Récit de trek – 5

Ah ! les nuits d’altitude… J’ai souvent entendu dire qu’il fallait compter les moutons pour s’endormir. Alors : 1, 2, 3, 4, 5… on s’endort et on rêve et on se réveille aussitôt pour cause de suffocation, alors : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, jusqu’à 12 cette fois et on replonge, pour remonter aussitôt et ainsi de suite… des heures durant. Au matin (magnifique, pas un nuage), je réponds à l’invitation du gardien de troupeau vu la veille : il m’offre le curd de yak (yoghourt) mêlé à de la tsampa, nous buvons ensemble du butter-tea, au goût de bouillon gras. Nous échangeons quelques mots… tourists mangpo yong ? (il y a beaucoup de touristes ? je demande), il me répond oui… Hundar-la gompa duk ma ? (il y a un temple à Hundar ?).

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Départ 9h 30. Paysage toujours splendide. Nous longeons une rivière, parfois dans les pierres et parfois dans l’herbe toujours plus verte. Au détour d’une vallée, sur la gauche : quelques pics enneigés qui n’ont même pas reçu de nom. Le paysage apparaît paisible sous ce beau ciel, et pourtant… nous apprenons par notre guide que le léopard des neiges rôde par là (moi qui croyais qu’il avait disparu, et n’était qu’une figure de légende, que l’on ne rencontrait que dans les écrits de Peter Mathiessen…). Récemment trois kaks ont été attaqués. (En d’autres lieux, notamment dans la vallée de la Markha, ce sont des moutons qui ont été saignés par les félins).

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Plus loin, un lhato, sorte de chorten, ici fraîchement restauré, qui sert à combattre les mauvais esprits, censés être effrayés entre autres par les claquements des banderoles dans le vent.

Au bout d’une heure, nous abordons le hameau de Hundar Dok (« les hauts de Hundar ? »), que nous ne traversons pas mais que nous contournons. Vingt maisons.

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[les six enfants attendant l’ouverture de l’école]

Tout le monde est aux travaux agricoles. A la sortie du village, nous passons d’abord devant une école en construction qui accueillera… six élèves. Les six élèves sont là. Ils attendent la fin des travaux. Nous payons notre écot pour une place de camping à un gardien qui nous reçoit chez lui et nous offre lui aussi la tsampa. Ils ont, lui et sa femme, les joues rouge vif des gens habitués à l’altitude. Au camp, un gamin cherche à se faire adopter, il tourne sans arrêt autour de la cuisine. Il m’appelle « mémé » (ce qui signifie « grand-père » en ladakhi !). D’une façon générale, tous les ladakhis rencontrés, et particulièrement Sarfaraz, notre guide, sont stupéfaits qu’une personne aussi âgée que moi (j’ai quand même soixante ans !) fasse de tels efforts. Pensez, soixante ans, c’est l’âge du grand-père de Sarfaraz, et il nous assure que le grand-père ne songerait jamais à faire une chose pareille, il reste assis à la maison et se fait servir. Nous lui expliquons que malheureusement, tout le monde n’est pas égal, son pauvre grand-père a dû beaucoup s’user dans sa jeunesse aux travaux rudes des champs…. Moi, j’ai juste un peu fait travailler mon cerveau… et encore.

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[demain, nous nous engouffrerons dans la gorge qui part à droite]

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Un commentaire pour Récit de trek – 5

  1. jmph dit :

    Continue, c’est splendide : tu nous fais partager presque sensoriellement, ce que C. et toi avez découvert. Bouleversant !

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