Doutes

Un article, hier, dans un journal de droite (Le Figaro, pour ne pas le nommer) dit qu’un quart des enseignants-chercheurs ne sont membres d’aucun laboratoire ou équipe de recherche… Il dit aussi que cela touche principalement certaines disciplines : droit, sciences économiques, et que dans ces disciplines….les collègues préfèrent utiliser leur mi-temps en principe consacré à la recherche à des activités plus juteuses (cabinet d’avocat, rôle de consultant etc.). J’ajouterai aussi que cela se voit également chez les psychologues, qui peuvent avoir un cabinet en ville. L’information du Figaro n’est donc pas fausse…

Mon ami Pierre me signale cela et me dit : tu as vu ? Ils règlent leurs comptes.

De fait, je n’avais pas compris jusque là pourquoi l’on disait sans arrêt à la radio que les enseignants-chercheurs étaient mobilisés de gauche comme de droite… ni comment il se faisait qu’autant de juristes, pour une fois, étaient dans le coup.

Je lis ce matin dans mon hebdomadaire décidément préféré, Siné-Hebdo :

Après évaluation, les enseignants-chercheurs obtiennent désormais une note qui décide du nombre de cours qu’ils donneront. Les premiers de la classe seront ainsi quasiment dispensés d’enseignement ; les autres devront assurer, au détriment de la recherche, plus d’heures de cours. Au détriment de la recherche mais aussi, pour certains, de leur porte-monnaie. Ces nouvelles heures de cours les empêcheront de se consacrer aux affaires bien plus juteuses qu’ils mènent en dehors de la fac, tels ces juristes qui ont par ailleurs des cabinets d’avocats.

Elle y va fort, Mélissa Gruenzig… mais n’a peut-être pas tort.

Je veux bien faire grève contre un mouvement de démantèlement et de privatisation de l’enseignement supérieur et de la recherche… mais pour défendre ces gens-là… non. (A part ça, à titre indicatif, je me souviens que dans l’université de province où je fus, certain enseignant allait jusqu’à se faire facturer jusqu’à 1024 heures supplémentaires par an – savoir qu’un service d’enseignant-chercheur est de 192 heures annuelles)

Bon, je vais continuer sous peu la publication de mon carnet de Patagonie….

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3 commentaires pour Doutes

  1. totem dit :

    Ce qu’il y a de bien avec vous, c’est qu’on a toujours un son de cloche différent de la rumeur ambiante et majoritaire. Je relayais justement la « lettre des 122 » qu’un ami, prof à la Sorbonne, m’a fait passer hier. Vu sous cet angle les enseignants chercheurs semblent un peu moins vertueux que les signataires de la « lettre des 122 ».

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  2. Sarah dit :

    Elle a tout à fait raison !

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  3. michèle dit :

    Je ne peux juger ; que témoigner. Connais un enseignant-chercheur au CNRS qui est un homme droit et probe. La difficulté vient de l’absence totale de confiance que nous éprouvons dorénavant face à tout un chacun. Enseigner est à mon sens le plus beau métier du monde, un rôle de passeur, de transmetteur, de courroie de transmission ; trans-missions qui se doivent d’être de service public. Maintenant, le règne de l’argent-roi et dictateur l’emporte tant sur le reste…que…que dire alors ? Confronter les points de vue semble l’issue : en tout cas un enseignant d’IUFM devrait obligatoirement enseigner un tiers de temps face aux élèves, il resterait collé IRL. Certaines nominations du fait du Prince sont en effet scandaleuses, les élèves ont besoin face à eux de gens très compétents dans leur domaine et sur le plan moral d’une intégrité à toute épreuve, et ce n’est pas une sinécure. Parce qu’enseigner c’est transmettre son être et pas seulement son savoir.

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