Noël, faites des enfants


Minie la souris – deux ans et trois mois – dit d’elle qu’elle est encore un petit bébé, ou à d’autres moments qu’elle est un « g’and ga’çon », on ne sait plus, on ne sait pas. Le fait est qu’elle admire les grands garçons et qu’elle aime bien être bébé. Mais pas que. Elle admire aussi les princesses, comme sa presque tante, qui en jette avec sa ligne svelte, ses yeux noirs et ses pas de danse (« P’incess Ma’ion »). Ses discours deviennent incroyablement cohérents, parsemés déjà de « pourquoi ? » et il faut faire attention à ce qu’on fait : tout est rapporté le soir même à sa môman, les mots malheureux qu’on a dits comme les « pa’ yotes » qu’on a données (papillottes bien sûr). Elle s’émerveille de tout, mais en même temps rien ne l’étonne, comme de recevoir en une seule soirée plus de cadeaux que dans toute une année. Son cousin Titoune est plus jeune qu’elle (de neuf mois environ), c’est un téméraire et ne craint pas les chutes. Autour de lui, tout voltige, les coupes de Champagne comme les livres laissés négligemment en bordure des petites tables. Il fait déjà « vroum vroum » avec des petites voitures, se projette en génial bâtisseur en emboîtant des briques de plastique les unes sur les autres, pendant que Minie, elle, se réjouit de donner des soins d’urgence à un chien en peluche sur une table d’opération miniature. Je n’ai jamais cru que la différence des sexes fût innée, pourtant… je n’en crois pas mes yeux : les voilà installés déjà tous les deux dans leurs rôles de futurs homme et femme…

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8 commentaires pour Noël, faites des enfants

  1. Jean-Marie dit :

    C’est effectivement surprenant : Sacha est un gamin téméraire de 4 ans 1/2, plutôt casse-cou, fan de dinosaures et d’avions qui survolent l’Afrique (le salon de ses parents 20 m² à peine), « p’tit mec » déjà fier de toutes ses « amoureuses »; Coline, sa soeur, 20 mois, est tout aussi casse-cou, tout aussi téméraire, mais se consacre à son « bébé » (ses poupées) qu’elle promène et qu’elle nourrit sans cesse. Leur mère, féministe « mauvaise mère » (voir le blog du même nom) s’était jurée de ne pas révéler, encore moins accentuer la différence des sexes… Résultat, Coline ne veut s’habiller qu’en rose fushia et Sacha; seulement comme un futur « lascar ». Simone de Beauvoir et Elizabeth Badinter auraient-elles eu tort ?

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  2. Tout est génétique, dirait un haut personnage de l’Etat !

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  3. lignes bleues dit :

    c’est mignon l’art d’être grand père (et grand mère …) 🙂 Ce soir à la télé, citons nos sources, on parle de l’utilisation du bâton chez les chimpanzés mâles qui prennent le bâton pour une matraque et les femelles qui le bercent, mais bon c’est une enquête américaine, hum serais-je un peu trop primaire ? je ne sais pas où nous en sommes des « découvertes » de Margaret Mead sur l’inversion des rôles masculin/féminin, tellement données en exemple avant de s’apercevoir qu’elles n’étaient peut-être pas très sérieuses : petit problème du côté des informateurs. Les mères et pères chimpanzés transmettent peut-être des modèles comportementaux qui n’ont rien de génétique ? enfin, plein de questions, c’est peut être pareil pour les petits humains qui au demeurant sont tout aussi mignons que leurs grands parents.

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  4. michèle dit :

    je ne sais pas : la layette est rose fushia pour les tout-petits féminins et les pulls des tout-petits masculins ressemblent à des pulls de bûcheron ; pourtant je connais des petites filles très intrépides. Le lien avec la couleur ne semble pas formel.

    Et les jeunes papas baignent, donnent le bib. les mamans conduisent pendant qu’eux cherchent le doudou sous quatre valises et trois sacs de sport.
    Où en sommes-nous des marques et des modèles ?
    Plutôt dans un absolu : non-répétition.

    J’admire les femmes qui tiennent bons, et je trouve courageux les hommes capables d’adaptation aux changements en cours.

    Je crois qu’après pas mal de violences subies par les hommes, comme en guise de rétorsion, il sera possible d’adopter des modus-vivendi : à mon avis, je ne pense pas que cela dure trente ans les hommes qui acceptent d’être pris comme des sex-toys et qui disent des femmes, c’est comme une glace à la vanille, c’est bon, mais ça ne dure pas. Donc un ne fera pas subir à autrui ce qu’il n’a pas envie de subir, par là passera le changement. Moi, je vois bien une réinvention du couple dans le respect mutuel, pas dans la loi du talion, non.

    Donc, les petitous, qu’ils jouent grands dieux, qu’ils jouent, et qu’ils aient un père et une mère à la maison, ça, cela me semblerait impératif.

    Et vous, ben, régalez-vous à les voir jouer.

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  5. Serval dit :

    On peut aussi se demander bien sûr quel est le rôle, dans cette adéquation au modèle culturel dominant, de la réaction des adultes au comportement « fille » ou « garçon » des filles et des garçons… surprise, encouragement, réprobation ? Même si cette réaction n’est pas exprimée consciemment (sans même parler de la verbaliser), elle est probablement ressentie par les enfants, ne croyez-vous pas ?
    (Et d’abord, est-ce qu’elle sait lire les cartes routières, la petite Minie ? Oups, désolé).

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  6. Lali dit :

    Ce regard tendre que vous posez, cher Alain, laisse présager de bien beaux moments à l’occasion des fêtes. Puissent celles-ci vous émerveiller!

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  7. Alain L. dit :

    Dès qu’on aborde ce sujet, on attise la discussion, bien sûr. Oui, DH, à la tête de l’état, on mise sur le « tout génétique » car c’est commode pour justifier bien des choses. La gauche a privilégié le « tout acquis » et je me situe plutôt de ce côté. Néanmoins il faut reconnaître qu’il n’existe pas de travail scientifique probant. L’enquête sur les chimpanzés racontée à la télé, qu’évoque « lignes bleues », mériterait d’être lue avec beaucoup d’attention, il y a souvent dans ce genre de travail, des biais observationnels qui ne sont pas contrôlés. De quel droit interprétons-nous un comportement d’animal? Pour être impartial, j’ai constaté aussi, depuis mes débuts dans l’art d’être grand père, une différence de traitement flagrante entre garçons et filles. Les comportements de mâle sont inconsciemment valorisés par l’entourage quand ils touchent les petits garçons, idem dans l’autre sens pour les filles. Si Titoune casse tout, on rigole, c’est bien normal, si Minnie se comporte de manière agressive, on la gronde immédiatement, une petite fille se doit d’être « gentille »… et du coup, elle l’est, bien sûr. Car c’est étonnant comme ces petits animaux semblent chercher avant tout à… nous faire plaisir!

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  8. Alain L. dit :

    PS: avant de répondre, je n’avais pas lu le commentaire de Serval, avec lequel je suis évidemment d’accord. Nul ne sait exactement ce qui se trame dans les rapports parents – enfants, ou plutôt famille – enfant, qui sont largement inconscients. Le fait est que lorsqu’on voit le résultat… on est stupéfait (et un peu gêné peut-être), Jean-Marie ne me contrarie pas, je pense.

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