Chronique du beau pays de Nicolas et de Carla (suite)

Nicolas (celui de Carla, cf. mon billet du 23 décembre) va supprimer le juge d’instruction. Madame Delmas-Marty explique, dans « le Monde » du 7 janvier, que, certes, une telle réforme peut être souhaitée à des fins d’amélioration de la procédure mais que, dans ce cas, elle doit être complétée par la garantie d’une véritable indépendance du parquet. Or, dit-elle, on en est loin et le motif non avoué de la réforme est « la méfiance à l’égard d’un juge indépendant qui ne peut pas recevoir d’injonctions du gouvernement ».

Nous vivons dans un beau pays, le pays de Nicolas et Carla, où Nicolas a déjà supprimé (de fait) le CSA afin de devenir lui-même celui qui nomme les chefs de la télé. De zélé(e)s ministres de Nicolas ont expliqué que c’était mieux comme ça, car, de toutes façons, avant aussi c’était le président de la République qui les nommait (ou sa majorité), et grâce à un tel changement, au moins on échappe à l’hypocrisie. Ah ! quel beau projet, échapper à l’hypocrisie… on pourrait aussi en ce nom supprimer plein de choses qui sont complètement hypocrites. A quoi sert un parlement si, à la fin, les lois voulues par le gouvernement sont toujours votées ? Pourquoi faire semblant qu’il y ait une justice équitable puisque, de toutes façons, à la fin, les voleurs de mobylettes sont toujours plus punis que les chefs d’entreprise indélicats ? Pourquoi maintenir une pluralité de la presse puisqu’on sait qu’en définitive, les patrons de presse reçoivent toujours des « recommandations » qui aboutissent à ce que la présentation des informations soit plus ou moins uniforme ?

Que tout serait plus simple, plus HONNETE surtout au beau pays de Nicolas et de Carla si on supprimait toutes ces institutions inutiles (et stupides).

Il y a en fait deux situations où les réformes peuvent et doivent s’appliquer. Dans la première, on l’a vu, c’est afin de supprimer des sources d’hypocrisie (le but est noble : rendre la société transparente). Mais il y en a une seconde : c’est celle où, par inadvertance sans doute, il y a un pouvoir qui échappe encore au président, alors évidemment en ce cas, supprimons-le, non par haine de l’hypocrisie, mais par souci d’efficacité et de simplicité.

Ainsi au beau pays de Nicolas et de Carla, deux vertus cardinales s’affichent : le souci de transparence et le souci d’efficacité. Qui dira que nous sommes mal gouvernés ?

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2 commentaires pour Chronique du beau pays de Nicolas et de Carla (suite)

  1. celeste dit :

    j’espère que d’autres chroniques du pays de Nicolas et Carla suivront!

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  2. jmph dit :

    Savoureux billet !
    Quand les notions de transparence et d’efficacité servent de cache-sexe à un gigantesque appétit de pouvoir, les leçons de Schopenhauer que tu évoques pour le billet suivant seraient particulièrement utiles.

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