ruelles encapuchonnées, des fleurs de bougainvilliers en collier, et le prolongement d’un îlet qui porte en son sommet l’encadrement d’une porte, celle dédiée à Apollon.

Chora Naxos - Apollon (3)

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4 commentaires pour L’île aux murets de pierres sèches

  1. Jolie promenade toute marbrée et cette photo d’un homme de pierre couché (je connais Paros mais pas, Thalasshélas !, Naxos…).

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  2. Debbie dit :

    Merci pour cette petite douceur avec une pointe de nostalgie ?
    Cet été j’ai lu Lampedusa, « Le professeur et le sirène »…
    Vous êtes sûr que vous voulez revenir de Naxos ?…

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  3. Je découvre votre blog ce matin (oui je suis souvent un peu distraite…!) et j’en reste émerveillée !
    Merci de vos mots partagés et de vos photos magnifiques.

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